Jeune femme de tout juste dix-huit ans, Melinoë est hantée pour le souvenir d'un homme qu'elle a vu assassiner son père onze ans auparavant. Ce fantôme de son passé ressurgira un beau jour pour lui sauver la vie. Un homme mystérieux, sans nom, qu'el...
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La clarté du matin pénétrait petit à petit dans la chambre, m'arrachant aux mains de Morphée. J'y aurais volontiers demeuré encore un peu après la nuit agitée que j'avais passée. Enfin, que nous avions passé. Délaissant la vision du plafond, je tournais la tête en direction de la silhouette dévêtue qui me faisait dos. J'admirai les lignes de son corps subtilement mises en valeur par la lumière naissante de l'aurore. Ses longues mèches formant une rivière d'encre sur les draps clairs du lit.
Elle était parfaite.
Je me considérais chanceux de me réveiller à ses côtés depuis plusieurs mois maintenant. D'autant que réussir à passer outre sa méfiance avait été un travail de longue haleine. Melinoë était comme un animal sauvage, personne ne lui dictait sa conduite ou ne lui imposait ses envies. Libre et féroce, elle n'accordait ses faveurs qu'à ceux qu'elle estimait dignes. Je ne savais pas comment j'étais parvenu à l'amener à avoir confiance en moi après ce qui était arrivé l'année dernière. J'essayais, chaque jour, de lui prouver que je n'avais jamais eu de mauvaises intentions envers elle à l'origine. C'était Lui que j'avais voulu faire tomber. Et elle avait réalisé mon rêve, ce jour-là, sur le toit de cet hôtel à Venise. J'avais été abasourdi par ce retournement de situation, persuadé qu'elle aurait tout fait pour me convaincre de ne pas le faire exécuter malgré la trahison qu'il lui avait fait vivre.
Cela n'avait fait que faire grandir ma fascination et mon affection pour cette jeune femme. Tendant la main, je retraçais le tatouage qui avait fleuri sur sa peau quelques mois plus tôt. Celui-ci prenait la forme d'un serpent aux écailles de jais s'enroulant autour du haut de son biceps, englobant son épaule et terminant son tracé sur son omoplate. Le tout agrémenté par des fleurs. Des ancolies, il me semblait, je n'en étais pas certain. Mon touché la poussa à remuer et s'allonger sur le dos, m'exposant ainsi ses seins nus. Ma langue humidifia mes lèvres à la vision des deux monts de chairs tentateurs, mais pas question de faire quoi que ce soit sans son consentement. Je quittai alors le lit, enfilant un boxer et un bas de jogging anthracite avant de gagner la cuisine.
Je ne fus pas étonné d'y trouvé Jillian déjà réveillée. Elle était extrêmement matinale, ce qui devait être en lien avec son habitude de se coucher à l'heure des poules. La quinqua m'adressa un sourire aussi doux qu'un nuage lorsqu'elle m'aperçut.
— Bonjour, Armani, tu as bien dormi ?
— Bonjour Jill, lui retournai-je en déposant une bise sur sa joue, très bien, je te remercie. Toi, toujours aussi matinale.
