Un ciel étoilé

Chapitre 31: Confrontations

Fern regarda Théoden s'éloigner à grands pas et remonter en selle. L'après-midi était déjà bien avancé. Gandalf avait finalement fini de discuter avec Sylvebarbe. Il était temps de confronter Saroumane.

"Aux dires de mes hommes, je vous dois la vie de mon fils, et en ça je vous remercie" commença aussitôt Théoden, sans perdre de temps. "C'est Théoden le père, et non le roi, qui vous est à présent redevable. Si jamais je peux un jour faire quoi que ce soit pour vous..." Le roi hésita un instant avant de hocher la tête et de s'éloigner. Fern le rappela.

"Théoden roi !" Celui-ci se retourna, surpris.

"Vous ne me devez rien. J'ai aidé votre fils comme j'aurais aidé n'importe qui d'autre." Il haussa les épaules. "Je crois simplement qu'aucun parent ne devrait avoir à enterrer un enfant, monsieur."

Théoden hocha la tête en silence et fit mine de repartir, s'arrêtant de nouveau. Il se retourna une nouvelle fois vers Fern.

"La jument grise. Gardez la, elle est à vous. Je ne vous demanderais qu'une seule chose, prenez-en soin." Sur quoi il partit, laissant derrière lui un loup surpris.

Fern sourit, avant de se diriger lui-même vers le petit groupe de cavaliers qui commençait à se former. Il rit en voyant que Legolas était monté avec le nain sur un petit cheval alezan, Arod. L'elfe leva un sourcil, le défiant de commenter. Il hésita à mentionner le rapprochement -ici littéral- entre les deux peuples, mais Fern se contenta de hausser les épaules, l'elfe était déjà tout pardonné après qu'il eut présenté des excuses un peu plus tôt. Lui et le nain, Gimli, était toujours méfiant envers Nox mais avaient finalement accepté sa présence, comme la plupart des rohirrim. Seul le Dunedain, Aragorn, avait engagé une conversation avec l'orc au sujet de la sacoche d'herbes médicinales que celui-ci préparait. Ces derniers interrompirent d'ailleurs leur discussion en le voyant s'approcher, et l'homme leur fit un signe de la tête avant de monter sur son propre cheval, un gris pâle de la même couleur que Rafale, répondant au nom d'Hasufel. Nox se tourna vers Fern, une question dans les yeux. Ce dernier lui désigna Rafale, désormais bridé, d'un geste de la main, avant de sauter sur le dos de Rain, apercevant un instant la surprise et la joie sur le visage de l'orc. Il sourit. Jusqu'ici, cette seconde chance est une excellente idée. Petit génie que je suis. Ils se mirent en route, et Aragorn attrapa la main de Merry pour le placer devant lui, Fern optant quant à lui pour le col d'un Pippin inattentif. Bientôt, malgré les protestations du jeune hobbit, tous étaient en selle et se dirigeaient vers Orthanc. Gandalf était en tête sur Gripoil, accompagné de Sylvebarbe. Ils étaient suivis de Théoden et d'Eomer, puis du reste des compagnons. Les maréchaux de Théoden fermaient la marche avec Vifsorbier.

Ils traversèrent les ruines et contemplèrent la désolation à perte de vue. Les eaux s'étaient presque retirées. Il restait ici et là des bassins lugubres, couverts d'écume et de débris, mais la plus grande partie du large cercle était à nouveau dénudée, une étendue sauvage de boue et de roches éboulées, parsemée de trous noirs, de poteaux et de piliers penchés dans un sens ou dans l'autre. Au-delà, la vallée verte et enchevêtrée s'écoulait dans le long ravin entre les bras sombres des montagnes.

Ils suivirent ce qui restait de la route, allant lentement pour ne pas que les chevaux glissent. Ils arrivèrent rapidement au pied d'Orthanc. La roche noire brillait. Quelques éraflures, et de petits éclats près de la base, étaient les seules marques de la fureur des Ents. Sur le côté, il y avait une grande porte, élevée au-dessus du sol, et au-dessus d'elle une fenêtre ouvrant sur un balcon entouré de barres de fer. Jusqu'au seuil de la porte, il y avait une volée de larges marches, taillées dans la même pierre noire. C'était la seule entrée de la tour, mais de nombreuses fenêtres hautes étaient percées de profondes embrasures dans les murs.