Bonjour à tous !
Les jours filent au rythme des chapitres et j'espère que cette histoire vous plaît. Sachez que j'écris actuellement le dernier chapitre et que nous sommes environs à la moitié de l'histoire. Ensuite, je me concentrerai sans doute sur la suite de Trois Mille Euros Net. Je vous remercie et vous souhaite un bon week-end, une bonne rentrée.
Prenez soin de vous,
Tendrement,
Lou De Peyrac.
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La sonnerie de mon appartement retentit, un son auquel je ne suis plus si familière. J'échange un regard avec Hel, nous n'attendons personne. Je me souviens que Hel n'attendra jamais personne puisque sans moi, elle n'existerait pas. Je me lève du canapé, me traîne jusqu'à l'entrée.
Pour être honnête, je n'ai envie de voir personne. Plus le temps passe, plus mon monde se rétrécit et se retrouve en un même point central : Hel et moi. Avec patience et prudence, nous établissons une relation de confiance. Pour moi, elle s'intéresse aux pratiques humaines. Nous regardons des films, lisons des livres, elle ne parvient toujours pas à percer le mystère du micro-onde. Pour elle, j'accepte ses zones d'ombre, le fait qu'elle ne puisse répondre à toutes mes questions, à vrai dire n'en pose aucune. Nous ne reparlons pas du baiser, je ne lui en vole pas de nouveau. Comme elle l'a dit, c'est dangereux. Nous ne mesurons pas exactement le risque encouru. Comme promis, et pour reprendre ses termes exacts, elle continue "son régime sec". On est entre la diète et l'indigestion. Je ne me mêle pas de ça, je réalise que c'est quelque chose qu'elle souhaite garder pour elle, qu'elle veut gérer seule. Je crois même qu'il est inconvenant de parler de ces choses-là dans son milieu, que c'est pour ainsi dire un manque de politesse. Soit, je m'en accommode.
J'ouvre la porte, tombe nez à nez avec ma meilleure amie. Oui, la dame qui soulève de la fonte. Je l'analyse une seconde, remarque qu'elle tient une cage munie d'une poignée. Qu'est-ce que c'est ?
- Chérie, mais putain, ça t'arrive de répondre au téléphone ? s'exclame-t-elle en me sautant au cou.
Je l'étreins par réflexe, c'est ainsi qu'elle me salue parce qu'elle a vécu quelque temps aux Etats-Unis et qu'elle trouve la traditionnelle bise française intrusive. Je lui sers l'excuse minable que mon portable est sous silencieux, gît probablement quelque part. Elle me croit sur parole, je ne suis pas du genre à entretenir un quelconque lien avec les autres. Elle se permet d'entrer, elle fait toujours ça quand elle vient chez moi. Elle est le genre jovial, à l'aise chez tout le monde. En vérité, c'est en grande partie grâce à elle que nous sommes amies. Elle place beaucoup d'énergie dans notre relation. Moi, globalement, je n'ai qu'à me laisser porter et ça me convient très bien.
Je la suis dans le salon. Comme toujours, elle parle très fort, remplit l'espace. J'ai un temps d'arrêt quand je vois pour la première fois Hel en présence de quelqu'un d'autre que moi. Mon amie n'en a pas conscience, mais ma colocataire la dévisage et se recule même, clairement sur la défensive quand elle s'assoit près d'elle sur le canapé.
- Tu veux boire un truc ? je demande en tentant de taire l'étrangeté de la situation.
- Seulement un verre d'eau, merci. Je ne m'arrête pas, je venais seulement te déposer ça, explique mon amie en posant la cage sur la table basse du salon.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Un pensionnaire que je ne parviens pas à placer. Ça fait des années qu'il est à la SPA, dit-elle en ouvrant la prison improvisée pour en sortir un énorme chat noir à poil long.
Hel réagit immédiatement à la vision de l'animal et saute du canapé en grimaçant.
- Ne pense même pas à m'approcher, Saleté ! crie-t-elle à l'attention du félin et je suis surprise de la voir si virulente.
Je fais mon possible pour tenter de l'ignorer au risque de paraître cinglée et enchaîne :
- Et c'est une raison pour l'amener ici ? Je n'ai jamais dit que je voulais un chat.
- S'il te plaît, personne n'en veut, il est aussi grincheux que toi.
- C'est ça ton argument ? je demande en haussant un sourcil, gardant un œil sur la boule de poil qui se plaît déjà à découvrir mon appartement.
- Je suis sûre que vous allez vous entendre, et je t'ai apporté tout ce dont il aura besoin, sourit mon ami. J'aimerai vraiment qu'il connaisse autre chose que sa cage du refuge.
Je fronce les sourcils en voyant que le chat s'approche de Hel comme s'il la voyait aussi bien que moi. Ma belle brune se raidit alors qu'il se frotte à sa jambe.
- Je te déteste. Tu es inutile. Dégage, Saleté, grogne-t-elle. Débarrasse-moi de ça ! me supplie-t-elle.
Je retiens un rire avec peine et m'approche de l'animal pour l'attraper mais celui-ci me fuit comme la peste.
- Hm, il n'aime que toi visiblement, je lâche sans réfléchir.
- Quoi ? demande mon amie.
- Il ne m'aime pas, je corrige.
Je file chercher le verre d'eau demandé dans la cuisine pendant que mon amie me raconte à quel point le refuge dans lequel elle travaille manque de budget. Hel me rattrape rapidement et décide, visiblement furieuse :
- Il est hors de question qu'on le garde !
- Alors comme ça tu as peur des chats, c'est mignon, je chuchote.
- Je n'en ai pas peur, je les méprise !
- Pourquoi ?
- Tu sais ce que chassent les chats ?
- Les souris ?
- Les dépressions ! rectifie-t-elle.
- Celui-ci a pourtant l'air de t'apprécier.
- C'est pour mieux planifier ma perte, ils sont fourbes, râle-t-elle en croisant les bras et je lui trouve des airs de complotiste.
- Tu ne crois pas que tu exagères un peu ?
- Ça va, chérie ? m'interpelle mon amie.
- Oui, j'arrive !
Hel jette un regard assassin vers le salon.
- D'ailleurs, c'est qui cette fille ?
- Une amie de longue date, rien de plus.
- Tu ne m'en as jamais parlé, accuse-t-elle.
- Tu n'as jamais demandé. Il faut savoir qu'elle est la personne la plus têtue que je connaisse, alors on va être forcé de garder le chat, je suis navrée.
- Je la maudis, elle et son imbécile de fauve !
Je soupire en remplissant un verre d'eau, puis me tourne vers Hel.
- Je n'ai pas la force de gérer ta colère pour le moment. Je ne comprends même pas d'où elle te vient. Alors calme-toi et sois gentille.
Sur ces mots, je quitte la cuisine, laissant une dépression furibonde derrière moi. Quand je reviens dans le salon, mon amie a déjà remis son manteau et s'excuse de devoir y aller, prétextant du travail. Elle boit le verre d'eau d'une traite et me fait promettre de lui donner de mes nouvelles plus souvent. Elle ne me sermonne pas d'avoir résilié mon abonnement à la salle de sport, je crois qu'elle n'est même pas au courant. Je la raccompagne. Elle m'offre une longue étreinte et je remarque le regard meurtrier que Hel lui donne en retour. Je ferme la porte de mon appartement pour retrouver le vide ambiant.
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Le serpent avait l'air gentil.
RomanceCe n'est plus un secret, elle est dangereuse pour ma survie. J'adopte définitivement la vision du serpent. Ici, elle est l'animal et le maître à la fois. Charmeur en planque. Et moi... moi je pourrai danser comme ces foutus reptiles si elle se décid...