𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐈𝐈𝐈

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Rose et Victoria accédèrent au palais sans difficulté. Victoria observa chaque recoin du lieu. Il était immense et impressionnant. Des sculptures et gravures ornaient les murs, arches et piliers. De longues plantes pendaient du plafond, extrêmement haut. Une rangée de sphinx en pierre bordait l'allée pavée sur laquelle marchaient les deux filles. Elles franchirent ensuite une arche menant à une cour entourée de galeries couvertes. Victoria et Rose s'engagèrent ensuite dans une vaste pièce décorée de draps pourpres et de diverses sculptures de dieux et rois en or. Une jeune femme aux traits fermés et au regard confiant se tenait sur un siège. Celle-ci sourit chaleureusement à l'arrivée des deux messagères.

– Avancez, je vous prie.

– Votre Altesse, vous nous avez demandé, annonça Rose en esquissant une révérence.

Cléopâtre acquiesça, et reprit :

– Comme vous le savez sûrement, je veux éloigner mon frère et époux Ptolémée du trône. J'ai besoin de votre aide. Vous irez au port d'Alexandrie vous renseigner sur la position de Jules César. Si César veut conquérir les terres égyptiennes, il devra m'aider à éloigner Ptolémée du trône égyptien. Vous transmettrez ce message de ma part de vive voix à César.

Cléopâtre leur confia une lettre, à garder précieusement puis à donner à César.

– Vous pouvez disposer, indiqua Cléopâtre tout en souriant aux jeunes filles.

– Bien, Votre Altesse, conclut Rose en hochant la tête.

Rose et Victoria quittèrent la salle en silence. Sorties du palais, Victoria s'extasia :

– Attends, attends, on a un message de la grande et divine Cléopâtre à transmettre à Jules César ? Le vrai Jules César ? J'en reviens pas.

Rose se mit à rire.

– C'est ça, mais dis-toi que c'était normal pour les messagères de l'époque.

Victoria regarda le ciel. C'est fou de se dire qu'il s'agit du même que celui qu'elle contemple dans son époque, des siècles après. C'est fou de se dire qu'elle, une adolescente du vingtième siècle, met les pieds sur les terres dont on raconte l'histoire à l'école depuis la primaire.

***

Les deux amies marchèrent jusqu'à Rhâkotis, village de pêcheurs au sein d'Alexandrie, dans l'espoir de trouver quelque légionnaire Romain arpentant les ruelles. Le village n'était pas immense, mais il regroupait tout de même une dizaine de ruelles. Elles avaient traversé toutes les ruelles mais il n'y avait que des civils. Le soleil brûlait leur peau. Désespérée, Victoria lança à Rose en tapant dans un caillou :

– Il n'y a pas la trace d'un maudit légionnaire !

– Tu ne veux pas aller vers le port ? Si on reste ici, on ne croisera que des marchands.

– Oui, bah ici ce sont les marchands et là-bas ce seront les pêcheurs, râla Victoria.

Rose fit un sourire amusé et reprit :

– Qui ne tente rien n'a rien. Arrête de te plaindre.

– C'est vrai, mais ça fait quand même loin.

– Roh, arrête de rechigner, il faut qu'on essaie.

Victoria s'arrêta net et continua à se plaindre.

– J'ai mal aux pieds, au dos... on peut pas se faire transporter jusqu'au port ? On est bien messagères de la reine...

– Victoria ! s'exclama Rose, il ne faut surtout pas le dire à voix haute...

Elle plaqua ses mains sur sa bouche, désolée d'avoir été aussi imprudente. Rose regarda discrètement autour d'elle, et sembla un peu rassurée. Des passants indifférents, des marchands et artisans trop occupés à vendre leurs produits. Pas la moindre agitation suspecte.

– Il y a trop de bruit autour, je pense que personne n'a entendu, reprit-elle en chuchotant.

Rose jeta un regard noir à Victoria. Elles reprirent leur chemin comme si de rien n'était, et continuèrent de marcher en direction du port. Dans l'agitation des pêcheurs, marchands et passants de Rhâkotis, deux individus avaient tout de même l'air d'avoir écouté la conversation. Ils étaient habillés comme de simples civils, mais avaient couvert leurs cheveux et leur visage d'un turban. Au coin d'une maison, ils ne semblaient pas préoccupés par la situation. Puis se faufilant à travers ce monde, ils suivaient les deux filles. Les minutes passèrent, les deux amies s'éloignèrent peu à peu de cette agitation et s'engagèrent dans une petite ruelle plus calme. C'est l'occasion parfaite. Les deux individus accélérèrent le pas. Rose sentit ce soudain émoi derrière elle et se retourna. Mais trop tard, un individu l'attrapa violemment par l'épaule, l'attirant vers lui, elle cria à Victoria de s'enfuir, et fut finalement assommée.

Les Sables du Temps - Octingenti Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant