Chapitre 2 : Ashes

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UN MOIS PLUS TARD
Janvier
1491 Après l'Age de Mort

KONNER

Je me haïs de jalouser Edwin.

Plus âgé de trois années, je suis assez fort pour briser en deux son corps de brindille. Et plus je m'entraîne en grandissant, plus j'acquière de la force.

Edwin, à contrario, est mince, pas spécialement grand, taillé sèchement malgré ses treize ans. Son physique n'a en soi rien d'exceptionnel. Ses seules distinctions, ces insolents cheveux longs. Argentés et paradoxalement lisses malgré les cheveux crépus que donne le sang des Til'Illan. Parmi notre famille, sa peau est incroyablement clair et déteint plus sur celui de sa mère. Mais ses yeux, eux... Comme destiné à régner, brillaient du gris cristallin des rois anciens, comme ceux de son père.

Edwin est bon en tout. Il tire mieux que moi à son âge, se bat mieux moi à son âge, a plus d'influence que moi, et a réussi à imposer cette jument qu'il monte alors qu'elle aurait dû être destinée à la reproduction ou à la boucherie pendant l'hiver.

Edwin marche au pas juste devant moi, et observe les vastes étendus des plaines de Shaal, il ne fixe pas, pourtant, rien ne semble lui échapper. Il est évidemment meilleur traqueur que moi à son âge...
Mais ce qui m'agace le plus, c'est de le voir jouir d'un tel pouvoir sans jamais s'en servir. Tout ce qu'il fait c'est pour avoir la reconnaissance de son père. Aucun enfant de treize ans ne s'est jamais poussé aussi loin dans l'entraînement que lui. Frappant des heures durant sur des troncs massifs à laisser la marque de ses poings ensanglantés, tailladant en morceaux chaque mannequin qui passait sous sa lame, et désarmant la plupart des adversaires de son âge.

Edwin. L'héritier du trône du Nord. Le premier né d'Hander Til'Illan.
Cet oncle qui a tout voler à mon père, Kassan, son frère aîné, supplanté à cause d'un roi trop lâche pour lui laisser faire ses preuves et qui à la moindre erreur a préféré donner la couronne à son cadet, déjà trop ambitieux. Un pouvoir atrophié. Tel était l'argument qu'a utilisé son grand-père seize ans plus tôt, au lieu de choisir son fils aîné, déjà béni d'une lignée avec un fils.

Je n'ai jamais pardonné cette injustice à Edwin, qui hériterait du Trône de Katermere à la mort de son père, alors qu'il n'était même pas encore né, pas encore conçu et qui, aujourd'hui, n'a encore jamais tuer quoique ce soit.

C'est la première fois qu'il chasse. Il n'a décroché mot depuis que nous avons passé les portes de la Citadelle. Edwin, à par certain accès de colère qui ponctuent parfois son caractère, est d'un tempérament réservé. Il passe le plus clair de son temps libre seul, ou plutôt auprès de sa jument, et ne parle pas à grand monde. À l'exception d'un garçon nommé Adonis Wolfspeer. De cinq ans son aîné. D'une fille, Jeyde, une petite orpheline recueillie par l'une des frontalières lors d'un voyage dans le sud et Zeke un gamin sans grand talent, fils d'un des cuisiniers du palais. En réalité, j'ignore s'ils sont amis ou non, mais ne je trouve pas d'autre mot pour décrire cette relation qui semble à sens unique.

Bien qu'aillant été élevée depuis l'âge de trois ans parmi le peuple du Nord, je ne considère pas la fille comme l'une des nôtres. Elle ne nous ressemble pas. Pas tant physiquement, mais sa morale et son sens de l'honneur ne vaut en rien celui que l'on nous inculque dès la naissance.

Honneur et Courage.

Elle, elle cille au milieu de ce parfait équilibre et ne manque pas de se faire remarquer. Ce matin encore, elle a osé défier Edwin, tentant vainement de le vaincre à main nue contre un sabre après qu'il l'a désarmée. Rageant une fois de plus devant son échec, je ne me suis pas retenu de ricaner depuis le balcon d'où je les observait.

Sons of Merlin - Dark ShadowsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant