Jour 171 :

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Bonjour à tous, un chapitre que j'aime beaucoup ce matin, j'espère qu'il vous plaira tout autant. 

Prenez soin de vous, à vendredi prochain, 

Tendrement ;)

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Le mois de mai est étonnamment chaud, même d'une douceur qui apaise les cœurs fragilisés par l'hiver. Les soirées sont attirantes, dirai-je même sensuelles par leur noirceur. Celles-ci m'attirent, me laissent omettre mon passé trouble, mon intérieur ravagé. Nous sommes nombreux ici. Entassé dans cette grande maison qui existe seulement pour accueillir du monde qui l'ébranlerait un peu. Je ne connais personne mise à part mon amie qui se pâme un peu plus loin entourée de ses congénères parisiens. Ils sont splendides et ils m'apparaissent d'une esthétique capable d'aimanter quiconque à leur peau. Ils sont tout d'or et de paillettes, gesticulent et parlent forts. Divas coincées dans des corps d'Apollon. Ils n'ont plus de monde à conquérir, ses copains de Paris, seulement des esprits à ouvrir. En vérité c'est comme si le monde était taillé pour eux comme un costume sur mesure.

Mon amie est ce qu'on appelle une fille à pédés. Elle les attire comme une lumière brûlerait un papillon. Ils marchent dans sa combine, elle devient « la fille de la bande ». Pour le portrait que j'ai sous les yeux, mon cœur balance entre un concours de sosies de David Bowie et la réunion d'anciens élèves des potes de Freddie Mercury. Ça a un goût de nouveauté avec le savoir-faire d'autrefois, une génération qui s'inspire de la précédente en ne gardant que le plus beau.

Ça boit du vin blanc, quelque chose qui se veut chicos mais qu'on peut trouver à bas prix. Ça mange du concombre à la place des chips, s'enfile des carottes comme des Curly, mais ça craque encore pour un Monster Munch seulement parce que même si ça se dit bobos, ça garde son âme d'enfant.

Mon amie, celle qui soulève de la fonte, a toujours été fascinée par eux, les « qui n'ont eu pas de chance », les « rejeté par certains qui ont su en trouver d'autres », autrement dit, les copains de Paris. Et c'est chez eux que je suis ce soir.

Je sens que j'ai une place ici, qu'ils pourraient même m'offrir un bout de pavé à mon nom comme sur Hollywood Boulevard. Ils ne cessent de remplir mon verre, garde sur moi un œil attentionné, me couvre de mots doux. Ils m'appellent « mon ange », « mon amour » et j'en passe. Leurs manières sont chaleureuses, leurs sourires enivrants. Je pourrais me laisser tomber dans ce monde même si je sais qu'il n'est pas le mien. Après tout, mes livres se vendraient tout aussi bien à Paris. Et pourtant... ce soir, alors que le vin bon marché me monte à la tête, je ne pense ni à l'or, ni aux paillettes...

Comment va Hel ? C'est vraiment la seule question qui tourne en boucle et se cogne contre les parois de mon crâne. Une semaine sans elle et c'est comme si mon âme n'avait plus de peau.

Ils sont entassés dans ce grand salon, ils ont l'art de la fête, connaissent les ficelles du rire, sont les gardiens du secret du bonheur et malgré moi, je reste spectatrice de ce monde qui me tend les bras. Parce que je n'ai qu'une envie : rentrer chez moi. Les copains de Paris et leur joie de vivre ne peuvent pas lutter contre ma dépression.

Cela fait sept jours que je suis ici. Sept jours d'alcool, de soirées interminables, de vigiles à charmer, de connaissances éméchées à ramener. Et sept jours durant lesquels je n'ai jamais cessé de penser à Hel. Je sais à quel point elle méprise les fantômes et pourtant c'est tout comme qu'elle m'apparaît durant cette semaine. Elle me hante, reste dans un coin de ma tête comme si je l'avais rangé dans un placard, bien incapable de m'en séparer.

Vivre loin d'elle m'épuise plus que ce que je le pensais. Sans elle, mes émotions semblent bien sans saveur et c'est vide en sonnant creux que j'affronte le monde. Mes sentiments s'inclinent et disparaissent, je vois passer la vie comme un train poussé à grande vitesse que je ne parviens pas à attraper. J'ai la sensation d'être resté tétanisé sur le quai, comme si on m'avait laissé sur le bord d'une autoroute en se plaisant à continuer sans moi, s'étant dit que c'était mieux comme ça. Spectatrice d'une existence que je ne comprends pas, Hel n'est plus là pour me souder les pieds au sol et c'est faible en dedans, comme bloquée en noir et blanc que je survie.

Le serpent avait l'air gentil.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant