César n'adressa pas un mot à ses légionnaires qui le suivaient. Stan lançait sans cesse des regards embarrassés à Matthieu, qui ne pouvait s'empêcher de lâcher un petit rictus. Ils descendirent les marches menant vers l'immense arche, elle-même menant au jardin. César s'arrêta net en voyant les quatre adolescents l'attendre. Il eut à peine le temps de se retourner et de dire un mot aux légionnaires que ceux-ci le poussèrent vers le jardin. Celui-ci leva les mains en l'air et clama haut et fort son innocence :
– Je n'ai rien fait, laissez-moi ! Vous n'avez pas le droit de me tuer.
– On ne va rien vous faire, le rassura Liam en levant les yeux au ciel. Nous avons besoin de votre aide.
Ils s'assirent tous ensemble, mais l'Imperator ne suivit pas le mouvement, il s'adressa à Matthieu et Stan :
– Je vous démets de votre fonction pour trahison !
Matthieu ricana :
– Peu importe, vous savez, dans deux jours nous ne serons plus là !
– Si on réussit, murmura Julia.
César finit par se détendre et déclara :
– Bien, dites-moi ce que vous désirez, qu'on en finisse.
– Imperator Iulius Caesar Divus, commença Liam, Son Altesse Cléopâtre XVII désire s'entretenir avec vous à propos du trône d'Égypte.
César, doutant de ce que venait de lui confier Liam, haussa un sourcil.
– J'espère que ce n'est pas un nouveau piège, dit-il, comment pouvez-vous me le prouver ?
Rose jeta un coup d'œil à Victoria, qui gardait la lettre confiée par Cléopâtre depuis le début. Victoria s'avança, et dénicha la lettre coincée dans sa ceinture, elle la tendit à l'Imperator qui la saisit. Il la lut rapidement, et Victoria ajouta :
– Elle vous attend à Thèbes, mais partira dans six jours si vous ne venez pas.
Enfin, il acquiesça :
– C'est entendu, mais je demande à vous y voir.
Il s'éclipsa, seul.
Les six amis se regardèrent, confus.
– Nous y voir ? s'étonna Victoria. Comment allons-nous nous rendre à Thèbes ?
– Mais c'est où, Thèbes ? s'interrogea Liam.
– C'est très loin Thèbes, si on ne passe pas par le Nil mais par le désert de Libye, finit par affirmer Stan.
Ils aperçurent Maia et Julia accourir au loin.
– Alors ? demanda Julia.
– C'est oui, mais on doit se rendre à Thèbes.
Julia fronça les sourcils.
– Thèbes ? C'est où ça encore ?
– À plus de dix-mille kilomètres, avoua Stan.
– Dix-mille ?! s'écria Liam. C'est mort, je ne fais pas dix-mille kilomètres à pied.
– Moi non plus, assurèrent Rose, Matthieu et Victoria.
– Eh bien désolé de vous l'apprendre, mais si on ne fait pas ces dix-mille kilomètres, on reste ici jusqu'à la fin de nos jours, conclut Oscar.
Cette simple phrase instaura un grand silence. Stan finit par hausser les épaules :
– Il n'a pas tort, on n'a pas vraiment le choix.
Rose enfouit son visage dans ses mains, épuisée. Un sentiment de désespoir traversa le groupe. Mais soudain, Rose se souvint de la nuit à l'auberge, et elle sortit précipitamment son visage de ses mains. Elle s'exclama :
– Mais si, je sais ! Vous vous souvenez de la nuit à l'auberge ? L'aubergiste nous avait dit qu'il pouvait organiser des trajets à dos de chameau.
– Tu penses qu'il pourra organiser un trajet aussi long ? s'interrogea Stan.
– Je pense surtout que c'était une arnaque, assura Matthieu.
– Et moi je pense que si l'on ne tente rien, on n'aura rien, conclut Rose.
Les huit camarades prirent une felouque reliant Memphis et Alexandrie le soir même, et passèrent une bonne partie de la nuit à dormir sur celle-ci. Si c'était en effet une arnaque, tout le monde allait en vouloir à Rose. Encore une fois, la traversée dura longtemps. Arrivés à Alexandrie à l'aube, ils se rendirent rapidement à l'auberge. Ahmet, l'aubergiste, se tenait toujours à l'entrée de son auberge. Il fut surpris de les revoir, et vint à leur rencontre :
– Je suis heureux de vous revoir, voulez-vous louer des chambres pour ce soir ?
– C'est très gentil de nous proposer, mais nous venons pour effectuer un trajet d'ici à Thèbes.
Ahmet rentra à l'intérieur de l'auberge et fit signe au groupe de le suivre. Il appela Denwen, son fils, qui vint aussitôt à sa rencontre. Ahmet reprit :
– Denwen, tu vas emmener ces gens à Thèbes. Vous pourrez prendre une felouque jusqu'à Badari. Là-bas, vous pourrez louer des chameaux, vous passerez par le désert de Libye, et vous arriverez, sains et saufs je l'espère, à Thèbes.
– Et en combien de jours, s'il vous plaît ? demanda Liam.
– Quatre ou cinq, s'il ne vous arrive rien.
Liam jeta un regard inquiet à ses camarades.
– Ça va le faire ?
– On ne peut que tenter, confirma Victoria.
Liam se retourna vers Ahmet et Denwen puis annonça :
– C'est d'accord, combien vous doit-on ?
– Vous verrez avec Denwen à la fin du voyage, bonne chance.
Denwen, garçon à la peau mate, aux cheveux courts et frisés et aux yeux sombres, s'adressa aux voyageurs :
– Je vais louer une felouque, préparez-vous nous partons dans une dizaine de minutes.
Le moment d'embarquer arriva finalement. Rose s'installa aux côtés de Maia, qui regardait dans le vide. Rose passa ses mains dans ses cheveux afin de les remettre derrière ses oreilles, et se tourna vers Maia.
– Ça va ? Tu m'as l'air pensive.
Maia sursauta légèrement et secoua la tête.
– Non, non ça va ! Je rêvassais haha.
Elle se gratta le cou, paraissant mal à l'aise. Il y eut un silence entre les deux jeunes filles, pendant lequel Rose observa la ville d'Alexandrie s'animer. Une question lui vint à l'esprit, et elle la posa à Maia :
– T'en penses quoi de tout ça ?
– Tout ça quoi ? Le voyage ? répondit-elle sèchement.
Rose avait l'impression de la déranger, elle déglutit et finit par reprendre :
– Nan, rien.
Elle jeta un regard à Maia.
– J'ai l'impression de te déranger, donc je te laisse tranquille.
Rose s'éloigna et alla rejoindre Victoria. Maia les regarda discuter, ses pensées lui rongeant l'esprit. Depuis le début, elle ne se sentait pas à sa place.
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Les Sables du Temps - Octingenti Tome 1
Художественная проза𝑹𝒆𝒔𝒐𝒏𝒂𝒕 𝒑𝒓𝒂𝒆𝒕𝒆𝒓𝒊𝒕𝒂. ༄ Septembre, c'est le jour de la rentrée. Victoria est une adolescente de seize ans, elle est nouvelle et ne connaît personne. Le soir même, alors qu'elle essaye de s'endormir, rien n'y fait, impossible. Elle est...