si j'avais un monde

Cette fois

Tu te souviendras de cette fois. Où t'as écrasé un vieux mec gay perdu, seul, que le monde a oublié. Peut-être que c'est ça qui lui donne du plaisir, refait naître en lui ce qu'il a perdu. La jeunesse qui l'a humilié, essaye de détruire sa vieillesse. J'ai des pieds romains, et j'ai 30e en plus, et je sais pas si je suis triste ou heureux de l'avoir fait. Je me sens un peu sali. Et puis je sens que je perds mon temps : je suis venu ici pour mon mémoire non ? Apparemment non. Je m'en fout un peu en fait. Moi ce que je veux c'est vivre, essayer, avoir peur, pleurer. Combattre cette muraille que ma mère m'a construit. Abattre les fortifications pour me perdre dans cet infini-là, dans ces plaines qui habitent les corps souffrants et meurtris par la vie, que rien n'épargne. J'ai l'espoir aussi que ça me donnera le verbe. La fougue d'écrire, du moins, l'urgence. Que je n'arrête plus.