Victoria se réveilla en sursaut, essoufflée comme si elle avait parcouru des kilomètres en courant. Son esprit mit quelques secondes à réaliser où elle se trouvait. Elle se redressa dans son lit, reprit sa respiration et bu un peu d'eau. Elle prit cinq minutes à elle pour se remettre de ses émotions. Était-ce finalement un rêve ? Ce rêve aurait duré trop longtemps, il était trop intense. Elle avait vécu une semaine dans une autre époque, avec sept camarades. Après cinq minutes sans bouger et à réfléchir, elle saisit son téléphone.
– Mardi 5 septembre 2023, le lendemain de la rentrée, murmura-t-elle.
Elle était finalement dans sa chambre, à Antibes, en deux-mille-vingt-trois. Elle le reposa, et s'assit sur le bord de son lit. Elle n'avait fait ce rêve qu'en une nuit ? Elle n'en revenait pas. N'ayant eu que quelques bleus, elle ne pouvait pas savoir d'où ils venaient. Ils pouvaient très bien venir de ses chutes lors de son rêve, comme venir d'une chute banale chez elle. Après un long moment d'incompréhension, elle se leva et décida de faire comme si de rien n'était. Elle se prépara : s'habilla, se maquilla, mit ses bijoux et fit son sac pour aller en cours. Elle déjeuna rapidement afin de ne pas être en retard. Faire comme si de rien n'était était tout de même assez difficile. Elle salua sa sœur et sa mère rapidement puis sortit de la maison pour se diriger vers l'arrêt de bus. L'environnement était tellement différent de celui dans lequel elle avait vécu pendant plus d'une semaine. Rien que les installations, les objets qu'elle utilisait au quotidien et la technologie. C'était pourtant un matin de septembre comme un autre : elle descendait la rue menant à l'arrêt de bus, sac à la main, les cigales chantaient et il faisait bon et doux. Elle stressait, elle ne savait pas si elle devait en parler avec Rose ou faire comme si de rien n'était. Elle verra bien avec le temps.
***Le bus arriva devant le lycée. Rose descendit avec les autres élèves. Avant d'entrer dans l'établissement, elle retira ses écouteurs et passa son téléphone en mode avion. L'angoisse crispait son estomac. Elle traversa la cour, cherchant Victoria du regard. Sans l'attendre, elle traversa le lycée jusqu'au couloir des premières. N'apercevant toujours pas Victoria, elle s'assit sur un muret qui bordait la cour intérieure. Elle sortit son téléphone et tapa frénétiquement sur son clavier.
– Vic, t'es où ?
– Je sors du bus, je suis là dans deux minutes.
– J'ai absolument besoin de te parler d'un truc, dépêche-toi !!
Elle resta là, à attendre Victoria sans éteindre son téléphone. Quelques élèves traversaient les couloirs, et entraient dans les classes. Le stress montait. Même si elle ne pensait que ce n'était qu'un rêve, elle redoutait de croiser ses camarades.
***
Victoria fut presque soulagée à la vue de ce message. Même si Rose ne lui avait pas dit de quoi elle allait parler exactement, elle était presque sûre qu'elles pensaient à la même chose. Elle se dépêcha de ranger son casque dans son sac et de passer le portail. Elle courait dans les couloirs du lycée pour arriver le plus vite possible vers Rose. Lorsque Rose aperçut enfin Victoria, elle remit en place sa frange, saisit son sac et se précipita vers elle.
– Vic ! Comment tu vas ? Je dois absolument te parler d'un truc, viens avec moi.
Sans attendre de réponse de son amie, elle saisit son bras et l'entraîna vers une autre cour plus isolée, généralement utilisée pour déjeuner le midi. Elles s'assirent sur un banc, et Rose prit une grande inspiration avant de commencer.
– Je réfléchis à t'en parler depuis que je me suis réveillée, mais je me dis que même si je dis n'importe quoi, tu ne me jugeras pas, promis ?
– Promis, affirma Victoria en hochant la tête.
– Je crois que j'ai voyagé dans le temps. Je me suis endormie hier, j'ai passé environ une semaine en Égypte Antique, puis je suis revenue ce matin. Et le plus bizarre, c'est que t'étais dedans.
Victoria se figea et déglutit.
– Rose, j'ai vécu la même chose.
Rose parut soulagée et expira bruyamment.
– Oh, ça me rassure tellement ! Je pensais avoir rêvé et être complètement folle.
– Mais ce n'était pas un rêve ? l'interrogea Victoria.
Rose enleva un bandage qui entourait sa main.
– J'ai dit à ma mère que j'avais trébuché et que je m'étais égratignée...
Elle tendit finalement sa main à Victoria, révélant une cicatrice.
– C'est ce que je me suis fait quand on a sauté du balcon.
– En effet, je la reconnais, plaisanta Victoria.Soudain, une pensée leur traversa l'esprit.
– Mais attends, si ce n'était pas qu'un rêve... ça veut dire que les autres l'ont vécu aussi ?
Rose parut soudainement dégoûtée.
– Oh non... je ne vais pas pouvoir assumer ça.
Et même si Victoria ne connaissait pas ses camarades avant le voyage, elle ne voulait pas affronter ça non plus. Alors cela devait être encore plus embarrassant pour Rose. Rose s'éclaira la voix :
– Bon, on fait comme s'il ne s'était rien passé. Je te laisse j'ai sciences éco.
Rose lui fit un clin d'œil et s'éloigna. Victoria hocha la tête en guise de réponse et vérifia l'heure. Elle agrippa son sac et se leva à son tour pour rejoindre sa classe de sciences naturelles. C'était la toute première fois qu'elle avait ce cours, elle se rendit alors dans le bâtiment des laboratoires. La salle n'était remplie que de quelques élèves, Victoria s'installa à une paillasse vide. Elle plongea son regard dans son sac pour sortir ses affaires ; sa trousse, un bloc note et une règle. Mais soudainement, une voix familière lui caressa l'ouïe. Elle releva la tête et vit entrer une jeune fille de taille moyenne, élancée, aux cheveux bruns. Elle parlait à une fille aux cheveux courts portant des lunettes. La première fille s'agissait de Maia, mais elle n'avait aucune idée de qui était celle qui l'accompagnait. Fixant discrètement sa camarade, elle croisa rapidement son regard. Mais celle-ci parut gênée et n'engagea point la discussion. Même si elle s'y attendait, Victoria fut vexée de cet acte d'indifférence. Elle reposa son sac par terre, et ne jeta aucun regard à Maia, qui s'était installée deux rangs derrière elle. Elle essaya d'oublier sa présence et d'agir comme si de rien n'était, comme celle-ci venait de faire à son égard. D'autres élèves vinrent s'installer et remplir la salle. Une jeune fille s'installa même aux côtés de Victoria, mais elle ne lui adressa pas la parole. La journée commençait bien... la professeure entra dans la salle, les élèves se levèrent et elle commença la présentation de la spécialité. Victoria n'écoutait qu'à moitié et ne prenait que peu de notes, toujours un peu préoccupée. Soudainement, quelqu'un toqua à la porte. Elle espérait qu'un camarade comme Julia ou Stan se joindrait à son cours, et qu'elle pourrait passer le reste des cours de science naturelle avec lui. La professeure soupira, reposa son feutre et descendit de l'estrade tout en déclarant :
– Entrez !
La porte s'ouvrit sur Oscar. Il passa une main dans ses cheveux bruns, replaça ses lunettes et s'excusa pour son retard. La professeure, plutôt tolérante, l'accueillit et le laissa entrer dans la salle. Victoria le fixait afin de croiser son regard mais il ne la remarqua pas. Cette situation la stressait. Elle n'arrivait toujours pas à déterminer si c'était un rêve ou non. Tant pis, elle devait se concentrer sur le cours.
VOUS LISEZ
Les Sables du Temps - Octingenti Tome 1
Ficción General𝑹𝒆𝒔𝒐𝒏𝒂𝒕 𝒑𝒓𝒂𝒆𝒕𝒆𝒓𝒊𝒕𝒂. ༄ Septembre, c'est le jour de la rentrée. Victoria est une adolescente de seize ans, elle est nouvelle et ne connaît personne. Le soir même, alors qu'elle essaye de s'endormir, rien n'y fait, impossible. Elle est...