𝐎𝐍𝐄

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La chaleur de ma cigarette me brûla les doigts, m'arrachant à ma bulle de réflexions, tandis que l'odeur d'humidité vint me chatouiller les narines. Le bruit de quelques gouttes tombant parvint à mes oreilles. Je me rappelai de nombreux détails de cette nuit-là. La douleur, les sons et même les senteurs, c'était gravé dans ma mémoire. La seule chose qui m'échappait était le visage de cet homme. Il continuait de hanter mes pensées, et mes rêves, et cela plus d'une décennie après. Je ne parvenais pas à le remettre et cela avait quelque chose d'on ne peut plus frustrant. Je voulais savoir qui m'avait sauvée... enfin s'il m'avait réellement sauvée. Je n'avais aucune idée de ce qui avait conduit à toute cette situation. Peut-être que ce type était seulement là pour mon paternel pour x ou y raison et que je n'étais qu'un colis rapporté. Quoi qu'il en soit, j'étais devenue orpheline à partir de ce moment-là, j'avais sept ans. Mon géniteur avait tué ma mère en la rouant de coups et ensuite ce gars l'avait bousillé à son tour. Notre appartement avait été une véritable scène de crime, il y avait tellement d'hémoglobine et le visage de mon père... on ne pouvait même plus nommer cela un visage.

Ça s'était juste transformé en une bouille informe et sanguinolente. Il lui avait aussi brisé et coupé des doigts de ce que j'avais aperçu. Même si j'avais rapidement été écartée pour ne pas en voir plus que nécessaire. La femme qui était là ce soir-là s'appelait Aïsha, par je ne sais quel miracle, elle était parvenue à obtenir ma garde et devenir ma tutrice légale. Elle avait organisé les funérailles de ma défunte mère, m'y avait accompagné et ensuite avait rempli son contrat en me fournissant un toit, de la nourriture, une éducation et tout le reste. Mais Aïsha était une personne froide et dure, elle ne donnait pas d'affection, nous n'avions jamais réellement eu de contact physique toutes les deux. Juste le strict minimum. Pas d'étreinte, pas de bisous ou de caresses dans les cheveux, il me fallait me contenter de quelques rares sourires et de compliments quand je faisais quelque chose de bien. Elle ne répondait pas non plus à mes interrogations sur cet inconnu en costume noir, pourtant, elle savait qui il était. Alors j'avais fini par arrêter de poser des questions.

Sauf que j'avais bien vite montré un comportement difficile en grandissant. Les crises de colère, les fugues et les insultes étaient tout ce que j'avais fini par lui offrir. Et cela sans ressentir la moindre culpabilité, je n'y arrivais juste pas. Surtout qu'elle semblait en tous points n'en avoir rien à faire, toutes mes conneries lui coulaient dessus comme de l'eau glissait sur une surface hydrophobe. Par conséquent, j'avais continué, même si Aïsha me retrouvait toujours lorsque je disparaissais sans rien dire et je n'avais aucune idée de comment elle faisait. Cependant, avec les années, j'avais petit à petit commencé à me rendre compte que je ne faisais pas tout ça uniquement parce que j'avais envie d'être rebelle avec ma tutrice. J'avais besoin de sensations fortes, d'évacuer ma frustration et ma colère, de me sentir en vie tout simplement.

𝐌𝐲 𝐃𝐞𝐚𝐭𝐡 𝐀𝐝𝐝𝐢𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧Où les histoires vivent. Découvrez maintenant