𝐏𝐑𝐎𝐋𝐎𝐆𝐔𝐄

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Le dernier jour d'août était finalement arrivé, et Victoria déchargeait le premier sac de la voiture. Elle avait passé dix longues heures à voyager jusqu'à Antibes aux côtés de sa mère. Les cigales chantaient gaiement et le soleil rayonnait dans la cour. Une nouvelle canicule débutait, et les hautes températures avaient provoqué un choc chez Victoria. Après avoir passé seize ans à vivre dans la région parisienne, il allait être difficile pour elle de s'acclimater au climat du sud. Elle ne savait pas si elle attendait ou redoutait ce fameux moment. Cette arrivée. Ça y était, elle avait déménagé. Elle pouvait dire au revoir à la grisaille parisienne et à ses habitants aigris, mais surtout à ses amies. D'un côté, cela pouvait la rendre triste, mais d'un autre, elle allait pouvoir tout reconstruire. Sa mère paraissait joyeuse de venir vivre sur la Côte d'Azur. Elle sifflotait en déchargeant les valises de sa petite Mini Cooper, et avait passé toute la fin du trajet à admirer les sublimes paysages. Elle avait toujours adoré cet endroit, et rêvait sûrement d'y vivre depuis des années. Mais Victoria allait se sentir terriblement seule. Sa grande sœur rentrait à la fac, et elle n'avait plus aucune amie avec qui passer ses journées entières sur les quais parisiens. Sortie de sa distraction, elle soupira, remonta la bretelle de son débardeur et saisit un autre sac. La maison était charmante, tout juste la bonne taille pour deux personnes, avec un agréable jardin donnant vue sur les hauteurs du village, et une superbe piscine. Son quotidien allait radicalement changer, elle le savait. Elle ne pouvait pas le nier, comme elle l'avait fait en disant au revoir à son groupe d'amis. Mais avec ce soleil radieux et ces températures agréables, elle ne pouvait que l'adorer, voire le préférer à son ancien quotidien monotone. Elle posa le sac sur tous les autres entassés dans la pièce à vivre.

– Et voilà le dernier ! s'exclama sa mère. Tu veux aller faire un tour au village ? Il paraît qu'il est vraiment joli, et qu'il est connu historiquement.

Victoria soupira en souriant. En temps normal, elle aurait refusé et aurait préféré sortir entre amies, mais elle avait pris conscience de l'importance d'une relation mère-fille. Elle s'entendait à merveille avec sa mère, mais souhaitait entretenir cette relation plus qu'auparavant. Auparavant, quand elle ne rentrait qu'à dix-neuf heures en semaine, qu'elle sortait jusqu'à une heure du matin de temps en temps et qu'elle passait ses week-end au centre-équestre où elle montait. Ce centre-équestre lui manquera aussi. Ces longues journées passées au bord d'une carrière après une semaine intense au lycée. Elle y montait depuis toute petite avec sa grande sœur, connaissait tous les équidés du centre, avait assisté au départ et à l'arrivée de certains d'entre eux. Depuis qu'elle avait acquis une certaine dépendance, elle se permettait d'y passer ses week-ends entiers, aux côtés de ses amies du poney. En résumé, elle ne passait pas beaucoup de temps avec sa mère. Ce nouveau départ était le moment idéal pour tisser des liens plus forts. Elle était malheureuse de quitter son quotidien parisien bien-aimé, mais avait hâte d'en avoir un nouveau. Ce nouveau départ était idéal pour cela, mais aussi pour se mettre à travailler sérieusement. Elle avait à présent seize ans, et allait faire sa rentrée en première.

Les Sables du Temps - Octingenti Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant