Ils déchargèrent leurs provisions et rendirent leurs dromadaires à un marchand. Vint le moment de faire leurs adieux à Denwen, et surtout de lui avouer leur secret. Ils traversèrent quelques rues de Thèbes. Durant ce court trajet, ils avaient séparé Victoria et Denwen, afin de discuter avec elle.
– Tu penses pas que c'est un peu risqué de confier tout ça à Denwen ? On pourrait se faire poursuivre et ne jamais réussir à voir César... interrogea Victoria.
Liam fixa la dague rangée dans sa ceinture, ce que remarqua Victoria.
– Ne me dis pas que tu comptes le tuer.
– Non, certainement pas. Enfin, si ça ne dépendait que de moi... peut-être.
Victoria leva les yeux au ciel.
– Bon, réponds à ma question, insista Victoria.
– T'as pas tort, c'est assez risqué. Mais s'il t'aime, je ne pense pas qu'il te ferait du mal. Ni à nous.
– Surtout si on le menace, intervint Stan.
– Le menacer ? demanda Victoria.
– Le menacer de le tuer s'il dit quoi que ce soit.
Victoria déglutit en hochant la tête.
– Et puis regarde-moi ça... pardon mais il est vachement frêle ton copain. Je ne le connais pas trop, mais c'est du genre à te remercier si tu le frappes, ricana Stan.
– Oh, tu sais, Matthieu avait l'air de dire qu'il était pas commode quand il a fui parce qu'il pensait que Denwen allait l'éventrer s'il restait encore une minute de plus, affirma Liam.
Ils se posèrent ensemble sur les bords du Nil. Denwen s'assit bien évidement à côté de Victoria. Quelques felouques passaient, des passants discutaient et des marchands et artisans vendaient leurs produits dans les rues au-dessus. Matthieu prit une grande inspiration et commença :
– Avant tout, nous voulions tous te remercier et remercier ton père pour ce trajet d'Alexandrie à Thèbes. Malgré l'incident de cette nuit, tout s'est très bien passé donc merci infiniment. En revanche, il faut qu'on t'avoue quelque chose.
Matthieu marqua une pause, et Denwen fronça les sourcils.
– Quelque chose qui pourrait annuler tes plans avec Victoria.
– Accouche, dit-il agressivement.
– Nous ne venons pas du tout d'ici.
– Oui c'est ce que Victoria m'a dit, et ce n'est pas un problème. J'irai vivre n'importe où pour elle. J'aimerais bien que vous arrêtiez de vous mêler de ce qui vous regarde pas, surtout si c'est pour tout gâcher.
La situation devenait de plus en plus embarrassante, et Victoria rougissait peu à peu.
– Denwen, calme-toi, imposa Matthieu. Quand je dis qu'on ne vient pas du tout d'ici, je veux dire qu'on vient d'un autre pays : la France.
– La quoi ?
– Ah oui mince c'était pas la France... euh la Gaule, l'Empire Gallo-Romain.
– Euh d'accord. Mais je le répète encore une fois, je peux abandonner mon pays, ma maison pour notre relation.
– Bon Denwen tu me fatigues, s'agaça Matthieu. T'es très gentil quand tu veux, surtout quand il s'agit d'épouser une fille que tu connais depuis une semaine mais là tu me pousses à bout. Voilà on vient d'Antibes en deux-mille-vingt-trois, c'est-à-dire il y a environ deux-mille ans pour vous.
Denwen resta bouche bée.
– On a voyagé dans le temps, si tu préfères, reprit Matthieu.
Denwen se gratta le coup et s'éclaircit la voix.
– Vous mentez juste pour détruire notre relation.
Matthieu éclata de rire désespérément.
– Non, on ne ment pas, avoua Victoria. J'ai fait une erreur et j'en suis consciente mais maintenant on a autre chose à faire.
Elle se leva et quitta le ponton sur lequel ils étaient assis. Le groupe remercia Denwen une dernière fois et suivit Victoria, sauf Liam. Il resta en face de Denwen, le fixant. Il se leva, sortit la dague de sa ceinture et s'adressa à celui-ci.
– Je n'aime pas faire ça, j'aurais aimé que Matthieu ou Stan le fasse, mais il ne reste que moi.
Denwen se leva à son tour pour se défendre. Liam brandit la dague sous la mâchoire de Denwen.
– Écoute-moi bien, poursuivit Liam. Si tu oses raconter ce qu'on vient de te confier à qui que ce soit, t'es mort. Si tu oses briser nos chances de revenir là d'où on vient, t'es mort.
Liam baissa la dague, la fit tourner autour de son doigt et la rangea dans sa ceinture.
– C'est compris ?
Denwen se tut, et hocha doucement la tête. Mais avant de partir, Liam fit ce qu'il avait toujours rêvé de faire : pousser violemment Denwen dans l'eau.
***
Le groupe fut pris dans la felouque royale de Sa Majesté Cléopâtre VII, afin de se rendre au petit palais dans lequel allait se dérouler l'entretien. Ornée d'or, de hiéroglyphes et de draps pourpre, elle était sublime et impressionnante. Victoria et Rose furent accueillies dans la partie privée de la reine afin qu'elle puisse les remercier. Elle les invita à se changer et se laver pendant leur entretien. Chaque membre du groupe fut chouchouté par une servante de la reine afin d'être présentable. Ils se retrouvèrent tous ensemble dans la cour du palais. Rose prit la parole :
– Bon eh bien, ça aura quand même été une merveilleuse expérience.
– C'est vrai, j'ai toujours l'impression que c'est irréel, continua Stan.
Ils furent immédiatement interrompus par une servante.
– Vous êtes demandé par Sa Majesté Cléopâtre et l'Imperator César, suivez-moi.
La jeune servante les mena jusqu'à une terrasse en hauteur, offrant une vue panoramique sur Thèbes. Cet espace était décoré de feuillage, sculptures en marbre, hiéroglyphes en or et fauteuils en velours pourpre. Une douce brise fraîche caressait la peau des amis, tandis que le soleil couchant sublimait la terrasse. La reine et l'Imperator invitèrent le groupe à s'assoir avec eux. Le moment fut très court : ils burent, discutèrent rapidement et furent remerciés de leurs efforts et leur participation à cette mission. Ils allaient pouvoir s'allier pour virer Ptolémée du trône d'Égypte. Avant de partir, Cléopâtre confia une lettre aux deux messagères, qu'elles devaient ouvrir seulement après être sorties du palais. Ils remercièrent les camarades une dernière fois, et le groupe quitta le palais. Il traversa les couloirs du petit palais, la cour principale, puis la grande entrée. Avant de descendre les marches, ils s'arrêtèrent. Ils admirèrent tous le merveilleux paysage égyptien une dernière fois ; le Nil et ses felouques, ses animaux et sa verdure le bordant, les rues animées par les passants, artisans et marchands, ainsi que l'architecture et l'esthétique des bâtiments. Victoria ouvrit la lettre et la lu à voix haute.
« Octingenti, votre mission est terminée. Bon retour à vous. »
Victoria n'eut pas le temps de relever la tête vers ses camarades que certains avaient déjà disparu et d'autres étaient en train de disparaître.
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Les Sables du Temps - Octingenti Tome 1
Fiction générale𝑹𝒆𝒔𝒐𝒏𝒂𝒕 𝒑𝒓𝒂𝒆𝒕𝒆𝒓𝒊𝒕𝒂. ༄ Septembre, c'est le jour de la rentrée. Victoria est une adolescente de seize ans, elle est nouvelle et ne connaît personne. Le soir même, alors qu'elle essaye de s'endormir, rien n'y fait, impossible. Elle est...