Summer Dress | Greta and Coffee shop

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Mes cuisses commencent à crier au fur et à mesure que je pousse sur les pédales de mon vélo. L'île de Cousins n'est pas très grande, avec ses quelques kilomètres carrés. Pourtant, l'île comporte un certain nombre de dunes et de dénivelés qu'il faut franchir, même en suivant la piste cyclable du chemin côtier. Je viens de passer dans tous les commerces du centre-ville et les divers restaurants avec l'idée de trouver un petit boulot d'été. Puisque les garçons travaillent cet été et que Belly va au bal des débutantes, je ne veux pas être la seule à rester à villa.

A mesure de mes coups de pédales, j'extériorise mes angoisses. L'action me fait du bien, j'ai moins de temps pour ressasser et surtout à vélo, impossible de lire les expressions des rares passants que je croise.

Je suis seule, autant dans ma tête que dans l'espace et cela me fait du bien. Je n'ai pas pensé au HPE de toute l'après-midi et c'est presque comme si tout était revenu comme avant. Je ne suis qu'une fille normale, passant des vacances normales avec sa famille normale. J'évite de penser à ma mère qui angoisse pour n'importe quoi en ce moment, à mon frère qui me casse les pieds, à Conrad qui boude toute la journée, ou à encore à Belly qui essaye de prouver quelque chose à ce dernier. Les seules choses qui viennent perturber mon esprit sont les détails qui clochent chez Susannah. Certaines choses ne collent pas entre elles et j'ai dû mal à procéder à l'analyse de tous les détails. Je pédale plus fort pour éviter de trop penser.

Mon dernier arrêt à la recherche d'un job d'été se fait vers la plage de Burke, à l'opposé de la villa. La plage de Burke se trouve juste à côté du pont pour rejoindre le continent et offre un arrêt pour les visiteurs de passage qui souhaite faire le tour de l'île à pied par le chemin côtier. Il y a une petite marina où se trouvent quelques bateaux et un café tenu par une vieille dame qui sert quelques pâtisseries. Je ne sais pas vraiment à quoi m'attendre quand je rentre dans le vieil établissement. De l'entrée, on peut observer les premiers piliers du pont et la marina en contrebas. La mer luit sous le soleil de milieu d'après-midi et se reflète sur les voiles des bateaux qui s'agitent au grès du vent. Tout est paisible, comme si la nature avait béni l'endroit.

Le carillon de la vieille porte en bois résonne quand je rentre dans l'établissement et je vois uniquement un couple de personnes âgées sirotant leurs boissons à la fenêtre. Les semelles de mes Converses grincent sur le parquet et je m'étonne du peu de monde que contient l'endroit. Mes derniers souvenirs du café de Burke Beach remontent à quelques années. Nous étions partis nous balader en vélos le long de la côte, ma mère, Belly, Jeremiah et moi sans nous soucier de la météo. La pluie était arrivée rapidement et la violence de l'averse nous avait obligé à nous arrêter ici. Nous avions mangé des cheese-cake en faisant sécher nos affaires et en lisant des comics de super-héros. Quand nous étions passés les années suivantes, il y avait toujours du monde.

Quand je m'avance vers le comptoir, j'aperçois de délicieuses parts de gâteaux dans des cloches réfrigérées. Le soleil entre à flots par les fenêtres et les étagères qui croulent sous les livres divers invitent à la détente. Ce café à tout du lieu instagrammable.

Un raclement de gorge me fait me retourner et je vois une vieille dame avec une unique béquille se tenir derrière le comptoir. Ses cheveux sont tellement blancs qu'on dirait presque qu'elle s'est fait une patine. Je sais que pleins de jeunes de mon âge tueraient pour avoir des cheveux de cette couleur.

- Je peux faire quelque chose pour vous ?

Je souris doucement à la vieille dame et m'assois sur les chaises hautes du comptoir.

- Vous avez toujours les délicieux cheese-cake que vous faisiez avant ?

La vieille dame me sourit doucement et me montre une cloche réfrigérée. De petites rides d'expression apparaissent au coin de ses lèvres. Elle porte un tablier vert par-dessus un col roulé rouge. Ce mélange criard la rend d'autant plus sympathique que j'aperçois des petits canards jaunes sur le tablier. Tout chez cette dame évoque la gentillesse et l'amabilité.

The Summer I Never Succeed To Hate You | TSITPOù les histoires vivent. Découvrez maintenant