Chapitre 24 : For the Sake of the Kingdom

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Je finis par prendre l'option grattage. Griffure, se serait plus précis. Si Adonis était déjà là il m'aurait taper sur les doigts jusqu'à ce que j'arrête. Mais il n'est pas là. Il n'y a personne. Je suis seul.

Pas le cœur de pleurer et pas l'énergie pour défoncer ce qu'il reste de mon bureau. Alors je reste prostré, assis, immobile sur le sol dans un coin de ma chambre. Immobile à l'exception de mes doigts. Qui grattent, grattent, grattent. Tout ce sur quoi mon esprit arrive à se focaliser ce sont les lettres alignées sur le papier. Maudites lettres !

Le dos de ma main est entièrement rougi. Il fait jour dehors. Le dessous de mes ongles sont rouges de sang.

Putain, fais chier ! je me suis gratté toute la nuit, et sans même m'en rendre compte. Enfermé dans ma propre tête, rien ne pouvait m'atteindre.

Non, pas sans m'en rendre compte. J'en avais parfaitement conscience. Je faisais à dessein, dans le but de me calmer. Oui, juste me calmer.

J'ai envie de me lever mais rien que la pensée de me soulever du sol, sortir de ma chambre et aller jusqu'à la chambre de mes parents pousser un coup de gueule me donne envie de, envie de...

C'est comme si tout autour de moi s'écroulait. Ou plutôt pesait de plus en plus lourd sur moi. Mon couronnement proche, mes responsabilités, mon désespoir et ma peur continuelle de mal faire. Comme si je n'étais jamais assez bien. Et que malgré tout ce que je m'efforce de prouver, ce sera jamais suffisant. Il y'aura toujours pire, toujours plus grand. Toujours plus hors de ma portée. Et maintenant y'a ça...

Je hurle et donne un grand coup de pied dans la table en verre qui éclate sur le sol. Assez fort pour couvrir mon cri.

*

HANDER

Aidan et moi sommes réveillés en sursaut par le son de verre qu'on brise. Dague à la main. On échange un regard inquiets, rengainant nos lames, et comme tout parents notre seule pensée c'est :

- Edwin !

On sort précipitamment du lit et nous précipitons jusqu'à la chambre de notre fils. Aidan enfile un kimono tout en me suivant jusqu'à la porte désespérément fermée. Je toque, frappe serait plus juste, en criant le nom de mon fils.

- Edwin !

Je frappe à la porte, encore et encore, et quand il ne se décide pas à l'ouvrir, je la défonce. J'espère que t'es pas derrière. Lorsque je parviens à ouvrir, je cherche tout de suite mon garçon du regard. Et pour une fois, c'est pas difficile.

Edwin est assis, sur le sol, au milieu de sa chambre. Sa posture n'est ni défensive ni prostré. Il est juste en assis, genoux relèves, sans faire barrage devant lui, entrain de fixer obstinément le mur d'en face. En peignoir de douche. T'as pas dormi.

On échange de nouveau un regard avec Aidan puis on convient que c'est à moi de m'approcher de la bête. Je remercie mes chaussons qui m'empêchent de m'entailler les pieds sur les bris de verre sur le tapis et le parquet. Alors que mon fils est assis, pieds nus, dessus avec pour seule barrière protégeant sa peau, le tissu de son peignoir. Je m'agenouille à côté de lui. Prudemment. Sa main gauche est rouge et marquée de trace de griffure. Edwin...

- Edwin qu'est-ce tu as fais ? je lui demande doucement en essayant de prendre sa main.

- Me touche pas ! me hurle t-il au visage en me repoussant brusquement.

Sons of Merlin - Dark ShadowsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant