Elle sourit avec un petit air surpris. C'était la fin et elle s'en était doutée. Sa carte ne passait plus, son compte était vide depuis des semaines, son téléphone était coupé depuis des mois, elle venait de puiser dans 10 ans d'économies et maintenant c'était terminé aussi.
Quand elle le pouvait, elle squattait les ordinateurs d'une bibliothèque et répondait aux e-mails inquiets de sa famille et de sa belle-famille. Mais ses réponses devenaient de plus en plus courtes et de plus en plus espacées dans le temps. Elle en avait marre de se justifier, marre de lire qu'elle était devenue inconsciente, pour ne pas dire folle. Oui, elle aurait dû rentrer il y a un an, quand elle s'était retrouvée projetée sur le goudron. Oui, elle aurait dû mais bizarrement tout son être refusait de partir. Elle était restée quelques jours à Chicago puis très vite elle savait qu'elle n'aurait aucun répit tant qu'elle n'aurait pas retrouvé son mari. Elle savait que ce n'était plus lui et il fallait qu'elle comprenne. Alors elle partit pour le Minnesota et décida de changer de vie.
Elle arpentait les bars, les night clubs. Elle cherchait toutes les informations possibles sur la possession, sur les démons. Elle poussa les portes des églises, des bibliothèques. Elle se noya dans des milliers d'informations. Elle rencontra des charlatans, découvrit de vrais spécialistes de l'occulte, du surnaturel. Elle se mit à arpenter les journaux à la recherche de faits divers qui la mettrait sur sa piste. Artrach. Son unique obsession. Ses recherches la conduisirent au centre James J.Hill. Le bâtiment était magnifique et d'immenses colonnes en son sein plongeaient directement le visiteur dans l'histoire. Cindy explora chaque étage, sous prétexte d'être une étudiante, elle demanda l'accès à certaines collections, se montra patiente, rusée autant que menteuse, mais réussit souvent, quitte à explorer d'autres librairies, l'université de Minneapolis Elle plongea dans toutes les légendes qui existaient mais n'était-il qu'un roi irlandais ? Elle traquait désormais le démon et pourtant c'est lui qui la trouva.
Au coeur de la bibliothèque chauffée elle n'imaginait pas qu'elle serait menacée. Et pourtant il vint s'assoir face à elle. En pleine recherches, elle ne leva pas les yeux, ne le remarqua même pas. Il toussota. Ses cheveux roux étaient désormais assez longs pour faire une queue de cheval. Il avait taillé aussi sa barbe et portait un tee-shirt noir tout simple sous une chemise à petits carreaux verte et noire. Il était encore plus beau que dans son souvenir et semblait même plus musclé. En comparaison, elle ne ressemblait plus à la femme qu'elle avait été. Ses cheveux bruns toujours attachés en chignon vite fait, son teint pâle était presque cireux, de la couleur de ses cernes de plus en plus creusées. Elle avait maigri et portait les mêmes vêtements un peu grands qu'elle avait amené dans son sac. Parfois elle se rendait à des distributions de vêtements gratuites et prenait ce qu'on lui offrait. Aujourd'hui c'était un jean bleu délavé, un gros pull bleu marine et une immense doudoune noire. Elle ferma son livre et fut pétrifiée.
- Oui, ça fait souvent cela.
- .
- Tu me suis partout mais tu n'as rien à me dire quand tu es en face de moi ?
- Je veux récupérer mon mari.
- Essaie de trouver un exorciste mais je te préviens, je risque de le tuer, tu demanderas aux chasseurs qui ont essayé de m'exorciser à Chicago... Heureusement, jai trouvé encore mieux sans faire trop d'efforts, et dans le même hôtel, c'est amusant.
Il se pencha, retourna le livre et fit mine de lire la dernière de couverture.
- Ah ! Tu te plonges encore dans l'histoire de Munster. C'est un peu ennuyeux, je m'y connais aussi, pour y avoir vécu quelques années. C'était quand déjà ? Je ne me souviens plus ! Ah si ! Dans les années 800 ! Tellement chiante cette époque ! Et je n'étais même pas un démon, juste curieux !
- Curieux de torturer des femmes ?
- A l'époque ça ne choquait pas tant que ça, c'est plus mon homosexualité qui dérangeait papa. Enfin bref, je ne suis pas là pour parler de la famille. Ça m'a amusé quand on m'a dit qu'une jeune femme me cherchait. Je voulais vérifier si c'était toi ou une nouvelle fan ?
- Qu'est-ce que je peux faire pour que vous laissiez mon mari ?
- Ton mari est mort depuis longtemps. Ne l'attends plus. Dans tes recherches tu n'as pas appris que dès lors que je quitterais ce corps, il redeviendra humain Tu n'as pas oublié que ce corps a sauté 7 étages ??? Je te laisse imaginer dans quel état il est. Heureusement je n'ai besoin de rien de ce qui se trouve à l'intérieur, de toute manière ce n'est que de la bouillie, mais pour être honnête, jaime bien l'extérieur. Il est canon et je compte bien m'en servir encore quelques mois. Mais si ça peut te rassurer, je te ferai signe dès que ma mission sera finie. Tu pourras récupérer ta bouillie pour l'enterrer si tu veux.
-
- Bon, je crois que l'expression est : qui ne dit mot consent. Je prends ton silence pour un oui. Maintenant arrête, rentre chez toi. Ne joue pas aux chasseuses bidon. C'est mon conseil.
La bibliothécaire vint la prévenir que la bibliothèque fermait. Elle avait laissé les heures passées sans bouger. Elle n'avait aucun plan. Aucun. Elle marcha tel un automate en direction d'un parc mais la nuit était glaciale. Chaque magasin resté ouvert était un refuge bienvenu. Elle n'avait que 17 dollars en poche. De quoi manger quelques jours. Elle rechargea sa bouteille d'eau dans les wc publics. Au petit matin, elle s'écroula sur un banc.
Le bâtiment de brique rouge était son seul refuge. Il fallait qu'elle trouve un exorciste, elle avait conscience qu'elle n'y arriverait pas toute seule. Elle chercha et trouva plusieurs noms. Il lui fallait aussi de l'eau bénite. Elle avait acheté un petit calepin et avait noté différentes formules à réciter et s'apprêtait à quitter le confort des lieux quand elle tomba sur lui. Il la regarda surprit. Il ne la reconnaissait pas. Elle en profita pour baisser la tête et accélérer le pas. Quand elle fut sortie de la bibliothèque, elle ne se retourna pas mais elle sentit une main se refermer sur son bras et comprit qu'il était trop tard.
Elle se souvenait de l'agent quelle avait déjà rencontré, qui la retenait maintenant d'une main ferme. Grand. Brun. Cheveux courts. Mal rasé. Grognon.
- Maintenant on arrête les étudiantes, Sammy, vraiment ?
- Ce n'est pas une étudiante, elle est liée à Artrach !
Elle tressauta quand elle entendit son nom.
- Vous savez quoi sur lui ?
- C'est nous qui posons les questions. Vous allez nous suivre.
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Supernatural, là où tout recommence...
FanfictionElle n'est pas dans son pays, elle vient de tout perdre et le monde continue de s'effondrer quand elle découvre que son mari n'est pas mort mais est devenu un démon...