Chap 12 : pdv Auréa

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   Je passais tout mon temps à étudier. Je devais avoir l'air d'une acharnée. Maman me le reprochait de plus en plus. Son regard réprobateur posé sur moi me le rappelait bien trop souvent. C'était positif d'être studieuse, mais je n'étais pas raisonnable. 

Elle savait que j'étais très appliquée pour oublier ma douleur, pour ignorer ce que je ressentais tout à fond de mon âme. Je refoulais ma tristesse, mais je ne voulais pas l'avouer à voix haute. 

Je me taisais comme si mon silence allait régler tous mes problèmes, mais cette quiétude ne résolvait rien, il ne faisait que m'enfoncer dans ma mélancolie.

Quand maman discutait avec moi pour savoir comment je me sentais, je ne souhaitais plus parler d'Aaron. Son nom était banni de ma bouche. Je ne pouvais pas prononcer son prénom sans pleurer ou sans me sentir perdue ou sans espoir. 

Pourquoi parler de lui puisqu'il ne faisait plus partie de ma vie ? Pourquoi discuter des absents ?

Je ne m'étais jamais autorisée à espérer un jour trouver l'amour, être heureuse avec quelqu'un qui ne me jugerait pas ni ne me rabaisserait. Cela avait été un doux rêve pendant si longtemps.

En pensant à Aaron, je m'étais imaginé porter une robe blanche et recevoir une bague scintillante. J'avais songé à une vie que je ne pensais pas tangible. Pourtant, je méritais d'être heureuse, tout comme les autres filles.

Maintenant, je n'étais plus sûre de rien. Je ne savais même plus si Aaron m'avait vraiment aimée. Je doutais de tout.

Pourquoi ne me téléphonait-il jamais alors qu'il acceptait de parler à Son Goku ? Pourquoi lui et pas moi ? Au fond, je m'étais toujours considérée comme sa meilleure amie. Mais ma méfiance avait tout gâché. J'avais tout fichu par terre.

Je n'avais pas osé lui dire que je tenais vraiment à lui. Maman et Edwige m'avaient pourtant assuré que j'avais agi avec maturité. Je savais que j'avais fait le bon choix de me méfier d'un garçon instable, mais je regrettais ce choix malgré tout. Maintenant que je voyais la situation avec du recul. J'aurais dû lui avouer ce que j'avais sur le cœur à l'époque.

Qui était vraiment ce garçon ? Qui était ce jeune homme imprévisible, rejetant la prise de ses médicaments ? J'avais été obligée de me protéger de lui sans comprendre ce qu'il lui arrivait.

Elles avaient eu raison de me mettre en garde, j'en avais conscience et pourtant, je regrettais son regard attentionné sur moi, sa repartie attendrissante et son sourire ravageur.

Il avait osé montrer à toute l'école qu'il tenait à moi.

Il m'avait attendu sous la pluie.

Il avait osé. Même mon père avait eu honte de moi. Aaron n'avait jamais été gêné par ma présence.

Aaron, tu te souviens de ce jour de pluie où tu m'attendais dans la cour de l'école ?

T'en souviens-tu?

Le soir, je fixais le plafond et je ne parvenais pas à m'endormir facilement. Le contenu de mes cours tournait dans ma tête inlassablement ou alors c'était l'ombre d'Aaron qui habitait mes insomnies.

Je fixais inlassablement son poster déchiré que j'avais recollé avec du scotch. J'essayais en vain de m'endormir. 

Maman passait chaque soir me dire bonne nuit. Elle voyait bien que je ne dormais plus comme avant. Elle me répétait qu'il n'y avait pas que les cours dans la vie, ni Aaron, mais ça elle se gardait bien de me le souffler.

Elle me disait que je devais continuer à me faire des amis et à sortir de la maison. Je ne devais plus m'isoler du reste du monde. Elle répétait inlassablement que j'en étais capable. Elle avait raison, mais elle oubliait que c'était Aaron qui m'avait aidée à sortir de ma coquille. L'envie n'était plus tapie en moi. Sans lui, mon existence n'avait plus la même saveur.

Certes, maman me soutenait et Edwige aussi faisait tout pour me remonter le moral. Mais avec Aaron, tout avait été différent. Il m'avait donné l'envie de prendre ma vie en main, d'être enfin moi-même, la véritable Auréa.

Je n'avais pas encore osé parler de mon objectif à maman, celui de faire mon stage dans le centre où séjournait Aaron. Secrètement, ce souhait m'aidait à me lever chaque jour.

Voilà pourquoi j'étudiais avec détermination. Je voulais réussir ma vie certes, mais surtout, je voulais le retrouver, lui.

Enfin te retrouver. 

Plus jamais seuls (TOME 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant