Chapitre 13 : William

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Le lendemain.

— Et voici pour vous. Bon appétit et excellente journée, nous souhaite le vendeur de gaufres dans sa camionnette.

— Merci, à vous aussi, dis-je en récupérant la mienne et celle d'Alejandro sur le comptoir.

Aussitôt refilé, ce dernier ne perd pas de temps pour croquer sa première bouchée.

C'est ici, dans la quarante-deuxième rue, une des plus fréquentées du quartier de Manhattan, que nous avons décidé de nous promener aujourd'hui. À peine étais-je rentré de ma formidable soirée, que je m'étais empressé de la raconter à Élisabeth et Alejandro sur notre conversation groupée. Ils ont été plus que ravis que ce se soit bien passé, si ce n'est plus, étant donné l'état où je me trouvais avant notre rendez-vous. C'est à dire tétanisé.

Beth qui est une fervente adepte des messages vocaux, m'en a envoyé plusieurs où elle ne cessait d'exprimer sa joie et son excitation, autrement dit, en criant. Elle était intenable. À croire que c'était elle qui avait été à ma place. Place que je n'aurais refusée sous aucun prétexte. Enfin, je dis ça maintenant, parce que je sais comment ça s'est terminé...

Élisabeth avait tellement monopolisé la conversation qu'Alejandro n'avait eu le temps que de glisser deux messages sur les dizaines. C'est alors qu'il m'a demandé si j'étais libre le lendemain et de fil en aiguille, on a décidé de passer l'après-midi ensemble. Pas le matin, car monsieur n'était pas chez lui. Il fut un temps où je me demandais comment il faisait pour enchaîner les relations - non sérieuses j'entends bien - aussi rapidement, mais à présent, je comprends.

D'une : c'est un très bel homme. Et de deux : c'est nettement plus pratique, si je puis dire, de ne pas s'attacher à l'autre.

Je sais que j'aurais du mal avec ça, parce que sans ce lien, il m'est impossible de trouver le bonheur. J'aurais l'impression d'être toujours aussi seul. Se contenter d'un coup d'un soir sans sentiments me parait très solitaire. C'est mon côté romantique qui me le fait comprendre. Alejandro, lui, n'a pas été bercé par les romances, que ce soit de noël ou bien classique. il faut dire aussi qu'il n'a pas eu d'exemple parental. Moi j'ai la chance d'avoir des parents amoureux jusqu'au premier jour, pas lui, et ça m'attriste. Hélas, lutter contre son parcours de vie n'est pas aussi facile qu'on ne le pense. Fort heureusement, cela n'a rien enlevé à sa joie de vivre.

— Alors ? Tu comptes me raconter comment s'est passée votre premier date, en détail bien évidemment, ou je dois le deviner ? je suggère tout en marchant et en tenant sa gaufre. Avec tous ses cris, je n'ai rien pigé de la conversion. Mais rien qu'à voir ton sourire débile, je suppose que tu as beaucoup apprécié.

— Un peu oui ! explosé-je en sautant presque. Bon sang ! C'était... réfléchissé-je en trouvant les bons mots qui ne viennent pas.

— Bandant ?

Je passe outre cet adjectif qui fait partie intégrante de son vocabulaire.

— Non, pas ça (même si mon corps était en parfait accord sur ce point). Je dirais plus... irréel.

— Ohhhh, à ce point ? roucoule-t-il en reprenant une bouchée tandis que je n'ai pas encore touché à la mienne, trop pris par l'histoire.

— Oh que oui ! Tu n'imagines pas à quel point. Bien que je me sentais étrange de voir Mark en dehors du café, et habillé comme s'il s'apprêtait à défiler, ça a été le plus beau rendez-vous de toute ma vie. Jamais je n'aurais pensé avoir notre premier baiser sur une patinoire avec vue sur la ville. C'était magnifique.

Autant qu'il l'était.

— Très romantique et très bon choix.

Je descends de mon euphorie en relâchant les épaules.

Temptation - Love's resilienceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant