Chapitre 6

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- J'ai du nouveau.

- Quoi ?

- On peut se voir ?

- Vous êtes où ?

- Aéroport internationnal Minneapolis- Saint Paul.

- On arrive dans une heure à peu près, ne bougez pas.

Ce qu'elle fit. Elle ne sentit même pas les premières gouttes de pluie, elle ne trembla pas malgré le froid de ses vêtements trempés plaqués sur elle. Abattue. Vide. Elle ne savait plus quoi faire après ces dernières 24h. Elle avait vraiment cru atterrir à Paris puis prendre le train jusqu'à Chambéry et enfin montrer à tout le monde qu'il était là, qu'elle avait bien fait de ne pas abandonner. Ils feraient toutes les démarches administratives après avec les différentes polices. La priorité était de retrouver leur maison, leurs familles. Elle avait cru que la vie redeviendrait normale. Elle avait cru qu'ils auraient pris quelques jours pour eux, enfermés loin de toute l'agitation des premiers jours face à la joie de leur retour. Elle avait même imaginé ce qu'elle allait dire à tout le monde, pourquoi elle n'avait pu prévenir personne de leur retour, sans téléphone.
De l'hôtel, elle avait voulu appeler les inspecteurs en charge de la disparition de Fred, ses parents et puis ils avaient décidé de partir le plus vite possible. De fuir pour ne pas rester une minute de plus dans ce pays. Il l'avait bien eue.

La voix de Dean la ramena à la réalité. Ils avaient choisi le premier motel minable sur leur route et pris une chambre pour trois. La décoration semblait s'être figée depuis les années 70, mais au moins, de prime abord, les deux lits, 1 double et 1 simple, semblaient propres, les draps frais. Qu'importe si le papier peint avait des grosses fleurs orange ou si le canapé était en velours côtelé marron foncé, marron complètement défoncé. Un instant elle se dit qu'elle aurait aimé vivre à cette époque, qu'elle aurait aimé tout oublier.

- Ce n'était pas lui !

- Si ! C'était lui, il avait retrouvé ses yeux, il parlait comme lui.

- Votre mari est mort et s'il restait une étincelle de lui, dites-vous bien qu'il ne pourrait pas marcher sur ses deux jambes après une chute de plusieurs étages. Après tout ce que vous avez appris, vous auriez dû le savoir !

Cette vision la ramena à la réalité. Il avait sauté dans le vide sans un regard pour elle.

Sam lui posa une serviette dans les mains et suggéra doucement qu'elle devrait se sécher ou aller prendre une douche bien chaude.

Elle avait attendu plus d'une heure sous la pluie avant que les deux frères ne débarquent. Elle avait alors fait le récit de sa journée avec son mari. Et maintenant elle devait affronter la colère de Dean

- Vous pouvez me dire pourquoi vous me criez dessus ? Je vous ai donné des informations au sujet d'une église dans un pattelin perdu où ils devraient se rendre très bientôt pour ouvrir une soi-disant porte de l'enfer ! Alors même si j'ai été bête d'avoir de l'espoir, je ne vois pas en quoi ça vous complique les choses.

- Ils ne font rien par hasard, s'il est revenu vous voir c'est pour une bonne raison. S'il vous a donné ces informations, c'est là aussi pour une bonne raison.

Il se retourna et scruta Cindy.

- Debout !

- Quoi ?

Il s'approcha et lui arracha sa veste, son gilet. Elle se débattait sans vraiment pouvoir résister à tant de force. C'est Sam qui stoppa son geste.

- A quoi tu joues ?

- Elle a un micro, un gps, n'importe quoi ! Ils voulaient nous espionner et ils savaient qu'elle nous contacterait. Je ne vois que ça !

- Même si c'est vrai à quoi ça leur servira ? Ils ont un coup d'avance sur nous depuis très longtemps Dean !

- J'en sais rien ! Putain ! A quoi ils jouent ?

Sam se tourna vers elle.

- Tu devrais aller dans la salle de bain, enlève tes vêtements, on va se débarrasser de tout, même les sacs. On ne sait pas ce qu'il a pu faire, ajouter ou piéger. Je vais en ville t'acheter ce qu'il te faut, donne-moi ta taille. J'en ai pour quelques minutes.

