Chapitre 40 ; Pardonne moi, pour tout

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En un clin d'œil, la situation vient de dégénérer à la même vitesse que les verres d'eau se retrouvent par terre.

— Mathias... murmure Chris.

Ça ne me concerne définitivement plus. Je veux à tout prix les aider à se défendre contre les Vinliski car, non seulement ils s'en sont pris à Jack, mais aussi parce que les Lanos m'ont offert un toit, de l'amour ( à leur façon) et une vie décente en dehors de l'internat.

Je rejoins l'hôtel, m'adosse au mur d'un couloir, et regarde la réunion familiale par la fenêtre.  J'ai l'impression que tout ceci est ma faute, et c'est sans doute le cas. Tout ce que je voulais, c'est l'empêcher de s'attacher à moi, l'empêcher de souffrir à cause de moi.

La seule raison pour la qu'elle je le repousse, c'est que je refuse de voir cette lueur de déception que j'ai tant vu dans beaucoup de regard. Je refuse qu'un jour, il se retourne sur son passé, il me regarde avec dégoût, et qu'il s'en aille sans me donner d'explication car mon caractère aura eu raison de lui et aura commencé à lui peser.

Je sais que pour la plupart des gens, je suis agressive et hautaine, mais c'est comme ça. Quand on vous répète tout les jours que vous ne valait rien, vous finissez par y croire. Ma méfiance est ma seule qualité et souvent, je l'avoue, j'en abuse et me montre méchante avec ceux qui essaient de m'aider.

Je suis comme Mathias. Je refuse mes sentiments.

Au fond, on a peut-être plus de points communs que je ne m'y attendais. Mathias déboule soudain dans le couloir et passe devant moi sans me remarquer.

Je le cours après, le force à se retourner et est figé par la froideur de son regard.

Y compris les larmes qui coulent de ses yeux verts.

— Pourquoi tu ne m'as rien dit ?

La voix du vampire est posée et ne montre en aucun cas sa tristesse. Pourtant, j'arrive à la discerner dans le moindre de ses traits.

Voyant que je ne réponds pas, il me plaque contre le mur d'une main et insiste.

— Je ne voulais pas te faire souffrir...

— Il fallait peut-être y réfléchir avant, parce que c'est déjà fait. Tu m'as fait souffrir quand tu m'a rejeté, tu m'as fait souffrir quand tu as discuté avec ce Dayros, tu m'as fait souffrir en me cachant la vérité, et tu m'as fait souffrir en me faisant comprendre que tu ne voulais pas de moi.

— Pardonne moi, pour tout... Mais ce n'est pas toi le problème...

— Si, justement. C'est pour ça que je n'arrive pas à me contrôler, n'est ce pas ?
Je suis le fils de ce dégénéré ?!

— Tu es le fils de Théodora, et Chris t'a élevé comme ton père. Tu ne t'appelles pas Mathias Vinliski, mais bien Mathias Lanos. Tu fais partie de cette famille.
Ils ont besoin de toi, et tu as besoin d'eux.

Il observe sa main, calé contre le mur à quelques centimètres de ma tête.

— Pourquoi tu m'as rejeté, hier ?

— Tu demandes ça par amour ou parce que ton orgueil en a pris un coup ?

— Les deux.

Son visage reste neutre.

— N'oublie pas que, si tu mens, je le saurais.

— Ah bon ?

— Ton cœur bat drôlement vite.

Cette fois, il sourit. Je n'étais pas au courant de cette capacité impressionnante qu'on les vampires... a déstabiliser les gens !

— Ta Famille et ta caste verraient notre couple d'un mauvais oeil...

— Tu mens.

— Mon cœur s'est accéléré ?

— Tu n'oses pas me regarder.

D'un geste, il place son pouce sous mon menton et me force à relever la tête.

— J'ai peur que tu sois déçu.

— Déçu ? Pourquoi donc ? Tu as ton caractère, comme moi, mais tu es une personne exceptionnelle aussi.

— C'est justement mon caractère, le problème. Il a toujours dérangé et... j'ai dû mal à m'en débarrasser.
En quatorze ans de ma vie dans cet orphelinat, on m'a répeter assez de fois que j'étais une incapable pour y croire. 
Ma méfiance, c'est tout ce qu'il me reste.

Il passe son pousse distraitement sur ma joue.

— Sauf que cette méfiance se transforme parfois en haine. Il faut savoir briser sa carapace, de temps en temps.

— C'est sûr que tu es un maître en matière d'ouverture émotionnelle.

— Peut-être que j'arriverais à briser ta carapace.

Il se penche, s'arrête et me fixe comme si il attendait mon approbation.
En même temps, il n'a sûrement pas envie de réitérer l'expérience d'hier soir.

— Heum ?...

— Oui, tu as le droit.

— M'en voilà rassuré, sourit il.

Nous nous embrassons, et je profite cette fois plainement de la douceur de ses lèvres.

Arrivera t'il a briser ma carapace ?

Rosa Bianca è Rossa ( En correction / réécriture )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant