Jeune femme de tout juste dix-huit ans, Melinoë est hantée pour le souvenir d'un homme qu'elle a vu assassiner son père onze ans auparavant. Ce fantôme de son passé ressurgira un beau jour pour lui sauver la vie. Un homme mystérieux, sans nom, qu'el...
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L'air s'engouffrait dans l'habitacle par ma fenêtre ouverte, faisant voler quelques-unes de mes mèches obsidiennes. Le titre Call Me de Blondie raisonnant dans la voiture alors que j'observai le paysage défiler en fredonnant les paroles qui s'enchaînaient. Il y avait presque huit heures de trajet entre New York et Cleveland, nous roulions depuis environ trois heures maintenant sans que nous ayons vraiment échangé. Juste quelques phrases par-ci par-là. Je n'étais pas extrêmement bavarde, mais Ghost, c'était bien pire. Il ne conversait que si je lui parlais.
Le mirant en catimini du coin de l'œil, il était concentré sur la route, ses cheveux ondulant subtilement à cause de l'air qui pénétrait dans la voiture. Son expression était parfaitement stoïque, ça me rendait presque admirative. Et surtout, cela réveillait en moi cette envie de voir jusqu'où il faudrait aller pour obtenir une réelle réponse de sa part. Il avait presque la quarantaine, mais était loin d'être déplaisant à regarder, il me fallait l'avouer. Je ne m'étais jamais sentie attirée par des hommes dans cette tranche d'âge et n'avais jamais eu dans l'idée de le faire. Pourtant une petite voix dans ma tête me poussait à vouloir faire réagir cette statue vivante. Mais je ne savais pas comment m'y prendre, là aussi, c'était une première pour moi de me retrouver face à un type aussi stoïque. J'avais l'habitude avec Aïsha et puisque je ne m'étais jamais intéressée à une femme, c'était moins dérangeant. Mais une attitude aussi froide et mutique de la part d'un homme, c'était déstabilisant.
Il me jeta un coup d'œil à cause de mon regard appuyé sur lui puis retourna ensuite à la route. La musique prit fin et il daigna ouvrir la bouche à ce moment-là.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Je me demandais jusqu'où il faudrait que j'aille pour te faire perdre cette allure de statue, lui confessai-je franchement. Est-ce que l'idée que je puisse te sucer pendant que tu conduis te paraît excitante ?
Un sourire vicieux avait étiré mes lippes à la suite de cette question incroyablement déplacée, mais son air ne changea pas. La suite me fit tressaillir lorsque sa main droite se referma sur ma mâchoire pour m'obliger à me rapprocher de lui, près, très près. Il tourna la tête pour me regarder droit dans les yeux, notre proximité fit se frôler nos nez et son souffle caressa mes lèvres.
— Si c'est pour dire des choses obscènes, garde cette bouche vicieuse close, Melinoë.
— Pourquoi ? Tu aimes que je te dise des choses sales, peut-être ?
Il me repoussa de mon côté avec une certaine force, mon dos se heurtant alors à la portière tandis qu'un franc éclat de rire m'échappa. Ce n'était pas la réaction que j'espérais, mais c'était quand même quelque chose, donc ce n'était pas si mal. Était-il prude ou quelque chose du genre ? Probablement et cela voulait dire qu'il y avait de quoi pouvoir grandement s'amuser. Il était différent d'Aïsha, je le sentais. Il ne pourrait pas se montrer aussi indifférent que mon ancienne tutrice, c'était une certitude.
