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Lorsque toutes mes larmes ont coulé, j'ai eu la sensation qu'il ne restait plus rien.

Rien, à part les voix de mes démons en train de hurler violemment.

Après avoir pleuré, je suis resté un long moment assis par terre, silencieux. Je n'ai pas pu empêcher un rictus de prendre place sur le coin de mes lèvres lorsque j'ai réalisé le contraste de bruit qu'il y avait entre ma chambre et mon crâne. C'est fou, de réaliser à quel point le silence présent entre les quatre murs de ma chambre est lourd, apaisant, et agréable, alors que dans ma tête, se baladant entre plusieurs de mes cellules nerveuses, les démons hurlent. J'entends sans arrêt des voix crier. Et les mots que j'entends sont souvent sombres, tout comme mon âme.

C'est difficile de profiter du silence de ma chambre. Surtout lorsque je n'arrive pas à l'entendre.

Dans un réflexe que je ne saurais expliquer, mes doigts se sont mis à pincer fermement l'intérieur de mes coudes. N'ayant pas ma lame à disposition et n'ayant pas la foi de me rendre dans la salle de bain, j'ai pensé qu'essayer d'éclater quelques vaisseaux sanguins au niveau du creux de mon coude pourrait me soulager.

Après être resté deux heures le dos contre ma porte, j'ai fini par me relever. Pas parce que j'étais inconfortable, mais parce que ma mère n'allait pas tarder à partir travailler. Et s'il y a bien une chose que je ne souhaitais pas, c'est que ma mère voit mes yeux gonflés et rouges. Alors je me suis simplement glissé sous mes draps et j'ai fermé les yeux. En fermant les yeux, plusieurs images se sont incrustées sous mes paupières. Étrangement, elles se ressemblaient toutes.

Les images de ma lame en train de déchirer chaque parcelle de peau présente de mon avant-bras jusqu'à mon poignet m'a donné plusieurs frissons. Voir le sang sortir des coupures pour venir caresser agréablement ma peau a permis à tendre tous les muscles de mon corps. Voir le liquide rouge devenir de plus en plus important m'a fait ouvrir les yeux en grand, chassant au passage toutes ces images. Sans que je ne puisse le contrôler, mes mains se sont mises à trembler et ma respiration s'est accéléré en même temps que les battements de mon coeur. J'ai presque cru faire une crise de panique, mais je ne ressentais pas la même chose que lorsque j'en faisais une. Il y avait quelque chose de différent. Et lorsque j'ai à nouveau fermé les yeux et que les images ensanglantées sont revenues sous mes paupières, j'ai compris que je faisais une crise de manque. Je l'ai compris lorsque j'ai écarquillé les yeux en me redressant, prêt à rejoindre ma salle de bain en courant. 

Mais les pas de ma mère dans l'escalier m'ont fait revoir mes plans. Je me suis à nouveau allongé silencieusement et j'ai fermé les yeux, essayant de réguler ma respiration pour faire semblant de dormir. Lorsque la porte de ma chambre s'est ouverte, je n'ai pas bougé d'un pouce. Quelques secondes après, j'ai entendu ma porte se refermer. J'en ai donc conclu que ma mère avait bien cru que je dormais. Alors, la respiration à nouveau lourde, j'ai rouvert mes yeux et j'ai essayé de les cligner le moins possible, de peur de revoir les images et de craquer.

Les mains tremblantes, j'ai récupéré mon portable dans ma poche et j'ai envoyé un message à Katsuki. À vrai dire, je ne sais pas trop pourquoi j'ai fait ça. Après ce qu'Eijiro m'a dit, je n'aurais jamais dû faire ça. La meilleure chose à faire aurait été de prendre mes distances. Mais ça me semblait impossible. Envisager le fait de ne plus parler à Katsuki, de ne plus être proche de Katsuki, de ne plus porter ses pulls, de ne plus avoir de contact avec lui ou encore de ne plus avoir ses papillons sur mes poignets me retourne l'estomac, le coeur et tout le reste.

Je ne peux pas envisager de revenir en arrière. De l'observer seulement de loin.

Je suis amoureux de lui depuis le collège, et plus les jours passent, plus je tombe amoureux.

Et Shoto m'a dit de saisir ma chance si Katsuki m'en laisser l'opportunité.

Alors pourquoi j'écouterais Eijiro ? Qui de lui ou de Shoto à raison, finalement ?

Après m'être posé un tas de questions, j'ai à nouveau ouvert la discussion avec Katsuki et mes yeux se sont à nouveau écarquillés lorsque j'ai réalisé le message que je lui avais envoyé. Mon souffle s'est coupé et un horrible nœud s'est formé au fond de mon estomac.

À ce moment-là, Katsuki n'avait pas encore répondu, mais si je savais bien une chose, c'est qu'il ne devait pas lire mon message. 

Dirty ButterflyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant