Chapitre 19 : On the road

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QUATRE JOURS PLUS TARD

Janvier
1494 Avant l'Age de Mort

Le départ arrive plus vite que je ne l'avais imaginé. La cours du palais est inondée de monde. Une trentaine de chevaux patientent avec leurs cavaliers, prêts pour le départ. L'hiver touche Gwendalavir de façon virulente, mais dans le Nord, comme on est plongé dans une sorte d'hiver éternel où il n'est pas rare de voir de la neige tombée sous un grand soleil. Le froid est tel un ami qu'on est ravi de voir. En conséquence, et en prévention d'un long voyage, nous avons tous revêtus une cape chaude couverte de fourrure. Si je m'écoutais, je serrais bien y aller sans, mais ayant Aidan Til'Illan pour mère, je ne peux pas y échapper. Je me console en me disant que ça tiendra chaud à ma jument. Oromë me suit docilement depuis le paddock où elle a passé la nuit, maintenant équipée et prête à partir.

– On y est ma belle, je lui dis en sanglant sa selle d'un trou. C'est notre heure de gloire.

Je lui donne une tape sur l'épaule auquel elle répond d'un coup de nez et rejoins mes amis.

– Vous êtes prêts ?

– Plus que jamais, me lance Zeke sans hésiter.

Jeyde se contente d'un simple sourire. Cela m'aurait fait rire si on se trouvait dans une autre situation. Zeke, malgré des regards insistants qu'il pense discret, sait faire taire ses sentiments en ma présence. C'est plus tabou entre nous. Sa façon d'être n'a pas changée, ce qui arrive presque à me faire oublier qu'il en pince pour moi. Jeyde en revanche, ne sait pas les cacher, son habituel franc parler a presque disparu et elle est devenue fuyante avec moi. Même si on est loin des affrontements glacials et des répliques cinglantes que je lui crachais au visage en présence d'Adonis.

J'espère que si ce voyage ne fait pas taire leurs sentiments pour le devoir, il leur permette au moins de réussir à me parler pour mettre un terme à cette situation ridicule.

Pour le moment, aucune pression ne repose sur ses épaules. Moi et ceux qui m'accompagnent nous contenteront de suivre le reste des cavaliers vers l'élevage. Je peux respirer pour l'instant. J'en profiterais pour rencontrer plus intimement ceux qui seront sous mes ordres, en particulier les novices que j'ai décidé d'emmener. Pour ne pas prendre de risque, j'ai quand même choisi ceux qui sont revenus les premier du Baptême ou de leurs épreuves. Une fille et un garçon. Bizarrement, je ne suis que d'un an leur aîné et ne m'estime pas supérieur à eux. Évidemment, l'expérience du terrain est à mon avantage, mais que sont trente-six mois sous les ordres d'un homme quand un prend la tête de neuf personnes pour la première fois ?

Je capte leurs regards et leur adresse un signe de tête, auquel ils répondent timidement. Je souris tranquillement en descendant mes étriers. Je me souviens avoir été comme ça au tout début. Mais je me souvient surtout de la fierté dans laquelle j'ai nagé après être revenu du sommet de Katermere. C'était une sensation indescriptible que je ressentais à chaque instant, dès que je posais le pied en dehors de la Citadelle ou que j'en revenais, heureux de rentrer et de pouvoir raconter mes rondes à mes parents.

– Nostalgique à ce que je vois ?

Je me retourne, surpris par mon oncle qui me dévisage, appuyé à sa monture les bras croisés. Il me regarde lui-même avec émotion, mélange de fierté et de convoitise. Je suis devenu ce que Kassan ne serait jamais, un leader né. Un prince dont les responsabilités sont assumées avec bon cœur et respect. Je brille déjà, encore baigné de leur ombre, à mon père et à lui. Face à mon grand-père, aucun d'eux n'aurait levé la voix comme je l'ai fais devant tout le Conseil. Et c'est pourtant pas l'autorité de mon père qui est défaillante c'est juste...moi.

Sons of Merlin - Dark ShadowsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant