Chapitre 5 : The End of a grief

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UN MOIS PLUS TARD
Mars
1491 Après l'Age de Mort

Voilà maintenant un mois que j'ai quitté la cour des novices. Et quelle libération ! Depuis, je m'adapte au milieu de guerriers plus expérimentés. On ne me voit pas comme « le prince » dans ces cours ou sur le terrain. En fait, tant que je ne suis pas dans le château, c'est juste Edwin.

Pourtant, lorsque je m'entraîne dans la cour comme tous les matins, il n'est pas rare que je sente le poids d'un regard sur mon dos. Parfois c'est celui de mes amis, Jeyde et Zeke. Parfois c'est les autres Frontaliers. Dans le meilleur des cas c'est mes parents qui me regardent complètement gaga.

J'essaye la plupart du temps de ne pas y faire attention. Après tout je suis dehors, rien ne peut les en empêcher. Un autre poids appuie d'ailleurs sur mon dos, mais lui il était plus difficile de l'oublier, lui, du moins au début. Mais c'était devenu une présence tellement permanente que j'en suis arrivé au point d'en perdre conscience. Idriss peut aller se faire voir.

Pour l'instant, je suis simplement en pause. Assis les jambes croisées dans un coin de la cour, les derniers rayons du soleil brillant le visage. J'aiguisais méthodiquement mon sabre posé sur mes cuisses, presque religieusement. Le chuintement de la pierre sur la lame est une douce musique à mes oreilles.

Y a un autre son qui chantait à mes oreilles. Je ne sens même pas les coins de mes lèvres se soulever. Ce son je le connais depuis des années. Je relève les yeux vers la silhouette à contre jour qui se ballade sur les remparts. Je ne sais pas si c'est le couché du soleil qui rayonne dans ses cheveux ou simplement lui.

Adonis.

Je regarde ses bras tatoués agiter son sabre, fendant le vent avec sa lame. C'est comme si il dansait avec lui. Jouait avec lui.

Il n'y a rien qui nous réunissait au départ. Mais... je sais pas pourquoi je me sens si bien avec lui. Et pourtant... Le peu de personne qui nous savent amis n'en parlent pas, comme si c'était un sujet tabou. Et le reste détourne simplement le regard. Je sais, on se ressemble pas. Moi, je suis le petit prince. Et Adonis c'est...eh, comment dire ? Le garçons qui couche avec tout ce qui bouge. Nan quand même pas, mais disons que le sacrement du mariage n'a pas beaucoup de sens à ses yeux. Et quand je dis tout ce qui bouge c'est littéral, fille garçon c'est pas un critère pour lui. Mais c'est pas la seule divergence. Adonis est beaucoup beaucoup plus âgé que moi ! J'ai quatorze ans, il en a dix neuf. Je sais, l'amitié assez bizarre entre un gamin et un jeune adulte aux désirs sexuels déjà bien éveillés. Ça fait tourner des têtes. Mais comme le gamin en question c'est moi ça fait taire des bouches.

Et puis il y a une sacré différence au niveau de la personnalité !

Lui c'est comme si rien ne l'atteignait. Il se fiche pas mal de ceux qui l'entourent. Y a qu'à voir à quoi il ressemble. Les bras et la poitrine tatoués. Des cheveux bruns filasses, rasés sur les côtés, le reste long jusqu'aux oreilles. Un jean noir déchiré aux genoux, clairement venu de l'autre monde. L'un des avantages à être un dessinateur j'imagine. Il porte quand même la veste de cuir des Frontaliers si ça peut réconcilier les Anciens.

Je le regarde depuis un certain temps maintenant. Ça arrive souvent lorsqu'il s'entraîne. Je finis par connaître son entraînement par cœur. Ainsi que toutes ses manies, du genre là il va jouer avec sa langue sur son piercing. Bah tiens, qu'est-ce que je disais !

J'étouffe un rire derrière mes lèvres. Quand je relève les yeux il me fixe, les sourcils haussés, l'air de dire : « Quoi ? ». Je secoue la tête sans pour autant arrêter de sourire bêtement. Il me souffle un baiser que je fais semblant d'attraper.

Sons of Merlin - Dark ShadowsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant