Chapitre 11

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Le doute n'était plus permis. Ceux qui se demandaient encore si la récurrence du nom « Stilinski » était une coïncidence cessèrent de douter au moment où le shérif monta à l'étage vérifier si le jeune homme angoissé était son fils. Leur ressemblance n'était pas extrêmement frappante, mais la réaction de Noah fut sans équivoque. Si elle était visible pour Derek et Jackson qui n'avaient pas quitté la chambre qu'occupait l'étudiant à lunettes, les loups présents à l'étage d'en-dessous l'entendaient.

- Fils, fils ! Regarde-moi. Regarde-moi, Stiles. Tout va bien, fiston...

Parce que malgré cette crise de panique qui durait, le châtain était toujours conscient. Epuisé, mais conscient. Il avait les yeux entrouverts, regardant ce père qu'il ne voyait pas vraiment... Car Stiles était là, sans vraiment l'être. Il avait basculé dans cet état étrange, un mélange de conscience limitée, de rêverie, de flou duquel il était très difficile pour lui de se dépêtrer. En étant plus en forme, peut-être qu'il y arriverait. Mais pas là, pas cette fois.

Néanmoins, la main chaude du shérif qui tenait la sienne lui faisait du bien, tout comme cette manière dont il lui caressait les cheveux. Stiles ferma les yeux. Instinctivement, il reconnaissait ces gestes, ceux de son enfance. Ces gestes qu'il n'avait jamais osé réclamer à sa sortie d'Alvan. Ces gestes qu'il avait presque oubliés, tant et si bien que ses doigts serrèrent la main de son père avec force, comme s'il avait peur qu'il s'en aille. Mais jamais il ne chercha à rouvrir les yeux, déterminé malgré lui à faire durer ce petit réconfort dont il avait tant besoin. Parce que c'était son père et qu'il avait cruellement manqué de son affection et de son soutien lorsqu'il était... En enfer. Alors oui, ici, sur ce lit, il redevenait un enfant. Un enfant qui avait peur de rouvrir les yeux et de se rendre compte qu'il n'avait plus droit à toutes ces choses dont on l'avait privé sous prétexte qu'il n'était pas assez fort pour supporter le valvaire de cette école.

Alvan laissait des traces. Qu'elles soient physiques ou mentales, elles ne disparaîtraient pas de sitôt.

L'air inquiet mais gardant au mieux la tête froide, le shérif prit son fils désormais à moitié conscient dans ses bras.

xxx

Stiles n'avait pas le front chaud. Pas de fièvre. Et pourtant, Noah ne l'avait jamais vu aussi pâle. Il l'avait amené dans cette chambre qui n'avait que bien peu changé malgré les années. Ses murs étaient toujours bleus, le bazar, toujours plus ou moins présent, parce que son hyperactif de fils ne la laissait jamais rangée. Il aimait le bazar, que chaque chose ait sa place dans le chaos ambiant. Avait-il déjà vu son appartement ? Non, pas encore, et sans doute serait-il surpris s'il y passait un jour. Car dans le petit logement étudiant de son fils, une maniaquerie maladive régnait. Rien ne dépassait jamais. Deux salles, deux ambiances.

Si Noah avait pu jeter un œil audit appartement, sans doute aurait-il commencé à se douter que quelque chose n'allait pas. Se dire qu'il avait manqué quelque chose. Mais son boulot de shérif lui prenait un temps monstrueux, tant et si bien qu'il n'avait pas vraiment eu le temps de retrouver son fils après que son long séjour à Alvan School se fut achevé. C'était tout récent et s'il avait constaté la présence d'une certaine timidité chez son garçon, il n'était pas vraiment allé plus loin. A ce moment-là, sa place était en jeu et il peinait à joindre les deux bouts. Là, les choses commençaient doucement à se calmer.

Et cet appel... Noah n'y aurait sans doute pas répondu s'il avait eu lieu quelques jours plus tôt. Le poste fonctionnait toujours en flux tendu, à tel point que le shérif avait dû enchaîner les gardes à la manière d'un médecin. Il y a une semaine, il avait engagé un jeune homme compétant qu'il connaissait déjà et qu'il avait élevé au statut d'adjoint. Jordan Parrish était une perle rare dont il ne pouvait plus se passer et qui lui avait permis aujourd'hui de se libérer pour aller voir son fils... Au loft de la meute qu'il côtoyait régulièrement.

Les Doigts d'OrOù les histoires vivent. Découvrez maintenant