Les Sables du Temps - Octingenti Tome 1

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗

Rose s'écrasa sur la terrasse, suivie de Victoria. Le calme était revenu, mais une douleur atroce foudroyait sa main. Elle essaya tant bien que mal de se relever. La paume de sa main était couverte de sang, ce qui la fit paniquer. Victoria se leva à son tour et s'inspecta. Elle ne semblait pas souffrir d'un quelque mal, seulement quelques bleus et égratignures. Elle se retourna vers Rose pour s'assurer qu'elle se portait bien. Mais elle sursauta à la vue de la main de Rose. Elle s'accroupit tant bien que mal à côté de Rose, paraissant dégoûtée, et prit doucement sa main. Rose se mit à rire.

– Ma main ne va pas te manger hein, tu peux la toucher sans problème.

Victoria leva les yeux au ciel en riant. Elle l'observa, et reprit :

– J'ai vu dans un film qu'il y avait de l'eau sacrée par le dieu Thot dans chaque habitation, permettant de guérir les blessures. Il doit sûrement en avoir ici.

– Mais tu ne vas pas entrer chez des inconnus comme ça, par leur terrasse ?

– Oh, je pense que cette maison est vide. La plupart des habitants du village ont rejoint les festivités et c'est le calme plat actuellement.

Victoria se releva et se dirigea vers l'ouverture qui donnait sur une pièce de la maison. Généralement, les terrasses étaient reliées aux cuisines. Victoria jeta un coup d'œil vers l'intérieur de la maison. C'était sombre, seulement éclairé par de petites fenêtres. Elle descendit les escaliers, traversa la cuisine, et se rendit dans la salle principale. Celle-ci était presque vide, mais une jarre se tenait à côté d'une natte. Elle regarda à l'intérieur, elle était remplie d'un liquide incolore. Elle en prit un peu dans sa main, afin de vérifier que ce n'était que de l'eau. Finalement, elle prit la jarre avec elle, attrapa un bout de tissu sur le chemin, et remonta sur la terrasse.

***

Maia s'assit aux côtés de son amie Julia. Elle était très heureuse de vivre cette expérience de danseuse durant l'Égypte antique avec son ancienne amie Julia. Ça lui avait permis de renouer des liens détruits depuis trop longtemps. Mais maintenant que ces quatre garçons ne lui avaient apporté des problèmes, elle n'avait plus qu'une hâte : que tout ça se finisse, et rentrer chez elle. Matthieu prit la parole :

– Bon, on a deux objectifs : retrouver Victoria et Rose, et trouver César. Les filles nous ont sûrement planté pour leur intérêt personnel, donc elles ont dû essayer de fuir. Mais sans elles, on ne revient pas chez nous.

Julia posa ses coudes sur ses genoux et laissa tomber sa tête dans ses mains. Elle réfléchit un instant, perdue dans son monde. Un éclair de lucidité lui vint soudainement :

– Oh ! Je crois que nous avons, Maia et moi, des entrées pour le dîner où se trouvera César.

Le visage de Stan s'éclaira.

– C'est quand ?

– Ce soir, je crois.

– Mais c'est merveilleux ! On va pouvoir établir un plan.

Les amis convinrent de rejoindre le lieu de la fête rapidement, s'ils arrivent à retrouver Victoria et Rose. Maia et Julia auront pour mission d'éloigner l'Imperator du dîner, et de l'emmener dans un jardin privé. Là-bas, les amis devront le convaincre de s'entretenir avec Cléopâtre. Le plan devait absolument fonctionner.

***

Après avoir soigné la main de son amie, Victoria déclara :

– Il faut qu'on parte d'ici tant que la maison est vide.

Mais, trop tard, des bruits de pas et des voix commencèrent à se faire entendre dans l'habitation. Rose jeta un coup d'œil derrière elle, se leva et se dirigea vers le rebord de la terrasse. Victoria, toujours assise, observa son amie se forger son idée.

– Rose, si tu me dis qu'il faut sauter...

Celle-ci lui fit un clin d'œil, se baissa et passa de l'autre côté de la terrasse, se tenant d'une main au rebord de la terrasse.

– Rose ! Je ne suis pas acrobate, je ne vais pas crapahuter de toit en toit !

Rose lâcha le rebord, se laissant tomber sur le sol. Inquiète et confuse, Victoria ne fit plus un bruit. La voix de Rose retentit enfin :

– Allez Vic, ça va, c'est qu'un petit étage haha !

Victoria s'approcha lentement du bord, et se laissa tomber dans la ruelle qui bordait la maisonnette.

– Rose, c'est la dernière fois que je saute d'une terrasse ou d'un balcon.

Rose éclata de rire.

– T'inquiètes pas, la prochaine fois je te laisse en haut. »

Victoria resta figée, fronçant les sourcils, et marmonna en levant les yeux au ciel :

– Oui, bien sûr.

Et elles conclurent la discussion en riant, et en se dirigeant vers l'entrée du temple de Memphis.

***

Oscar s'éclaircit la gorge et proposa :

– Je pense qu'on devrait se séparer pour les chercher. Et on se retrouve dans une quinzaine de minutes à l'entrée du temple si on n'a rien trouvé.

Matthieu hocha la tête et continua :

– Je suis d'accord avec Oscar. Maia et Julia vont dans la ville côté ouest, Liam et moi allons dans la ville côté est, et Oscar et Stan cherchent dans le temple.

Le groupe se sépara, et ils se dirigèrent tous vers leurs directions attribuées. Décidément, Stan et Matthieu semblaient bien calculer tous leurs faits et gestes : dès qu'ils devaient séparer le groupe, ils faisaient en sorte de ne pas laisser Liam et Oscar ensemble.

***

– Tu trouves pas qu'ils viennent tout gâcher ? demanda Maia à Julia.

Julia haussa les sourcils et soupira.

– Peut-être un peu. Mais ça apporte un peu d'action au moins, dit-elle en haussant les épaules.

– Mmh, si tu veux, marmonna finalement Maia.

Maia regardait tout autour d'elle. Les festivités étaient finies, et les familles regagnaient leurs maisons. Aucune trace de Rose ou Victoria pour le moment. Quelle idée de les avoir mises toutes les deux ensemble alors qu'elles ne connaissent même pas cette Victoria ? Mais Maia connaissait vaguement Rose, donc elle pourrait la reconnaître. Dans le doute, les deux camarades interpelaient chaque duo de jeunes filles et leur demandaient quels étaient leurs prénoms. À force, elles en avaient appris beaucoup ! Elles traversaient chaque ruelle de la ville ouest, croisant peu de passants. C'est alors qu'elles aperçurent un binôme de deux filles dont l'une d'elles ressemblait fortement à Rose.

– Bon allez Maia, cette fois c'est toi qui demandes, lança Julia.
Maia se tourna brusquement vers Julia, sidérée.

– Je t'ai dit non ! Elles vont se moquer de mon accent...

– Roh, mais non, il est très bien ton accent. Et puis au pire, c'est elles qui auront tort de se moquer.

En effet, Maia venait tout droit de Pologne, et même si elle était bilingue et qu'elle parlait parfaitement bien français, son accent maternel ressortait toujours un peu. Il n'était pas très audible selon ses amis, mais elle pensait toujours qu'il s'entendait plus que lui disaient ses amis. C'était un réel complexe pour elle, à tel point qu'elle n'aimait pas parler pour la première fois à des gens. Maia jeta un coup d'œil vers le bout de la ruelle, où elles avaient aperçu les deux filles. Julia se précipita en avant et appela leurs noms.