Chapitre 12 : Between knives and needles

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EDWIN

Ça me tue de devoir faire ça, mais j'ai préféré faire comme s'il ne c'était rien passé hier soir, c'est mieux, pour nous deux. En fait c'est surtout mieux pour moi. Je ne crois pas que ça l'ai réellement dérangé, mais je veux pas avoir encore plus honte en allant lui demander. Il ne s'est rien passé, c'est mieux.

Franchement lire le détail incroyablement long de ce que je ne peux et ne peux pas faire m'a épuisé, je m'en suis résolu à ce que je pouvais faire. En gros, à peu près tout ce que je veux, sauf me battre.

Ça doit pas être si compliqué, dans une Citadelle. C'est pas comme si ça constituait mon quotidien.

Et puis il n'y avait pas écrit "ne pas s'entraîner". Dans la limite du raisonnable, je suis resté sur la terre ferme, et même à l'intérieur. Je suis allé au dojo. Ça faisait longtemps.

Toutes les salles d'entraînement se ressemblent : de très haut plafonds blancs avec un mur entièrement ouvert sur l'extérieur par des baies vitrées. Du parquet clair brillant et lissé par l'usage. De jolies moulures médiévales sur les murs clair et parfois, en fonction de leur taille, deux rangées de colonnes en quartz fumé blanc sur toute la longueur. Il ne faut pas oublier que ce château et la plupart des infrastructures autour sont des Dessins.

Les deux dojos sont dans les sales internes, donc sans fenêtres, mais la hauteur des salles garantissaient toujours une douce fraîcheur. L'atmosphère y est calme, même rassurante.

Ma venue semble en surprendre plus d'un. Faut dire que je ne traîne pas souvent dans ces salles.

Vu ma morphologie, je suis assez souple par nature. Alors je perds pas trop de temps sur des tapis. Sauf pour faire de la boxe mais là tout de suite c'est un peu mal barré. Bref.

Comme hier, je porte des vêtements longs. Mais moins dans l'excès, juste un tee-shirt noir et un jogging gris. Je me met dans un coin derrière une des colonnes pour ne pas attirer l'attention. Je sais que Jeyde adore s'entraîner ici, préférant se renforcer profondément sur des machines ou au poids du corps. Moi au contraire je dois toute ma musculature au sabre et au Souffroir. Le sport à côté c'est occasionnel, même si j'aime ça aussi.

L'avantage de cet endroit, c'est que c'est apaisant. L'ambiance est calme, presque religieuse, et tout est fait pour qu'on se recentre sur nous mêmes. Pour une fois je peux faire ralentir mon cerveau et ne pas me concentrer sur l'éventualité de mourir dans la seconde par exemple. Le problème c'est que du coup mon cerveau se retrouve libre de divaguer sur divers sujets : ma maladie, tous les problèmes que ça va engendrer, Adonis. Ce qui s'est passé hier.

- Fait chier, je marmonne en attrapant mes deux talons, assis sur le sol, me pliant en deux comme une feuille.

Je sais pas ce qui m'a pris. J'étais prêt à me servir d'Adonis pour me punir. Me faire du mal, faire du mal à mon corps en me servant du sien.

Je connais d'innombrables façons de me torturer et de me faire souffrir. Le sexe c'était juste un moyen parmi les autres. Mais c'est pas ça le pire.

Le pire c'est que j'en ai eu envie. J'ai eu envie de lui. Je croyais pourtant que c'était clair. Je n'aime pas Adonis. Pas comme ça. C'est certainement la personne qui compte le plus à mes yeux et j'aime la manière indescriptible dont on exprime notre affection. Ça peut paraître ambiguë aux yeux des gens mais entre nous c'est très clair. Et pourtant hier j'ai dérapé. J'ai profité de la situation pour qu'il ne me rejette pas et j'ai voulu continuer même après son refus. J'ai honte, pire je me dégoûte. Et ça aurait été bien pire si j'étais allé jusqu'au bout.

Sons of Merlin - Dark ShadowsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant