Plus jamais seuls (TOME 2)

Chap 35 : pdv Aaron

   Je continuai à marcher dans mon ancien quartier. J'avais une autre mission à accomplir qui me tenait à cœur.

Je finis par atterrir devant la fameuse supérette qui avait causé ma perte. Avec surprise, je constatai une rampe d'accès qui avait été aménagée et je me mis à sourire tout seul, enfin une réussite qui me prouvait que mon parcours n'avait pas été vain.

Je contemplai la devanture qui n'avait pas changé depuis mon arrestation. Je me revoyais acheter des chips et des bonbons avec Son Goku. Nostalgique, je restai immobile sur le trottoir à réfléchir à ce que j'étais devenu depuis cet épisode perturbant.

J'avais changé. J'espérais ne plus jamais redevenir le garçon instable qui avait saccagé le magasin de ce pauvre monsieur.

Instinctivement, je poussai la porte du drugstore. L'homme leva la tête pour me sourire et me saluer.

Je le regardai attentivement pour discerner s'il me reconnaissait ou pas. Il baissa la tête pour continuer d'écrire quelques mots sur un carnet.

Je pris des confiseries dans les rayons. Revoir l'intérieur de l'échoppe me redonna du courage. Je réalisai que j'avais vraiment fait un bond en avant. Je ne voulais plus redevenir l'adolescent perdu que j'étais. Je sentis l'émotion me submerger. J'aurais tellement voulu être avec mes amis à cet instant, Son Goku et Auréa. Sans eux, j'aurais baissé les bras. Je pensai fort à eux puis je m'avançai vers le comptoir calmement.

Allait-il me reconnaître finalement ?

Tout en déposant mes achats, je fixai le propriétaire des lieux qui encaissait mes achats sans réaliser qui j'étais.

-Vous me reconnaissez ? demandai-je après avoir payé mes commissions et laisser un gros pourboire.

Il me dévisagea puis son visage s'assombrit.

-C'est toi ? Le gamin violent qui ...

Le gamin violent.

Ces mots me froissèrent, mais je restai digne, bien droit face à lui.

-Oui, c'était moi.

-Normalement, tu n'as plus le droit de venir dans mon magasin, tu le sais ça ?

-Oui, mais j'espérais vous revoir une dernière fois pour m'excuser.

Il me fixa longuement comme pour jauger l'honnêteté de mes propos.

-Je suis désolé pour ce que je vous ai fait monsieur.

-Ce n'est pas mon meilleur souvenir.

-Je m'en doute.

-Tu vas mieux, on dirait ?

-Oui, je vais mieux. Je viens de sortir d'un centre psychiatrique.

-C'est bien, gamin.

-Acceptez-vous mes excuses ?

Je repensai à madame Héloïse qui m'avait crié dessus quelques minutes plus tôt.

-Bien sûr que je les accepte.

-Merci monsieur. J'avais besoin de ça pour mon nouveau départ.

-Je te souhaite le meilleur.

Je tournai les talons, un sourire de soulagement sur les lèvres.

-Tu défends toujours autant ton amie ?

-Je ne l'ai plus revue depuis.

-Tu as vu la rampe d'accès, j'espère ?

-Oui, directement. C'est super !

-Tu sais que, depuis que j'ai l'ai installée, ton amie vient faire ses achats ici.

-Non, je l'ignorais.

-J'ai comme l'impression qu'elle ne t'a pas oublié.

-Vous croyez ?

-Dans cette ville, il n'y a pas beaucoup de gamins qui auraient fait ce que tu as fait pour elle.

-J'aurais juste dû m'y prendre autrement.

-Tu parles d'un nouveau départ, c'est bien ça ? J'espère que tu n'oublieras pas de l'intégrer dans ta nouvelle vie. Elle le mérite.

-C'est moi qui ne la mérite pas.

-Tu as l'air d'avoir changé pourtant.

-J'essaie.

-J'ai l'impression que tu es sur la bonne voie.

-Merci monsieur pour vos encouragements.

-Je vais te dire quelque chose gamin, laisse-la décider par elle-même ce qu'elle souhaite ou pas. Ne fais pas le choix à sa place, d'accord ?

Je lui souris et sortis du magasin serein, un sourire radieux sur les lèvres.

Je plongeai la main de ma veste.

J'avais écrit une lettre pour Auréa, mais je ne pensais pas la lui remettre. La peur m'avait décidé à conserver le courrier, mais soudain, tout était clair pour moi, c'était une évidence.

Je ne pouvais pas décider pour elle. Le monsieur avait raison.

Tenant la lettre entre mes doigts, je sus où je devais aller.

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D'après vous, Aaron va-t-il enfin revoir Auréa ? Va-t-il oser se rendre chez elle ?

Merci pour vos commentaires et votre lecture assidue.