Jour 164 - Une sieste plus tard :

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Bonjour à tous ! J'espère que vous allez bien et que la rentrée s'est bien passée pour les étudiants. Nous entrons dans "le dur" de l'histoire, une partie que j'affectionne tout particulièrement. Il ne reste que cinq chapitres à poster, j'espère qu'ils vous plairont. Je vous remercie et vous souhaite une belle journée, un bon week-end. 

Prenez soin de vous, 

Lou De Peyrac. 

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Je grogne lorsque que je prends conscience que je suis encore vivante. Le réveil est douloureux. Les larmes ont été nombreuses, le chagrin intarissable. Je me souviens avec précision de ses bras qui m'ont serré si fort, de mon esprit anesthésié qui a fini par céder à la fatigue. Sur moi, Hel agit comme une dose mortelle de chloroforme et m'a traîné jusqu'à mon lit. Je ne dors jamais aussi bien qu'après l'avoir rassasié.

Je ne sais pas vraiment quelle heure il est. De toute façon un filtre gris et morose voile le monde depuis le début de l'hiver, assassinant le moral des troupes. Le soleil est timide et le vent glacial s'engouffre sous les vêtements sans consentement. Dehors, c'est spleen et boule de neige, un cocktail dangereux pour une âme vagabonde comme la mienne.

Quand j'ouvre un œil, je sens immédiatement l'odeur de feuille morte et de châtaigne. J'inspire plus profondément, fais semblant de dormir encore un peu quand je comprends que ma joue s'échoue sur sa poitrine. Je tente de réprimer un sourire, peine perdue.

- Es-tu réveillée ? chuchote-t-elle.

Je me redresse difficilement, passe une main sur mon visage toujours blafard. Hel est allongée sur le dos comme une planche flottant à la surface de l'eau. Etendue de tout mon long sur elle un peu plus tôt, c'est comme si j'étais Rose Dawson et qu'elle m'avait évité une noyade. Je me décale sur un coude, observe ma dépression qui m'a sagement attendu alors que Saleté est pelotonné contre ses jambes.

- C'est l'amour fou entre vous maintenant ? je me moque gentiment.

- N'y pense même pas, me défend-elle en prenant sa voix d'outre-tombe.

Je souris, j'aime sa menace, quand elle tente vainement de me faire peur, elle qui ici ne fait plus peur à personne. Je la décortique en silence. Adieu les cheveux blancs et le teint pâle, elle a repris du poil de la bête. Ses yeux noirs brillent comme si une étoile se cachait dedans, ses cernes sont de l'histoire ancienne, son visage semble moins squelettique. Ses lèvres sanguines s'étirent en un triste sourire quand elle me sonde d'un regard un peu inquiet. Elle lève une main, caresse ma joue du bout des doigts, efface les dernières traces de mon chagrin.

- Tu veux qu'on en parle ? demande-t-elle.

Je hausse les épaules. Qu'il y a-t-il à dire ? Qu'on ne choisit pas sa famille, rien de plus. Cela me fait réfléchir.

- Tu as des parents ?

Ma question semble la plonger dans une profonde réflexion, actionne ses méninges, chamboule sa personne.

- Un jour, j'ai existé. Je n'en sais pas plus, souffle-t-elle après un moment.

- Mais tu ne te souviens de rien ? Tu n'avais même pas ne serait-ce qu'un nom ?

- Tu as été la seule à me donner un nom, joli cœur.

Elle le cache habilement mais je crois que cette dernière vérité la peine plus qu'elle ne l'aurait pensé. Je me demande alors si elle a finalement des raisons de détester les humains.

- Tu sais parfois, la famille c'est seulement une notion sociale dont on aimerait mieux se passer, dis-je en tentant de la rassurer un peu. On ne nait pas à la bonne place, voilà tout...

Le serpent avait l'air gentil.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant