Supernatural, là où tout recommence...

Chapitre 5

- Toujours dans cette satanée bibliothèque ? Tu pourrais au moins t'amuser un peu.

Il se tenait en face d'elle, souriant, presque charmeur.

- Tu ne dis toujours rien ?

- Ce n'est pas avec toi que je veux parler et de toute façon pour t'entendre dire la même chose, ça ne m'intéresse pas.

Elle vit ses yeux vaciller et soudain retrouva le regard qu'elle avait tant aimé.

- Mon coeur...

Quand elle entendit ces deux petits mots, son monde chavira. Elle revenait 1 an en arrière, ses yeux s'embuèrent, sa voix se cassa. Son mari était là, en face d'elle, et il était en train de lui prendre la main. Elle le suivit. Il portait un jean, un tee-shirt vert olive d'une équipe de base-ball qu'elle ne connaissait absolument pas. Il était en train de fermer sa veste, tout en marchant de plus en plus vite. Il semblait inquiet, regardant à droite et à gauche.

- J'ai une chambre un peu plus loin, je rêve de m'allonger enfin contre toi et de prendre le premier billet d'avion demain pour rentrer chez nous.

- Il faut que tu me dises absolument tout ce que tu sais, j'ai du mal à comprendre comment ton retour est possible.

- Je suis le premier étonné car d'après ses plans, j'allais mourir très bientôt. Il possède quelque chose en lui qui permet douvrir une porte mais pour cela il devait mourir. Mais au dernier moment il est parti et je me suis réveillé seul, avec ses souvenirs et surtout les miens. Tout à coup il n'était plus là et j'avais repris ma place en face de toi.

Il s'arrêta de marcher et se retourna, il venait tout juste de sortir de l'immense bâtiment public.

- Mon amour. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Je suis incapable de mettre des mots sur ce cauchemar. Je ne peux pas réfléchir. Je ne veux pas en fait. Je n'ai pensé qu'à toi... il fallait que je te retrouve le plus vite possible, que je te rejoigne. J'ai l'impression d'avoir manqué d'air depuis des mois et maintenant tout va mieux... Tu ne m'as pas abandonné. Jai cru qu'il allait te tuer, je me battais comme un lion pour qu'il ne te touche pas mais semaines après semaines j'avais l'impression de disparaître, je commençais à penser comme lui, à vouloir boire comme lui.

Il se tut et la regarda. Il lui sourit mais il savait que ça ne lui remonterait pas le moral. Il essuya la première larme qui roula sur sa joue. Il craqua lui aussi...

- Je suis un monstre... Je suis tellement désolé...

- Je n'arrive pas à y croire... Tout ce qui compte, c'est que tu sois là... On va mettre le plus de distance possible entre nous et cette histoire...

Il n'eut pas le temps de dire un mot de plus, de lui dire je t'aime, elle se jeta sur lui et le serra si fort qu'il en eut le souffle coupé, elle pleurait comme il ne l'avait jamais entendu pleurer. Tout son corps tremblait.

Le cauchemar était enfin fini. Les passants pouvaient seulement les regarder, elle s'en moquait éperdument, ils étaient là au milieu de la rue, dans les bras l'un de l'autre. Il resserra son étreinte et lui murmura un je t'aime dans le creux de l'oreille. Elle sourit.

- Je t'aime deux fois plus.

- Je t'aime à l'infini et au-delà.

C'était lui, elle le savait à ce petit jeu qui se concluait toujours par cette phrase : je t'aime à l'infini et au-delà qu'ils sétaient dit après avoir vu Toy Story.

Il poussa une mèche de ses cheveux trempés par les larmes.

- Assez pleurés pour aujourdhui mon coeur, rentrons et on pourra prendre une douche, faire notre sac et partir le plus loin possible d'ici ensemble !

Elle le suivit sans hésitation dans une magnifique chambre. Sur le chemin il avait répondu à toutes ses questions sur le démon, sur sa chute de plusieurs étages, sur la possession. Elle ne s'arrêtait pas, jusqu'à ce qu'il referme la porte de sa chambre et la plaque contre le mur. Il l'embrassa jusqu'à ce qu'aucun des deux n'aient plus d'oxygène. Ils firent l'amour sans se soucier des conséquences. Demain serait un autre jour.

A son réveil le soleil était levé depuis de nombreuses heures, elle grimaça en se redressant. Elle avait mal à la main. Elle regarda sa paume droite et découvrit une coupure. Une coupure toute petite qui avait laissé une trainée de sang, toute petite aussi.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Non, rien de grave, jai dû me couper peut-être avec un livre et je m'en rends compte seulement maintenant. Et toi, tu vas bien aujourdhui ?

Il était déjà habillé, comme la veille mais il s'était coupé les cheveux et rasé la barbe. Devant lui, le petit-déjeuner était servi.

- Je suis désolé, je ne t'ai pas attendu mais je mourrais de faim, j'ai commandé plein de choses. J'ai une carte pleine de dollars grâce à ce démon et je compte bien réserver tout de suite nos billets en première classe pour la France.

Elle avait tellement voulu le croire. Elle avait poireauté presque 6 heures à l'aéroport. Il devait juste aller retirer de l'argent avant de partir. Il l'avait embrassé, lui avait confié toutes les affaires qu'il leur restait, qui tenaient dans un maigre sac de sport, mais il n'était jamais revenu. L'avion était parti une nouvelle fois sans elle. Les questions fusèrent immédiatement, l'angoisse revint aussitôt. Que s'était-il encore passé, et si le démon était revenu ?

Elle décida de quitter l'aéroport et de reprendre une chambre au motel. Mais avant tout, elle devait les appeler.