Une souffrance - Irina

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Trois mois et demi avant l'enlèvement.

Je voudrais être partout, sauf ici. Deux semaines se sont écoulées depuis notre premier jour et même si nous avons réussi à échapper au groupe, nous ne pourrons pas le faire éternellement. John n'a pas arrêté de m'envoyer ses piques grossières, mais aussi à ne m'appeler que par ce surnom que je déteste tant. Il le sait, mais ce connard se joue complètement de cela. Quand nous sommes sorties ensemble, il y a deux ans, tout se passait bien. Il était gentil, serviable, attentionné. Il ne me forçait pas à coucher avec lui, le contact d'un homme sur moi me répugnait à cause de mes démons, puis j'ai fini par lui en parler. Il était très à l'écoute et me comprenait. Je me suis dit que j'avais vraiment le meilleur des petits copains, qu'il serait peut-être le bon garçon pour moi.

J'avais tort.

Il a commencé par changer de jour en jour, puis de semaine en semaine, jusqu'à me faire du mal mentalement en remettant sur le tapis mon lourd passé traumatique. Il s'en jouait de façon malsaine et intensifiait les choses quand je lui lâchais un non pour une partie de jambe en l'air. J'ai fini par le quitter et quand bien même, il n'a pas balancé cela à tout le monde, il me tyrannise avec ; d'autant plus, depuis qu'il est devenu le meilleur ami de Clément. Je me dégoûte chaque fois que je repense au fait que je suis restée avec lui presque une année entière.

La porte de mon casier claque brutalement, me faisant sursauter. Derrière celle-ci se trouve la personne que je refusais de voir. Quand on parle du loup, en voilà la queue.

— Bonjour, mon ange, me salue-t-il de sa voix trop mielleuse à mon goût.

Il est avachi sur le métal de celle voisine à la mienne, les bras croisés, il me fixe de ses grands yeux noisette. Grand, brun, accentué d'un léger côté mauvais garçon et doux à la fois ; le style d'homme que j'aime. Quelque chose de trop mauvais pour ma personne se dégage de lui. Quand il est proche de moi, je me demande la raison qui m'a poussé à sortir avec lui et à l'aimer, puis j'admire son visage. En effet, ce mec est littéralement canon. Il fait tomber toutes les filles à ses pieds et pourtant, je suis la personne qu'il désire depuis longtemps. Ça lui donne envie de persister dans sa démarche pour que je revienne. Cependant, je sais qu'il ne veut que me mettre dans son lit pour avoir gain de cause. On pourra me faire croire tout et n'importe quoi, il ne m'aime pas. Quand bien même, il ne leur a pas parlé de mes confessions, il ne se gêne pas pour me le sous-entendre à travers ses piques.

— J'ai beaucoup de choses à faire, excuse-moi, annoncé-je avec un calme Olympien.

Hors de question de laisser transparaître quoi que ce soit. Surtout avec lui.

Sa main m'agrippe soudainement le poignet, me faisant reculer vers lui. Mon corps se crispe dès lors qu'il me plaque contre le casier et s'avance trop près de moi.

— Plus tu me fuis et plus ça m'excite, souffle-t-il en passant ses lèvres sur mon lobe.

Un frisson de dégoût me transperce de partout. L'odeur fruitée qui émane de son corps me répugne encore plus. Je suis tétanisée par sa présence trop proche. Je voudrais hurler, le bousculer, mais je suis trop faible pour réagir. Je garde le contrôle sur mes membres pour ne pas lui montrer ma peur. Il jubilerait trop de le savoir. Même s'il le devine, je préfère lui laisser le doute.

— John, s'il te plait, supplié-je dans un chuchotement.

Je vois ses lèvres s'étirer, mais il finit par s'écarter pour que je puisse passer. Je m'active à la marche pour retrouver Olivia, tout en tentant de calmer les battements de mon cœur qui manque de faire une crise cardiaque. Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir qu'il est derrière. Je sens sa présence où que je sois. Je sais qu'il ne me suit pas intentionnellement et qu'il va, de ce fait, dans la même direction – quoiqu'il le pourrait – mais je déteste quand ça arrive.

Je veux vivre TOME I - Dark RomanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant