Chap 43 : pdv Aaron

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   Après avoir roulé sur la Stampede road, Fox me déposa au début du chemin de randonnée, non loin d'un lac nommé Eightmile. Il me contempla lorsque je chargeai sur mon dos mon énorme sac puis je resserrai mes lacets. Il était encore tôt, mais le soleil brillait déjà. Je n'en revenais pas. Il devait faire dans les 18 degrés.

-Vous habitez le coin ? demandai-je avant de m'engager sur le sentier.

-J'habite Fairbanks.

-Pourquoi m'avoir emmené jusqu'ici alors que c'était un détour pour vous ?

-Je n'ai rien d'autre à faire de mes journées.

-Merci monsieur Fox.

-J'avais envie de t'aider. Tu as une bonne tête. J'espère que tu reviendras en un seul morceau.

Je lui fis un dernier signe avant de fixer la piste qui s'élançait devant moi. J'y étais enfin. Seul face à mon avenir, seul face à mes rêves et je réalisais enfin l'un d'entre eux. J'en étais capable.

J'aurais aimé montrer ça à Son Goku ou à Auréa, les avoir à mes côtés. Ils me manquaient, mes parents aussi étonnamment. Je réalisai brusquement, qu'une fois seul tout prenait des proportions différentes. Je me sentis libre et à la fois perdu, fier et à la fois effrayé par l'inconnu.

Je fis un rapide selfie avant de m'engager sur le trail. 

Les graviers sous mes pieds crissaient et j'aimais écouter ce bruit. Je contemplai les arbres autour de moi. Ils étaient majestueux. Je me sentais à la fois protégé par eux et en même temps avalé par leur hauteur vertigineuse. Plus je m'enfonçais dans cette nature hostile, plus je m'éloignais des hommes, des villes et du bitume. La réalité se confondait avec mes songes.

Il n'y avait plus que la piste et moi, les arbres et mes pas foulants le sentier solitaire.

La piste se dégrada rapidement. De l'eau brune envahissait le chemin. Mes bâtons de randonnée m'aidaient à avancer, mais je réalisai tout à coup que la route serait très compliquée. Je le savais avant de me lancer, mais le constater de mes propres yeux me faisait réaliser que monsieur Fox avait eu raison de s'inquiéter pour moi.

Les bottines pataugeant dans la boue, je levai le nez vers le ciel.

-Auréa, j'y suis enfin, criai-je comme un dératé. Je me mis à filmer mes pas dans la boue pour pouvoir lui montrer plus tard ma progression.

-Tu entends ça Auréa ? J'y suis arrivé malgré ma maladie et mes médicaments.

Ses deux grands yeux couleur caramel se dessinèrent dans mon esprit. Elle était belle. Elle avait toujours été la plus belle à mes yeux.

Je me mis à rire tout seul tout en continuant ma route.

J'y étais arrivé.

Enfin.






Plus jamais seuls (TOME 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant