Les rues de Mérignac défilent sous mes yeux. C'est comme si je n'étais jamais partie ou plutôt, on ne m'avait jamais enlevée. Le sentiment que j'éprouve actuellement est si désagréable. C'est avoir l'impression de se sentir chez soi, mais vouloir être ailleurs qu'ici. La route pour me mener à Eysines, là où est enterrée ma meilleure amie ainsi que ma mère, n'est qu'à une bonne dizaine de minutes. Dès lors que le panneau de la commune apparaît, mon cœur se serre et mes mains deviennent moites.
— Tout va bien ? m'interroge Alek, assis derrière le volant.
Non, rien ne semble aller. Je suis terrorisée, stressée, apeurée. Je commence à regretter de lui avoir demandé notre venue en France.
— Ça va, souris-je. Je ne suis pas revenu ici depuis quatre mois, ça paraît si lointain.
— Je suis là, ne t'en fais pas, moja słodka.
Sa main vient s'emparer de la mienne dans une douce chaleur. L'or de ses bagues froides ne me procurent aucune gêne, elles en sont même agréable. Par reflexe, je pause ma seconde paume sur le dessus en caressant chacune d'elles. Alek ne quitte pas la route des yeux et se retire quand il se rend compte que son contact est bien plus long que d'habitude. Pour toute réponse, mes lèvres s'étirent légèrement. Mes iris se perdent à nouveau sur l'horizon. Lorsque le véhicule prend la sortie de la voie rapide, je sais que nous sommes pratiquement arrivés à destination. J'avale tant bien que mal ma salive, tentant de garder un contrôle total sur la situation. Les murs du cimetière commencent à se dessiner devant nous, amenant certains souvenirs avec lui. Aleksander gare la voiture près du grillage. Il coupe le moteur, puis se tourne vers moi.
— Tu veux que je t'accompagne ?
Je hoche silencieusement la tête tout en quittant l'habitacle. L'air est frais en extérieur. Le ciel laisse place à des nuages gris, ce qui n'annonce rien de bon. J'inspire un grand coup, afin de me donner le courage nécessaire. Quand je passe l'entrée, je ne peux que constater qu'il n'y a personne. Les allées sont vidées de famille. Je suis d'un côté soulagée, moi qui espérais ne croiser personne de familier. Je longe les tombes positionnées sur le chemin principal. Je bifurque un peu plus loin et m'arrête soudainement. Mes yeux se plantent sur une pierre tombale. Mon pouls s'accélère, faisant revenir les souvenirs de ce jour fatidique. Elle est juste devant moi, pourtant je suis incapable d'avancer. Mes pieds sont comme cloués au sol, un mur invisible se dressant face à moi. Ma fragilité m'a conduite à opter pour de mauvaises décisions. Je me déteste pour cela.
— Pourquoi restes-tu plantée là ? m'interroge Alek en se joignant à mes côtés.
Je relève la tête vers son regard dans lequel je me perds à mainte reprise. L'expression qui me lance est tendre. J'ai de la chance que cet homme ait choisi de rentrer dans ma vie, par la manière forte.
— Suis-moi, dis-je.
Je continue de marcher, refusant de me recueillir sur la tombe d'Olivia. J'amène mon biome un peu plus loin dans les lieux. Il y a bien longtemps que je n'étais pas venue ici pour elle. Quand j'ai été en âge de m'y rendre, j'y allais souvent. Puis avec les années, j'ai délaissé les choses et je le regrette amèrement. Lorsque le visage qui dessine la pierre s'affiche, ma lumière s'éclaire à son tour. Je fais en sorte de garder ma tristesse pour ne pas me laisser submerger par les pleurs.
Elle m'avait tellement manqué.
— Bonjour, maman.
Comme s'il lisait dans mes pensées, Aleksander s'éloigne assez pour me céder un moment intime avec elle. Je m'agenouille devant elle, puis pose mes paumes sur son marbre froid. Des fleurs fanées jonchent le dessus. Des photos de sa famille sont éparpillées, mais je comprends bien que personne n'a daigné la voir. Les gens l'ont oublié au fil des années.
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Je veux vivre TOME I - Dark Romance
RomanceElle vit un enfer chaque jour en baissant la tête et en priant pour qu'il ne l'attrape pas. Pourtant, tapi dans l'ombre, un homme bien plus terrible prépare un plan pour la conduire dans sa prison. Une prison dorée dans laquelle la pénombre se dissi...