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On avait mis ma mère en terre la veille, sous une pluie battante, comme si c'était l'astre solaire qui s'était éteint en même temps qu'elle. J'avais encore la vision de son superbe cercueil blanc qui disparaissait sous des amas de terre jusqu'à ce qu'il ne soit plus visible. Pour moi, ce n'était pas réel. Seulement une mauvaise blague que quelqu'un me faisait. Cette tombe était forcément vide, le corps de mon soleil ne pouvait pas se trouver entre quatre planches. Mon esprit de petite fille ne pouvait pas l'accepter.
Voilà comment je m'étais retrouvé au cimetière, au milieu de la nuit, à creuser à corps perdu le sol fraîchement retourné. Mes mains encrassées étaient douloureuses et je n'avais même pas créé un si gros trou. Je n'abandonnai pourtant pas. Je voulais désespérément croire que ce n'était qu'un mauvais rêve tout ça. Qu'elle ne se trouvait pas là-dessous ! Je salopai mon visage en essuyant mes joues souillées par les larmes qui me brouillaient la vue, ainsi que la morve qui s'écoulait de mon nez. Sur le point de remettre une de mes extrémités dans l'ouverture que j'avais créée, une voix familière m'interpela.
— Je peux savoir à quoi tu joues, Melinoë ?
Je me figeai alors que mon souffle s'arrêta et mon cœur tambourina contre mes côtes. Avec une prudence démesurée, j'orientai mon attention vers la femme noire qui me toisait sévèrement. Vêtue d'un pyjama en soie pourpre, Aïsha attendait que je m'explique vis-à-vis de mes actes insensés. Je fus incapable, les mots restant coincés dans ma gorge.
— Il est presque trois heures du matin, me rappela-t-elle, contrariée.
Je demeurai mutique un moment avant de, finalement, parvenir à articuler quelque chose.
— Je veux que ma maman revienne... je veux qu'elle...
— Elle ne reviendra pas Melinoë.
Ces paroles furent comme un coup de poignard dans le cœur et mes larmes redoublèrent alors que je commençai à sangloter de manière bien audible.
— Et pleurer non plus ne la ramènera pas, insista ma tutrice, froide comme la glace. Fais-toi une raison, la mort est un état définitif. Tu pourras pleurer ou venir remuer la terre de sa tombe tous les jours, cela n'y changera rien. La seule chose que tu peux faire maintenant, c'est t'apitoyer sur ton sort ou prendre la décision d'avancer. Mais je n'ai pas l'intention de venir te chercher ici tous les soirs, jeune fille.
Je la détestais.
Je la détestais vraiment.
Pourquoi ne pouvait-elle pas me serrer dans ses bras et me réconforter ? Étais-je à ce point indigne de recevoir son affection et sa compassion ? Si elle me haïssait tellement, pourquoi avoir pris la peine de m'accueillir ? Parce que cet homme le lui avait demandé ? Je ressentis soudain une présence toute proche de moi, cela me fit lever le nez. Et quelle fut ma surprise à l'instant où je me découvris, en jeune adulte. Je me toisai d'un air presque méprisant. Cela me donna froid dans le dos et mes larmes se tarir alors qu'un profond sentiment d'inconfort me gagna. Je vis mes propres lèvres remuer jusqu'à entendre ces mots :
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𝐌𝐲 𝐃𝐞𝐚𝐭𝐡 𝐀𝐝𝐝𝐢𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧
RomanceJeune femme de tout juste dix-huit ans, Melinoë est hantée pour le souvenir d'un homme qu'elle a vu assassiner son père onze ans auparavant. Ce fantôme de son passé ressurgira un beau jour pour lui sauver la vie. Un homme mystérieux, sans nom, qu'el...