Chapitre 15 : William

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Le lundi suivant.

— Je vous prie de bien vouloir m'écouter ne serait-ce que quelques minutes afin qu'ensuite vous m'expliquez clairement la raison de ce revirement, me démené-je au téléphone avec un des clients dont m'a parlé Alejandro samedi.

Je fais les cents pas dans mon bureau dans l'unique but de détendre mes nerfs. C'est le troisième appel que je passe. Oui, trois, car un autre client a décommander ce matin. J'ai essayé de joindre tous les clients le plus tôt possible, mais entre ceux qui ne répondent qu'à la troisième sonneries et ceux qui ignorent les appels... je suis bien rendu ! Mon ami a essayé de son côté, sans succès.

— Non, ce que je ne comprends pas, c'est que vous étiez très satisfait par cette visite. J'ai contacté le propriétaire et je ne...Oui, tout à fait et c'est pour ça que... Je vous demande pardon ? dis-je en fronçant les sourcils. Non, je... allo ?

J'éloigne mon téléphone de mon oreille et constate avec stupéfaction qu'il m'a bien raccroché au nez.

Espèce de sale... Non, je ne vais pas terminer cette phrase. Je dois montrer l'exemple à Hope en contenant ce vocabulaire fleuri.

Je pose mon portable sur le bureau - bien que le mot jeter soit plus correct - et je couvre mon visage de mes mains au moment où la porte de mon bureau s'ouvre après que la personne ait toqué, juste assez pour me prévenir. Je remballe ma nervosité face à Alejandro et adopte une posture faussement détendue, les mains sur mes hanches.

— Alors ?

Je hausse lentement les épaules.

— Alors... je crains que nous devons trouver de nouveaux clients.

Alejandro laisse échapper un léger soupire, je peux y sentir son exaspération. Son regard est sérieux. C'est d'ailleurs une des seules fois où je l'ai vu ainsi, lui qui a pour habitude d'avoir une attitude positive.

Il ferme la porte derrière lui.

— Ça tombe plutôt mal. Déjà qu'avant nous n'explosons pas nos ventes...

Je fais le tour de mon bureau pour m'asseoir lourdement sur ma chaise, épuisé par cette bataille alors que nous sommes que lundi.

— Je sais, soupiré-je.

Mon ami se déplace et vient occuper le siège en face de moi.

Un silence de mort s'abat dans la pièce. Ni lui ni moi ne voulons continuer sur cette discussion aussi déprimante qu'une éloge funèbre. À mon sens en tout cas.

Pourtant, je ne deviens plus très sûr de moi quand à notre volonté d'arrêter cette conversation quand j'examine la tête d'Alejandro. Le regard perdu, il fronce les sourcils.

— Qu'est-ce qu'il y a ? l'interrogé-je, curieux.

Il se réveil tout à coup de sa transe et me fixe.

— Non, rien. Je réfléchissais, c'est tout.

— Par rapport à quoi ?

Il marque une pause suspicieusement bien trop longue pour répondre :

— Ce n'est rien, je t'assure. C'est encore une des mes réflexions what the fuck, trop improbable pour que ce soit vrai.

Ah oui, c'est quelque chose en effet, les pensées d'Alejandro. Une fois, par exemple, il a cru qu'un de ses voisins était un tueur à gage parce qu'il rentrait très tôt le matin, s'habillait toujours très sombre et avait une arme attachée à sa ceinture. Spoiler alert, il était veilleur de nuit dans un hôpital. Dans son dos était marqué « sécurité ». Tu parles d'un tueur à gage...

Temptation - Love's resilienceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant