Mercenaire - Aleksander

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Cinq ans plus tôt.

Le temps tourne et les passants défilent dans les rues de Dortmund. La journée arrive pratiquement à sa fin et les commerces commencent à fermer un par un. La météo est mauvaise et je ne serais pas étonné que la pluie se mette à tomber. Assis dans la voiture, stationnée sur un parking, nous attendons que notre contact daigne se montrer. L'info sur des skinheads nous est remontée il y a quelques jours. Plusieurs personnes noires auraient disparu ces derniers mois. Personne n'a eu l'air de s'en inquiéter jusqu'à la semaine dernière. Un homme dans les affaires et très important n'a plus donné signe de vie. La police est incapable de découvrir le moindre indice à ce sujet, alors que nous, il ne nous a fallu que deux jours pour trouver ce dont nous avions besoin. Nous devons attendre celui qui nous a engagés pour nous confirmer nos sources, après quoi, nous passerons à l'attaque. Nous sommes loin d'être des justiciers. Cependant, tant que l'on paye pour tuer des personnes, on répond présent sans aucun souci.

— Tu en veux une ? me demande Daniel en me tendant une clope.

J'en attrape une de son paquet et cale le mégot entre mes lèvres. Je me l'allume le premier et lui donne mon feu. La fumée de ce poison dévale ma gorge, puis vient s'infiltrer dans mes poumons. Je la recrache dans l'habitacle, puis expire lourdement. J'aime buter des gens, mais je désirerais retrouver ma Pologne. Je me sens toujours mieux chez moi. L'Allemagne est sympa, néanmoins, après le massacre qu'on risque de faire, on devra rapidement la quitter.

— Des nouvelles du mec ? m'interroge-t-il à nouveau.

— Non, mais il doit être là d'une seconde à l'autre. Il sait qu'on va se barrer s'il est en retard.

Au moment où je finis ma phrase, je perçois sur la grande place, face à nous, un homme vêtu d'une capuche, qui semble guetter les parages. Il paraît tendu et à l'affût d'un ennemi. Il dresse furtivement le regard vers nous, ne me laissant pas le temps de voir son visage. Il presse le pas et se dirige vers l'arrière de la voiture. Quand il pénètre à l'intérieur, mon frère dégaine son arme et le positionne sous son menton.

— Ta capuche ! ordonne-t-il d'un ton froid.

Je le scrute, lever les mains en l'air à travers le rétro, puis baisser le tissu qui cache sa tête. La peau noire d'un homme apparaît et je siffle Daniel pour qu'il range son gun.

— La ponctualité n'est pas votre fort, lui dis-je avec un anglais parfait.

À défaut de ne pas avoir appris à parler allemand, je manie à merveille la langue universelle. Un parfait avantage dans certains pays.

— Je... Excusez-moi, j'ai cru être suivi, répond-il, la voix tremblante.

Je balaye l'horizon du regard et découvre deux crânes chauves qui scrutent les alentours. Ils recherchent notre contact.

— Attachez votre ceinture, lancé-je en démarrant la voiture.

L'individu s'exécute en remontant sa capuche, puis je fais une marche arrière et quitte l'endroit. Nous roulons plusieurs minutes dans un silence. L'homme se détend légèrement, mais ça ne saurait durer. Je me gare sur le bas-côté, face à une maison. Notre contact écarquille les yeux en découvrant que c'est chez lui.

— Mais comment ? s'offusque-t-il.

— Pour être sûr que vous ne nous la mettez pas à l'envers, répondis-je.

Daniel se retourne vers lui, puis ajoute :

— Nos gars sont prévenus, si on nous piège, votre famille meurt. C'est clair ?

Je veux vivre TOME I - Dark RomanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant