Chapitre 6 : « tu le kiff hein ? »

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NEUF MOIS PLUS TARD

Janvier
1492 Après l'Age de Mort

JEYDE

Edwin s'est vite fait à sa nouvelle vie. Il s'est fait aux levés avant l'aurore, à l'obscurité qui règne sur les bois qu'il n'a connu que de jour jusqu'à présent, il s'est fait au groupe auquel il appartient et à la responsabilité qui repose maintenant sur ses épaules.

En réalité on peut changer et remodeler un groupe à volonté mais la plupart du temps Edwin sort en patrouille avec sa mère, Adonis, évidemment, et nous. Jeyde et Zeke.

On a passé nos Épreuves en même temps que lui, aucun de nous n'a demandé qui était arrivé en premier lors du Baptême mais c'était assez facile à deviner.

Edwin nous impressionne. C'est difficile de ne pas l'être face à lui. On le garde pour nous en sa présence. Je suis amie avec Edwin et Zeke depuis l'âge de huit ans. Depuis toujours la compétition est le moteur de notre amitié. La concurrence ça fait progressé, surtout face à des adversaires comme eux.

Mais surtout face à des adversaires comme Edwin.

L'aura qui l'entoure force une sorte de distance et de respect envers lui. Une aura qu'on a appris, Zeke et moi, à dépasser mais qui reste néanmoins impossible à oublier.
Il excelle dans tout, au prix d'efforts que certains jugent abusif pour un garçon de presque quinze ans mais, qui ont désormais payés.

Je l'observais justement durant ses jours de repos, s'entraîner de toutes les manières possibles. Aujourd'hui, il a choisi le Soufroir. Le Soufroir, cette énorme machine de torture, est surtout un moyen de repousser les limites du mental. Surtout de la peur. De la douleur, de l'échec et de la mort. Des peurs qu'Edwin a repoussées il y a bien longtemps. Il ne s'est donc perché à dix mètres au-dessus du sol que par plaisir.

Avec une assurance effarante, Edwin se balade de tronc en tronc sans la moindre hésitation alors qu'il frôle la chute à chaque pas. Son sabre danse autour de lui alors qu'il combat nul autre ennemi que le vent qui souffle et faisait voler la neige autour de lui.

Son physique joue également un rôle clé dans sa personne. Il ne possède pourtant pas la carrure la plus impressionnante, les épaules les plus larges ou les muscles les plus épais, il est même plutôt mince. Et pourtant... le sentiment de puissance que dégage son regard d'acier suffit, malgré son âge. Ses yeux, d'un curieux gris glacé, semblable à ceux d'un prédateur, qui voient tout sans jamais rien fixer. Ses cheveux, qui contrastent avec sa peau dorée par leur clarté et leur douceur, rappellent pour qui le connaissent sa véritable nature. Ou même sa démarche, souple mais contrôlée, comme chacun de ses mouvements. Très peu de personne peuvent affirmer l'avoir déjà vu sursauter. Seul ses mains trahissent ses craintes. Elles se portent parfois contre sa volonté à son sabre ou au poignard à sa ceinture. Des mains polies par les années d'entraînement, et qui enfin font couler du sang. Je suis sûre, malgré le dégoût évident qu'il affichait après avoir tué le cerf, qu'il n'y a eu aucune hésitation dans son geste la première fois.

Il contrôle toujours tout, le moindre de ses mouvements lors d'un combat. Son corps se mouve avec tellement de grâce et pourtant transpire la puissance. Son physique maintient la légèreté de son corps et de chacun de ses coups avec une rapidité mortelle. Son sabre fouette l'air comme dans une danse qui sème la mort partout où elle va. La mort. Il n'y a que très peu de personne pour lesquelles on emploierait beauté dans l'art de la semer.

Quand je repense à tout ça, je me rends compte que je connais étonnamment bien Edwin. Malgré le fait qu'il reste une personne très secrète et dont les pensées restent interdites à tout le monde. Pour la première fois, je réalise que j'en connaissais beaucoup sur lui.

Sons of Merlin - Dark ShadowsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant