Jeune femme de tout juste dix-huit ans, Melinoë est hantée pour le souvenir d'un homme qu'elle a vu assassiner son père onze ans auparavant. Ce fantôme de son passé ressurgira un beau jour pour lui sauver la vie. Un homme mystérieux, sans nom, qu'el...
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— Allez la belle au bois dormant, on se réveille !
Une sensation froide m'envahit tandis que je quittai l'obscurité pour revenir à la lumière. Enfin, pas tout à fait, l'éclairage était pauvre autour de moi, tant que cela ne me brûlait même pas les yeux alors que je les avais gardés loin de la clarté pendant un bout de temps. La sensation désagréable qui m'avait extraite de l'inconscient n'était rien d'autre qu'un seau d'eau glacée en pleine figure. Je soufflai pour expulser un peu du liquide qui me coulait sur et dans la bouche. Je me remémorai les évènements et jurai incognito entre mes dents. Je savais où est-ce que je me trouvais, enfin non, pas où, mais plutôt avec qui. Ce qui expliquait mes mains ligotées au-dessus de ma tête avec une chaîne qui me tirait douloureusement la peau et mes orteils qui frôlaient à peine le sol.
Un des hommes de Roy s'avança vers moi et ma réponse fut instinctive, mon pied se logea dans son estomac, lui arrachant un gargouillis suivi d'un juron. Ils m'avaient peut-être attrapée, mais je n'avais en aucun cas l'intention de me laisser docilement faire. Un rire, un peu plus loin, dans cette pièce mal éclairée, et puant l'humidité, attira mon attention. Mon ex-dealer paraissait particulièrement amusé par ma réaction. Je le vis s'approcher avec le rictus aux lèvres, il n'était même plus contrarié puisqu'il était parvenu à me coincer et qu'il allait pouvoir faire ce qu'il voulait de moi.
— Je te reconnais bien là, Melinoë, une petite sauvage qui ne sait jamais quand s'arrêter. Ça va ? Le manque ne commence pas trop à se faire sentir ?
— Non, je te remercie, je vais bien, crachai-je avec un petit sourire méprisant.
Je savais que je ne devais pas faire la fière dans des circonstances comme celles-ci, mais c'était plus fort que moi. Depuis l'adolescence j'étais ce type de fille provocatrice même dans les pires situations. Comme si rien ne pouvait m'atteindre, alors que je n'étais pas immortelle. Les doigts de Roy vinrent refaire le contour de mon visage, glissèrent le long de ma gorge et terminèrent leur course au-dessus de ma poitrine apparente à travers mon haut imbibé par l'eau.
— Je suis déçu de toi, vraiment, je pensais pouvoir te faire confiance, mais tu n'es rien d'autre qu'une petite traînée avec un égo surdimensionné. Mais ce n'est pas grave, tu vas t'acquitter de ta dette en travaillant à nouveau pour moi. Une jolie fille comme toi aura beaucoup de succès, j'en suis sûr.
Une grimace de dégoût tordit mon faciès, j'étais certaine qu'il allait faire quelque chose comme ça. C'était tellement prévisible. Il aurait pu me prendre un rein, ou n'importe quel autre organe, mon ardoise aurait été réglée, mais non, aucune originalité. C'était bien un homme. Je lui crachai dès lors à la figure, ce qui l'amena à légèrement détourner la tête avant qu'il s'essuie du revers de la main. Il m'adressa alors un regard haineux auquel je me fis un plaisir de répondre par un sourire dédaigneux.
