Constater qu'il ne s'était pas fait agresser dès son entrée au loft ne suffit pas à rassurer Stiles, qui ne baissa pas sa garde une seule seconde. S'il devait souffrir, il souffrirait et ne pourrait rien y faire : ils étaient quatre, il était seul. Et même s'il se retrouvait contre un seul de ces gens, il n'aurait pas le niveau pour se défendre. Ni le réflexe. Lui, ce qu'il avait l'habitude de faire, c'était de se soumettre. Ça faisait moins mal. Ça écourtait le temps que ça durait.
Alors forcément, Stiles se dit qu'il n'était pas sorti d'affaire. Tant qu'il serait ici, en territoire quasi-inconnu, l'hyperactif serait en danger. La violence pouvait tomber à tout moment, éclairer leurs yeux de cette fureur sauvage qui l'avait marqué au fer rouge. Stiles craignait toujours autant les gens, si ce n'est plus qu'avant. Parce que maintenant, il connaissait leur vrai visage. Il savait de quoi l'humain était capable.
Néanmoins, Stiles faisait semblant et forçait quelques sourires pour... Paraître normal. Faire illusion et peut-être retarder la venue de la violence. Si ses yeux évitaient de croiser ceux des autres, il restait à l'affut de chacun de leurs mouvements. Il voulait au moins voir le premier coup avant qu'il lui soit porté.
Le pire, c'est qu'on se comportait bien avec lui. On lui parlait comme s'il était leur égal, on lui avait proposé à boire – il avait d'ailleurs eu la stupidité d'accepter –, on discutait... C'était étrange et trop calme, aux yeux de Stiles, qui fit l'effort de répondre chaque fois qu'on s'adressait à lui. Pourquoi se montrait-on gentil avec lui ? Quel était le but de cette invitation ? Il n'y avait pas besoin de chercher à le tromper : si l'on voulait quelque chose de lui, autant le lui dire. Alors non, Stiles ne se laisserait pas attendrir par l'air angélique d'Allison, le sourire chaleureux de Lydia, l'air étrangement fragile de Jackson et celui, tranquille, de Derek. Le pire, c'est qu'il ne réussit pas à profiter de l'ambiance calme et a priori détendue qu'instaurèrent au mieux ces gens. On lui expliqua qu'il était là pour que l'on fasse connaissance avec lui car ils seraient tous amenés à se revoir régulièrement. Après tout, Allison, Lydia et Jackson étaient dans la même université que lui et la brune lui exprima son détour son envie de le connaître.
- On pourrait être amenés à être amis, qui sait ? Fit-elle d'un air éternellement joyeux.
Stiles força un nouveau sourire et hocha la tête, même s'il ne le pensait pas du tout. L'amitié, ça n'existait pas. Pas avec lui. Ce n'était pas l'envie qui manquait, mais... Il n'était pas de ceux qui y avaient droit. Puis de toute manière, il ne savait pas comment faire : il était trop abîmé pour se dire qu'il le méritait et qu'il saurait les garder. Non, mieux valait rester seul. Ça, il savait faire. Au moins, si on se décevait, on ne se faisait pas de mal. Quoique Stiles y avait déjà pensé, mais il n'avait jamais sauté le pas. Il avait bien trop souffert à cause d'autrui pour accepter de s'infliger lui-même une douleur supplémentaire. Stiles était bien des choses, mais pas masochiste.
La rouquine, Lydia, prit les devants et lui demanda ce qu'il faisait avant d'arriver à l'université. Prudent mais s'imaginant qu'on ne s'intéressait pas réellement à lui, Stiles répondit vaguement qu'il avait été dans une espèce d'établissement qui faisait collège et lycée. Quelque chose loin d'ici et pas vraiment intéressant. Et lorsqu'elle lui demanda le nom de cet endroit, Stiles ne chercha pas à le lui cacher. Parce que dans sa tête, c'était un détail sans importance et que ces gens oublieraient presque aussitôt. Elle lui demanda également depuis combien de temps il était revenu en ville et, à nouveau, Stiles lui répondit. Toujours avec ce sourire de façade qui ne bernait personne. Mais Stiles était capable de se convaincre et c'était actuellement la seule chose dont il avait besoin. S'il cédait à la panique comme la dernière fois, on ne serait peut-être patient. On lui avait laissé une deuxième chance, celle de se rattraper. Et il allait la saisir, parce qu'il ne voulait énerver personne.
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Les Doigts d'Or
FanfictionUn bar. Un piano. Une rencontre. Une série de hasards qu'on aime avec une petite touche de fragilité. Une histoire d'amour possible entre un Derek en mal d'amour submergé par la solitude et un Stiles trop doux pour son bien, cachant des stigmates qu...