Un ciel étoilé

Chapitre 24: Chi va piano, va sano...

Profondément dans la forêt de Fangorn, l'on pouvait apercevoir un gigantesque loup gris courir parmi les arbres, deux petites silhouettes agrippées sur son dos. Ses pattes frappaient le sol en cadence, sans un bruit, ne dérangeant pas une feuille sur son passage, et seule sa respiration rapide venait troubler le silence surnaturel des lieux. Arrêtant soudainement sa course, il fit halte dans une clairière, les oreilles dressées, parcourant les fourrés du regard, comme s'il s'attendait à en voir surgir un danger à tout moment. Il resta immobile un instant, dans un silence pesant, avant de se détendre en poussant un grognement. Les deux hobbits, car il s'agissait de hobbits, se laissèrent glisser à terre. Ils se tinrent côte à côte face à la bête, et l'instant d'après, c'était un jeune homme à la crinière de cendre qui se trouvait accroupi devant eux, les regardant à travers les mèches qui tombaient devant ses yeux verts, ses habits maculés de sang noir.

Fern sourit doucement.

"Hé bien Maîtres Hobbits, vous semblez avoir l'habitude de vous retrouvez dans des situations pour le moins compliquées."

Toujours estomaqués, les deux cousins gardèrent le silence. Fern soupira et s'assit en tailleur sur la mousse, son sabre posé sur les genoux. Après un instant d'hésitation, les deux hobbits se laissèrent tomber au sol à leur tour.

"Comment?" murmura Merry. Fern leva un sourcil. "Qui êtes vous? Comment êtes vous... Pourquoi..."

Pippin le coupa.

"Peu importe le pourquoi et le comment ! Je suis content que vous soyez là! Nous vous devons une fière chandelle!"

Fern rit doucement, avant de s'arrêter soudainement, la main levée, faisant signe aux hobbits de se taire. Aux aguets, il se releva en silence, et dirigea les hobbits derrière un arbre, sans un mot. Retournant sous le couvert des arbres, il fit le tour de la clairière, ses pas toujours silencieux malgré les feuilles mortes.

Un grognement précéda l'arrivée d'un Uruk dans la clairière, celui-là même qui les avait pris en chasse un peu plus tôt. Sans un bruit, Fern se glissa derrière lui, et l'Uruk s'effondra au sol, la gorge tranchée. Fern essuya sa lame et se retourna vers les hobbits, mais ceux-ci avaient disparu. Un craquement sinistre lui fit lever les yeux. A plusieurs mètres du sol, Merry et Pippin étaient retenus dans les mains d'un arbre géant, la bouche recouverte par l'écorce des doigts de la créature.

Ils s'aperçurent qu'ils avaient devant eux un visage des plus extraordinaires. Il appartenait à une grande figure ressemblant à un homme, presque à un troll, d'au moins quatre mètres de haut, très robuste, avec une grande tête et presque pas de cou. Il était difficile de dire s'il était vêtu d'un tissu semblable à de l'écorce verte et grise, ou s'il s'agissait de sa peau. En tout cas, ses bras, à une courte distance du tronc, n'étaient pas ridés, mais recouverts d'une peau brune et lisse. Ses grands pieds avaient sept orteils chacun. La partie inférieure de son long visage était recouverte d'une large barbe grise, touffue, presque rameuse à la racine, fine et moussue aux extrémités. Mais pour l'instant, les hobbits ne remarquèrent que ses yeux. Ces yeux profonds qui les observaient maintenant, lents et solennels, mais très pénétrants. Ils étaient bruns, injectés d'une lumière verte.

'C'est quoi ce truc' murmura Alexandre, ébahi.

"Un Ent" répondit Fern, émerveillé. Aussitôt, le Gaur lâcha Cyron et mit lentement un genoux à terre, les yeux rivés sur le sol devant lui, et les mains levées pacifiquement.

"Hroom, hoom. Mais qu'avons nous donc ici? Racines et brindilles? Très étrange en effet." La voix de l'Ent était grave et profonde, tandis qu'il observait les hobbits entre ses mains.