Chapitre 29: Jour et nuit

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Perdu dans ses pensées, Fern déambulait dans les ruines de l'Isengard, les pieds dans l'eau. Ils pouvaient entendre les hobbits un peu plus loin, partis en quête des celliers de Saroumane. Les deux derniers jours avaient étés intenses, lui laissant peu de temps pour réfléchir. L'adrénaline retombée, ses pensées revinrent aussitôt. Sa principale préoccupation était la présence de Saroumane dans Orthanc. Le magicien n'était toujours pas réapparu, mais le fait de le savoir si proche lui donnait la chair de poule. Il repensa à la courte visite de Gandalf. Malgré sa discussion avec les hobbits, il devait bien avouer être étonné du retour si rapide du magicien, sans compter que celui-ci avait indéniablement changé, et pas seulement la couleur des ses vêtements. Il y avait simplement cette aura de puissance autour de lui, amplifiée depuis leur dernière rencontre. Il se demanda ce que comptait faire ce dernier avec Saroumane, et il soupira. Il aurait pu au moins partager ses plans avant de repartir au galop comme un voleur.

Ses déambulations l'avaient mené dans les ruines d'un bâtiment proche de la tour, les ruines d'un escalier de pierre s'enfonçant dans le sol. Il renifla, et ne sentit que l'odeur de la boue et de l'humidité. Haussant les épaules, il commença à descendre les marches, ses yeux s'habituant rapidement à la pénombre. Les escaliers se transformèrent rapidement en un tunnel de pierre qui s'enfonçait en pente douce, le niveau de l'eau atteignant rapidement ses cuisses. Il poursuivit en silence.

Un autre de ses problèmes remontait à Fangorn. Que s'était-il passé quand il avait bu dans ce bol? Il fronça les sourcils. Il n'était sûr que d'une chose. Il était Fern. Il était Alexandre. Et ça rendait les choses beaucoup plus compliquées. Ses souvenirs remontaient bien avant la chute de l'Eregion, et se terminaient à la dernière bataille contre Sauron. Mais il se souvenait aussi de l'odeur des crêpes de sa grand-mère et du menu du restaurant. Qui était-il exactement? Alexandre ou Fern? La seule bonne nouvelle était qu'il ne lui sembla trouver aucun souvenir manquant. Deux bonnes nouvelles en réalité, puisqu'il avait réalisé qu'avec un peu de concentration, il pouvait redonner à ses mains et ses oreilles une apparence normale. Exactement comme avant. Mais le comment et le pourquoi...Bah. Il secoua la tête. Il se torturerait plus tard.

Le couloir débouchait sur l'une des fosses d'Orthanc, l'eau devenant une cascade et tombant au fond du gouffre. Il pouvait voir le ciel au-dessus de sa tête, l'eau scintillant sous le soleil. La plupart des installations et des machines de Saroumane avaient été emportées par la force du courant. Excellent. Il longea la paroi où subsistait un réseau de passerelles en bois. Il avança prudemment, l'eau rendant les planches glissantes, certaines carrément manquantes. Il avança ainsi pas après pas vers une autre plateforme en contrebas. Il fronça les sourcils, l'endroit lui paraissant vaguement familier. Un autre tunnel s'enfonçait dans la roche. Il écarquilla les yeux. Se pourrait-il que...

Toujours lentement, il entra dans le couloir et remonta le courant, l'eau qui s'écoulait lentement sur le sol en pente douce. Il déboucha sur une salle plus vaste, rectangulaire, pavée. L'air sentait l'humidité et la rouille, et quelque chose d'autre qu'il ne put placer. L'eau lui arrivait au niveau des chevilles. Les torches sur les murs étaient éteintes, l'eau suintait du plafond.

-Plic, ploc, plic, ploc.

Un frisson lui parcourut tout le corps et ses cheveux se dressèrent sur sa nuque. Il se figea, immobile, respirant à peine, les yeux dans le vide. Suffocant, il se détourna et s'appuya contre le mur, se forçant à prendre de grandes inspirations. Il tremblait, de peur et de rage, les souvenirs refaisant surface après tout ce temps, le paralysant, l'étouffant. Il lui fallut quelques minutes pour parvenir à retrouver un rythme cardiaque normal. Fern se redressa lentement, et parcourut la pièce du regard, s'avançant au centre de celle-ci. Un bruit de toux rauque lui fit mettre la main à la garde, les oreilles aux aguets. Il fit quelques pas en direction des deux geôles.

Un ciel étoiléOù les histoires vivent. Découvrez maintenant