𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐕

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Victoria regardait de gauche à droite sans arrêt. Elle trottinait dans la ville, essayant de ne pas trop s'épuiser. Elle demandait aux passants qu'elle croisait s'ils n'avaient pas vu une jeune fille enlevée par deux intrus. Question bête, car ils se sont sûrement cachés. Mais il vaut mieux demander. Arrivée au port, il fallait à tout prix qu'elle trouve des légionnaires ! À nouveau, elle demandait à chaque passant qu'elle jugeait bien intentionné de lui indiquer où se trouvent les légionnaires, mais ceux-ci indiquaient tous les coins du port, et elle n'y trouvait jamais ce qu'elle cherchait. Le port était gigantesque, il y avait un grand nombre de quais, et de bateaux partant vers l'Empire Romain, ou en revenant. Des pêcheurs, des marchands qui échangeaient sous et poissons. Tout cet espace regorgeait de monde, il était très difficile d'y repérer le moindre semblant de légionnaire. Victoria fit grossièrement le tour des quais en peu de temps, toujours en demandant où pouvaient se trouver des légionnaires. Elle avait terriblement chaud, mais retrouver Rose était primordial. Elle pensait d'ailleurs que cela serait plus facile de les trouver. Épuisée et n'ayant plus d'espoir, elle s'assit sur un muret au bout du port. Elle repensa à sa pauvre amie, enlevée par des inconnus. Sa respiration s'accéléra et l'angoisse l'atteignit. Elle ne pouvait pas rester là et faire une crise de panique, il fallait à tout prix qu'elle se bouge pour chercher Rose. Mais seule, elle ne pourra pas faire grand-chose face à ses agresseurs. Alors qu'elle était perdue dans ses pensées, les larmes aux yeux, elle regardait au loin. C'est alors qu'elle vit deux silhouettes à cheval, à une cinquantaine de mètres. Elle sortit de ses pensées et couru le plus vite possible vers eux. Elle craignait tout de même de ne trouver que de simples cavaliers. Mais elle devait tenter sa chance. Miracle ! Deux légionnaires se tenaient là, sur leurs montures.

– Excusez-moi ! J'ai besoin d'aide ! leur cria-t-elle.

Celui dos à elle se retourna, la toisa puis celui face à elle descendit de son destrier.

– Mon amie a été enlevée, poursuivit Victoria, je dois à tout prix la retrouver.

Le légionnaire à terre la dévisagea, presque indifférent à la situation. Il était assez grand, aux yeux bleus rassurants, des cheveux blonds dépassaient de son casque et lui tombaient sur le visage. Il semblait jeune pour un légionnaire, il n'avait pas l'air d'avoir plus de seize ou dix-sept ans. Il paraissait inoffensif mais ne semblait pas vouloir aider Victoria. Il la désigna du menton, d'un air peu occupé.

– T'as des sous ?

Son camarade, toujours perché sur son cheval, se pencha vers lui et lui fit signe de s'approcher. Il lui murmura :

– Arrête, on n'a pas besoin de sous. Aidons-la, on n'a que ça à faire !

– Mais on fait quoi ? Je ne suis pas gendarme.

– On cherche et si on trouve pas on laisse tomber, souffla-t-il.

– Bon, si tu veux, mais ne compte pas sur moi pour faire la conversation.

– T'inquiètes pas, je le ferai.

Le blond se tourna vers Victoria, celle-ci toujours en attente d'une réponse.

– C'est d'accord, allons-y.

– Merci beaucoup, dit-elle, souriante.

Les deux jeunes hommes attachèrent leurs chevaux près des autres à l'entrée du port, laissèrent leurs casques accrochés aux selles et s'engagèrent dans la ville. Le blond annonça :

– On va commencer par fouiller les caves, les agresseurs se font souvent discrets.

En se retournant vers son camarade, il fit une moue sceptique.

