Un ciel étoilé

Chapitre 5: Mystérieux visiteur

Il ignorait combien de temps s'était écoulé depuis qu'on l'avait enfermé dans cette cellule. Il était allongé sur la couchette, les lattes lui sciant le dos. Il resta un moment à fixer le plafond, suivant des yeux les lézardes qui le parcouraient. Il s'ennuyait, et pris d'un sursaut d'énergie, il s'assit sur le bord du lit. Mauvaise idée. Une violente migraine lui prit la tête et un vertige l'envoya tout droit par terre. Il resta au sol, pantelant, incapable de faire le moindre mouvement pour se relever. Couché sur le dos, il essaya tant bien que mal de reprendre son souffle, sa vision floue et vacillante se teintant de rouge et de noir. Il cligna des yeux en tentant de se concentrer sur un point. Je dois vraiment avoir l'air d'un débile. Même lorsque tout fut de nouveau net, il resta couché là les bras en croix, sur le sol dont il sentait la fraîcheur à travers ses habits, fixant de nouveau le plafond. Et il fit le point.

Je suis normalement mort. J'aurai du être mort. J'ai atterri ici, apparemment dans un autre monde, qui me paraît bien réel pour quelque chose sorti de mon imagination.

Qu'est- ce que je fais maintenant ?

- Je m'échappe

- J'essaie de leur expliquer

- J'attends qu'il se passe quelque chose.

Il soupira. Toutes les options lui semblaient ridicules. S'échapper d'ici devait relever quasiment du suicide. Leur expliquer qu'il venait de ce qui semblait être un autre monde lui paraissait pour le moins.... compliqué. Et attendre... Vu l'espérance de vie des elfes, il pourrait bien attendre des siècles avant qu'ils ne se décident à le sortir de là.

Il entendit alors des bruits de pas qui s'approchaient de la porte de la cellule. La personne donna un coup sur les barreaux métalliques, suffisamment fort pour lui faire lever la tête.

Haldir se tenait là. L'air toujours autant inexpressif. Il fit signe au garçon d'approcher. Celui-ci grogna en laissant retomber sa tête.

"Debout."

Sale traître, si tu crois que je vais te suivre toi et ton charisme, tu peux te le mettre là où je pense, avec ton balai par exemple.

"Ne m'obligez pas à vous faire sortir de force."

Oula, mais c'est qu'il me menacerait presque le petit soldat. Il l'entendit soupirer. Première preuve d'émotion autre que du mépris. Sa patience a donc des limites. Le prisonnier hésita, après tout, il n'avait rien d'autre à faire, et contrarier les elfes une nouvelle fois lui semblait plus que stupide, bien que plutôt marrant sur le court terme. Dommage.

Il se leva donc au ralenti, forcé de s'appuyer contre le mur le temps que tout s'arrête de tourner. Haldir ouvrit la grille et lui fit signe de passer devant lui. Le jeune homme sortit aussi lentement que possible, comme à contrecœur, et il fut satisfait de voir l'agacement dans les yeux du blond. Pas si parfaits que ça les elfes.

Il l'emmena tout droit vers l'arbre dans lequel s'était déroulée la mémorable rencontre avec les souverains du royaume, mais cette fois ci, plutôt que de monter jusqu'en haut, ils s'arrêtèrent à mi-parcours, et l'elfe lui fit signe d'entrer dans une pièce, sans montrer l'intention de le suivre à l'intérieur.

"Qu'y a- t-il à l'intérieur ?"

"Quelqu'un d'important qui a eu la bonté de s'intéresser à votre cas. Entrez."

Il aurait tout aussi bien pu ne rien dire, mais il avait au moins répondu quelque chose. Et ça, c'est ce qu'on appelle un progrès. Je suis fier de toi oreilles pointues, on va bientôt pouvoir atteindre un autre niveau de conversation. Peut-être même l'humour, qui sait...

Le capitaine des elfes le poussa à l'intérieur.

Ce niveau était séparé en plusieurs pièces, fermées par des portes coulissantes et des rideaux. Le garçon se retourna vers Haldir, qui lui désigna une pièce de la tête. Il entra alors et se retrouva dans une sorte de salon.

Assis sur une banquette près d'une fenêtre, un vieil homme était assis dans un fauteuil, un bâton posé sur ses genoux, fixant le jeune homme de ses yeux bleus cachés derrière ses sourcils broussailleux.