Quand il revint, elle avait vidé toute l'eau chaude et se sentait de plus en plus las. Cette fois, elle baissait les bras pour de bon. Elle n'entendit pas le téléphone sonner. Quand elle sortit de la salle de bain, Sam et Dean étaient debouts, autour de la table. L'aîné envoya valser sous ses yeux sa bouteille de bière contre l'évier.

- On est baisé ! Et bien comme il faut. Il vient de nous la mettre profond !

- Calme-toi, on va trouver une solution !

- Explique-lui à madame je n'écoute personne, elle aura peut-être une solution.

Elle s'approcha, prit une chaise et choisit de s'assoir. Ce n'était sans doute pas une bonne nouvelle ce qui l'attendait.

- Il a appelé. Artrach.

- Donc il n'était pas parti

- Sans blague ! Vous y croyiez encore? Il faut vous réveiller !

- Dean ! Cest bon. Je peux voir votre main droite ?

Il ausculta la plaie à la paume et demanda une fiole argentée à son frère. Il fit couler le liquide transparent sur sa main. Elle n'avait jamais senti une telle brûlure pour une si petite coupure. Elle retira sa main à la vitesse de l'éclair. Pourtant ça ne ressemblait qu'à de l'eau.

- C'est lui qui t'a coupé ?

Il la tutoyait désormais.

- Je n'en sais rien, je me suis réveillée avec cette micro-coupure de rien du tout. C'est quoi le problème ?

- Je viens de te verser de l'eau bénite et vu ta réaction, ça confirme ce qu'il nous a dit.

- Et qu'est-ce qu'il vous a dit ?

- La clé qui ouvrirait la porte de l'enfer nest pas vraiment un objet physique. J'appellerais ça une essence qui a besoin d'un porteur. Un porteur très puissant car il doit résister sous peine d'exploser. Tout le monde ne peut être porteur, je serais sans doute pulvérisé sur le coup, Dean aussi. Un objet banal ne peut être porteur.

- Et...

- Il semblerait que tu sois porteuse.

- Quoi !

- Tu es demi-porteuse pour être exacte. Apparemment Artrach a eu peur d'être éliminé par ses propres amis démons qui ne voudraient pas que les portes soient ouvertes sans contrôle.

- Il a pris une assurance en te laissant une partie du paquet sachant que nous allions assurer la surveillance ! Bien joué !

Dean la regarda sans rien ajouter de plus. Il secoua la tête et prit sa veste avant de quitter la chambre.

- Apparemment toujours, comme il y a un lien entre toi et la personne qu'il possède, il peut partager la clé. Il a sans doute mélangé vos sangs.

- Je suis un démon ?

- Tu n'es ni un démon, ni possédée. Tu as juste quelque chose en toi. Tu ne ressens rien d'étrange ? Tu n'as pas mal quelque part ?

- Non, rien du tout. Comment on l'enlève ?

- D'après Artrach, on ne l'enlève pas sans être obligé de te tuer.

- Tuez-moi alors.

Elle le regarda droit dans les yeux mais il ne semblait pas avoir entendu car il ne leva même pas un sourcil.

- Si c'est la seule solution, tuez-moi ou je le ferais moi-même.

- Ce n'est pas si simple, si tu meurs, la clé ira à quelqu'un d'autre. Si c'est un humain, il meurt, si cest un démon il aura une arme surpuissante à sa disposition. Si c'est un objet non sacré, il explosera et alors la clé cherchera un autre porteur. Tu comprends mieux ? Elle ne disparaît pas, tant qu'elle n'a pas trouvé sa porte.

Elle ne comprenait que trop bien. Le démon s'était servi de son mari pour l'amadouer et maintenant elle devenait une cible pour beaucoup de personnes.

- Il nous a piégé. Nous ne pouvons pas te tuer, nous ne pouvons pas te laisser. Tu vas devoir venir avec nous si nous voulons te protéger jusqu'à ce que nous trouvions le moyen de se débarrasser de cette clé une fois pour toute.

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