Halloween - Irina

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Deux mois avant l'enlèvement.

La sonnerie, annonçant la fin des cours pour la semaine, est une douce mélodie dans nos oreilles. Deux jours de repos loin d'eux et de leurs piques insistantes. Ils n'attendent qu'une seule chose de notre part, que l'on craque. Au lycée, c'était simple, ils pouvaient nous humilier à leur guise devant tout le monde sans avoir peur des conséquences. Nous étions devenues des bêtes de foires et les autres élèves prenaient un plaisir à admirer le spectacle. Aucun d'eux n'a bougé le petit doigt. Ils ont été complices de cet enfer et tout paraissait normal. Personne n'a eu le bon sens d'agir ou encore de dire stop. Nous savions toutes les deux que, même en donnant le premier coup pour mettre fin à tout ça, les représailles auraient été dévastatrices. Ici, à la fac, ils ne sont que des nouveaux et personne ne les connaît. Ils ont réussi à humilier une fois Olivia, mais se sont calmés rapidement quand les ennuis ont commencé à venir à eux.

Comme dans pas mal de cas, la victime le reste alors que le tortionnaire gagne pratiquement toujours. Je déteste cette façon que la vie a de rendre une mauvaise justice. Un jour, ils paieront leurs actes. Un jour, le point sera tapé et ce jour-là, ils trouveront le même enfer. Quand ça arrivera, j'espère vraiment qu'ils regretteront et qu'ils supplieront la clémence jusqu'à leur mort.

— Il y en a un magasin à Saint-Michel qui vend de quoi se faire des costumes, m'annonce Olivia en marchant près de moi, jusqu'à l'arrêt de tram.

Tous les 30 octobre, une immense fête est proposée aux jeunes d'Eysines et ses alentours. Nous sommes chaque année conviées à y participer. Nous ne loupons aucune de ses soirées. Jusqu'à présent, la bande de harceleurs n'a jamais été présente. J'espère que cette année encore ce sera pareil.

La chance nous sourit cette fois, le tramway arrive au moment où nous posons le pied sur le trottoir. Les portes s'ouvrent et nous nous y engouffrons. Je perçois de l'autre côté, à travers la vitre, John. Il est debout sur la place, près de Clément, un rictus pervers se dessinant sur ses lèvres. Un frisson me parcourt le corps, jusqu'à me glacer le sang. Je maintiens son regard, alors que nous commençons à rouler. Je porte mon attention sur ma meilleure amie, une fois que notre contact se rompt. Je rejoins ma jolie blonde sur un siège et scrute le paysage défiler avant d'arriver à notre destination.

— Tu as une idée de déguisement ? me demande-t-elle.

Je reporte mon intérêt sur son minois et découvre ses yeux grands ouverts, sa tête penchée sur le côté, attendant que je lui réponde.

— Tu as une sale tronche comme ça, pouffé-je.

— Tu es juste jalouse de ma beauté, réplique-t-elle, en faisant voler ses cheveux aux vents.

Je lui fous un coup de coude en retour, puis nous nous levons quand il est déjà le moment de descendre. L'avantage d'étudier à Pey-Berland, c'est que tout est à proximité.

— Allez, viens, m'intime-t-elle en me tirant par le bras.

* * *

Le lendemain.

Je quitte précipitamment l'appartement, n'attendant pas que mon père se réveille de sa sieste du samedi. Si je peux éviter un quelconque affrontement avec lui, je n'hésite pas une seconde. Il va être trop occupé à se faire élégant pour son plan de ce soir et ne remarquera pas mon absence soudaine. Plus je suis loin de lui et mieux je me porte.

Je longe le bâtiment pour rejoins la route qui mène au quartier rempli de maisons, toutes plus belles les unes que les autres. Je me suis toujours préparée pour cette fête dans sa chambre et nous n'avons jamais voulu changer notre coutume pour rien au monde. Cela m'arrange bien qu'elle ne pose plus un pied chez moi. Je refuse de voir mon paternel la reluquer comme un gros porc. Parfois, j'aurais désiré que ce soit lui qui soit mort dans cet hôpital et pas elle. Je survivrais bien mieux sans sa présence. Ma mère me répétait souvent, avant son décès, de rester forte et de lutter contre les obstacles de la vie, la tête haute. Si elle savait ce que j'allais affronter, elle aurait plus prévenu la police qu'autre chose. Moi-même, je n'en ai pas eu le courage.

Je veux vivre TOME I - Dark RomanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant