Je veux vivre TOME I - Dark Romance

Désire-moi à nouveau - Irina

Plusieurs semaines sont passées depuis que l'incident s'est produit. Nous arrivons en début de mai et il ne reste qu'un mois avant que l'été ne montre le bout de son nez. J'ai l'impression que l'hiver est loin derrière moi. Que ce jour fatidique de janvier n'est qu'un lointain souvenir, pourtant il est toujours présent. Je me rappelle de chaque détail, chaque caresse, même son souffle sur ma peau. Il possède une vidéo de moi dans son lit, j'ignore s'il a exposé au monde entier ou à certaines personnes. Je suis peut-être devenue la salope qui se fait deux hommes en même temps. Je n'en sais rien.

Pour Joaquim, je n'ai pas eu d'informations sur le sort qui lui a été réservé. Les premiers jours ont été durs pour moi. Il m'était impossible de sortir de ma chambre ou de dormir profondément. Dès que des pas résonnaient de l'autre côté de la porte, la panique me gagnait. J'ai pu compter sur la belle rousse, qui m'a été d'un grand soutien. Je ne la remercierai jamais assez pour cela. Anastasia et Daniel sont toujours en voyage, rejoints par Maria depuis avant-hier.

Aleksander me fuit pour une raison qui m'est inconnue. Il ne vient ni me voir ni me parler. J'ai l'impression d'être coupable de ce qu'il s'est passé et qu'il ne me désire plus. J'ai beaucoup de peine dans ce genre de moment, mais d'après sa sœur, il veut m'offrir assez d'espace pour surmonter le choc d'avoir été salis par trois hommes en si peu de temps. Il essaie de faire les choses bien, toutefois, j'aimerais qu'il me touche à nouveau. Devoir le suivre dans l'entrepôt à chaque sortie, sans pouvoir lui parler comme d'habitude, ne m'est pas du tout agréable. Il n'a plus foi en ces hommes et refuse de me laisser seule à la maison. Le seul qui puisse encore m'approcher sans aucun souci est Julian. Cet individu qui m'est si familier, mais dont je suis incapable de me remémorer d'où.

Je me fais tourner sur la chaise de bureau de la grande pièce de réunion. Pendant que monsieur vaque à ses occupations, je me retrouve enfermée dans l'immense salle dans laquelle j'ai été emmenée pour mon premier jour dans ces lieux. L'endroit est comme dans mes souvenirs : une table ; des fauteuils ; un bar ; un bureau ; ma chaise. Si les livres de la bibliothèque mis à disposition étaient intéressants, j'aurais pu passer mes heures d'ennuis à lire. Mais feuilleter des manuels de finance en polonais, non merci. La porte s'ouvre soudainement, laissant apparaître Julian. Il arrive les bras chargés de sacs qui semblent venir d'un restaurant. Mon ventre qui gronde, m'ordonne de manger quelque chose avant que je ne sois trop épuisée pour avaler un truc. Sans un mot, il sort une barquette de pâtes au fromage, une mousse au chocolat, une bouteille d'eau. Je m'assois, impatiente de dévorer ces merveilles.

— Pourquoi est-ce qu'il y a autant de plats ? Nous ne sommes que deux, dis-je surprise.

— D'autres personnes vont arriver.

Mon cœur s'accélère à l'idée qu'Aleksander se joigne à nous. Même si je le croise très peu, j'ai l'impression de ne pas l'avoir vu depuis si longtemps. Julian prend place face à moi et attend. Après un raclement de gorge, je lui pose l'interrogation qui réclame de jaillir :

— Pourquoi m'es-tu si familier, Julian ?

En guise de réaction, j'ai le droit au silence. Il est hors de question qu'il sorte de cet endroit sans avoir répondu à mes demandes.

— C'est d'une impolitesse de ne rien dire. Alors à nouveau, est-ce que nous nous connaissons ?

Il lève ses yeux marron sur moi et hoche la tête à deux reprises.

— Qui es-tu ? soufflé-je, comme une supplication.

Il expire lourdement, puis se décide enfin à parler.

— J'ai été chargé de te suivre tous les jours. Dans la forêt, avec le chat, c'était moi. La berline dans les rues dans lesquelles tu pensais être parano. À Halloween.