– T'es con ou quoi, les agresseurs sont pas vignerons ! Pourquoi ils iraient dans des caves ? se moqua son camarade.

– Bah je sais pas, faut bien commencer quelque part. Tu veux qu'ils aillent où sinon ? rétorqua le blond.

Son camarade leva les yeux au ciel. Le blondinet partit devant, et Victoria se retrouva avec son camarade, le deuxième légionnaire. Il avait un visage rond, des cheveux bruns séparés par une raie au milieu du crâne, et des yeux bleu foncé. Il paraissait beaucoup plus avenant que son camarade. Pendant que Victoria restait dehors, les deux garçons inspectaient les caves dans la zone désignée par Victoria. Plus ça allait, moins Victoria avait d'espoir. Ils décidèrent de s'arrêter un moment pour se reposer. Le brun engagea la conversation auprès de Victoria :

– Donc tu t'appelles comment ?

– Moi c'est Victoria, et vous ?

Le brun jeta un regard discret au blond, et finit par répondre :

– Moi c'est Marcus, et mon camarade Caspar. Tu viens d'où ?

Victoria hésita un instant, ne sachant pas quoi répondre.

– D'ici, pas loin du quartier des pêcheurs. Savez-vous où se trouve César à l'heure actuelle ?

– Euh, sûrement en route vers Memphis, les festivités vont commencer.

Ils furent coupés par Caspar qui eut une soudaine illumination.

– Mais si ! Je sais où ils peuvent être : derrière la rue marchande !

Il s'empressa de saisir le bras de Marcus qui saisit à son tour celui de Victoria. Tous les trois firent le tour du quartier pour se rendre derrière la rue marchande. Arrivés, ils indiquèrent à Victoria de rester en retrait. Mais celle-ci, pleine d'espoir, ne put s'empêcher d'entrer à l'intérieur de la maison et de se rendre au-dessus des escaliers de la cave. Après tout, l'ordre « rester en retrait » n'est pas très clair : elle pouvait très bien rester en retrait de deux mètres. Caspar s'avança jusqu'à la porte. Il hésita un court instant et jeta rapidement un regard inquiet vers Marcus. Les deux légionnaires toquèrent à la porte.

– Légionnaires de l'Imperator Jules César, ouvrez.

Aucune réponse. Caspar se retourna vers Marcus et Victoria avec un sourire gêné.

– Ah bah, y'a personne ! Mince, dommage hein... On y va ?

Marcus bouscula Caspar et se jeta sur la porte pour en forcer l'ouverture. Celle-ci céda assez facilement. Les deux camarades tombèrent sur trois individus dans l'ombre, dont une fille assise contre un mur, et un jeune homme juste en face d'elle, assit également. Le troisième individu se tenait juste derrière la porte. Aucun ne parlait, et tous boudaient.

– Ah si, y'avait des gens... murmura discrètement Caspar.

Marcus indiqua à Victoria de se rapprocher et de lui confirmer qu'il s'agissait bien de son amie. Même dans l'ombre, les deux amies se reconnurent. Victoria s'exclama :

– Oui ! C'est Rose !

Rose se leva, et les deux jeunes filles se jetèrent dans les bras. Caspar, les fers dans les mains, s'empressa d'arrêter des deux jeunes hommes. Les quatre garçons sortirent de l'habitation. Caspar, sans réfléchir, plaqua les deux individus contre le mur et les fit assoir. Mais en les regardant de plus près et à la lumière, il fit un bond en arrière.

– Nan, c'est pas vrai !

Marcus se retourna brusquement et à son tour s'exclama, dans l'incompréhension :

– Liam et Oscar ?

Il fixa Caspar. Et Liam en profita :

– Attends Stan, t'oserais pas arrêter tes camarades de classe ?

– Et ton ancien ami, Matthieu ? renchérit Oscar en s'adressant à Caspar avec un sourire narquois. 

Les Sables du Temps - Octingenti Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant