Chapitre 10 : William

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Le lundi suivant.

Je n'ai pas cessé de penser à lui tout le week-end et même encore aujourd'hui. Y compris au retour de Hope. Je me suis efforcé de paraître comme à mon habitude, mais rien y fait. Fort heureusement, elle n'a rien remarqué ou du moins, elle ne m'a pas questionné. Mais j'avais bien vu qu'elle ressentait que j'étais différent depuis son départ. Ma fille est beaucoup trop maligne pour se laisser berner, ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle s'en aperçoive. Pourvu que ce jour n'arrive pas aujourd'hui, car dans quelques instants, je la retrouverai à la sortie de l'école et nous irons tout droit au café. C'est comme s'avancer sur un peloton d'exécution, en traînant des pieds.

Mais, installé dans ma voiture et en regardant les voitures statiques devant moi et sur le côté, j'en déduis que ce moment arrivera plus tard que prévu. Je soupire, les deux mains sur le volant. Saletés de bouchons ! Je vais être en retard. À vrai dire je le suis déjà un peu, mais là c'est de pire en pire. Plus le temps passe et plus la circulation se fait dense. À croire qu'on s'est tous donné rendez-vous en même temps. J'ignore s'il y a un accident. Quoique, je ne pense pas, sinon on entendrait la sirène de la police ou bien d'une ambulance. Tant mieux j'ai envie de dire.

Je tape mes doigts nerveusement sur le volant tandis que mes yeux s'aventurent sur le tableau de bord où est indiquée l'heure. Je suis parti du boulot à l'heure habituelle, mais ayant fini par une visite, l'appartement se situait à l'autre bout de la ville. Je peux au moins me consoler en me disant que le client s'est positionné sur ce bien. Hélas, ça m'empêche de récupérer ma fille. C'est bien la première fois que ça m'arrive. Moi qui ai pris l'habitude d'être disponible n'importe quand pour elle.

— C'est pas vrai, mais avancez..., marmonné-je en tapant cette fois-ci du pied.

Le bruit incessant des klaxons va avoir raison de moi. Je ne sais pas pourquoi ils s'acharnent. Ça ne va nous faire avancer davantage. Comme si nous n'étions pas au courant de l'embouteillage. Voici le genre de personne qui m'insupporte. Ils croient dur comme fer que s'ils expriment leur mécontentement, tout va finir par s'arranger alors que non. Ça fait juste chier tout le monde et je commence à avoir les nerfs à vif. Bien évidemment, pile au moment où je pensais que ça ne pouvait pas être pire, la pluie se met à tomber. Les petites gouttes qui s'abattent sur mon pare-brise se transforment en un véritable torrent, à tel point que je ne vois plus les nuages d'un gris orageux.

Je gémis et pose mon front sur le volant en me rappelant que j'ai oublié mon parapluie au bureau. Mais ce n'est pas grave tant que Hope a le sien dans son sac. Je pense plus à elle qu'à ma propre personne. Est-ce que cela fait de moi un papa poule légèrement excessif ?

Je lève ma tête pour me tenir au courant de l'heure. Hope va sortir dans dix minutes et il est impossible que j'y arrive à temps même si la circulation se rétablit. Je n'ai pas le choix que de demander à quelqu'un d'autre de venir la chercher, mais qui étant donné que l'école ne peut pas la garder jusqu'au soir ? Élisabeth et Amanda se retrouveront coincées elles aussi et sont probablement déjà retenues ailleurs. Alejandro est en visite et mes parents sont trop loin...

Merde, merde, merde.

Je me redresse en collant mon dos au siège. Toujours en tapant du pied, je laisse mes yeux vagabonder à ma gauche où des passants se dépêchent pour s'abriter dans un bar. Ma jambe s'immobilise.

Un bar.

Mes derniers neurones se connectent. Il n'y a qu'une seule personne capable de m'aider. Quelqu'un qui se situe à quelques pas de l'école.

Nerveux, je dégaine mon téléphone et recherche sur le moteur de recherche, d'une main tremblante, le numéro de téléphone d'un certain café. Je le trouve très facilement. Je prends une grande inspiration puis une lente expiration avant de cliquer sur le numéro.

Temptation - Love's resilienceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant