La machine finit de déverser le café dans la seconde tasse prévu pour mon invité qui attend dans le salon. Je tire le tiroir pour en sortir deux cuillères et les mets sur les petites coupelles.
— Tu veux du sucre ? demandé-je assez fort pour être entendu depuis ma cuisine.
— Non, merci, me répond Jamie.
Je suis contente de l'avoir à la maison pour un dimanche, depuis le temps qu'on ne s'est pas vu. Pas facile avec nos boulots respectifs qui nous pompent. Lorsque je suis dispo le week-end, c'est lui qui ne l'est pas ou inversement. Jongler entre patron de café - faisant également serveur - et les shooting photo, ce n'est pas de la tarte.
Heureusement que Noé, notre second serveur, revient dans une semaine. Ce qui veut aussi dire que je ne verrais plus William tous les jours. Et ça, ça me peine énormément... Toutefois, je suis actuellement en train de voir avec mon personnel si ça serait sage que je parte alors qu'il nous manque encore deux bras. Ceux de Christy qui est, et restera, difficilement disponible après la naissance du bébé. La pauvre, je ne vais tout de même pas lui refuser de congés maternité. J'ignore si c'est mon côté altruiste ou égoïste qui me souffle cette idée, mais elle me plaît !
Je prends les tasses de café, les emporte dans le salon en faisant attention de ne rien renverser, puis les pose sur la table basse, en face du canapé où est installé confortablement mon ami, prêt pour que je lui raconte tout ce qu'il s'est passé à compter de notre dernier moment passer ensemble. Bien sûr que je l'ai tenu au courant de mon avancée avec Will, notamment nos petits échanges, mais j'ai laissé la surprise pour la fin.
Ses lèvres montent jusqu'à ses joues.
— Alors ? s'impatiente-t-il en récupérant sa tasse fumante.
S'il s'attend à ce que je lui dise ce que nous avons fait vendredi soir, il se met le doigt dans...
— On s'est embrassé, avoué-je sans tergiverser.
Et merde !
Parfois j'aimerais me taire, mais c'est plus fort que moi. Il faut croire que je suis plus impatient que lui.
La bouche de Jamie s'ouvre et forme un « O », sans pour autant perdre de son sourire. Il est surpris et en même temps avide de détails. Je vois clair dans ses pupilles brillantes malgré ses lunettes. Parce que oui, maintenant il en porte. Il m'a confié avoir eu du mal à lire les panneaux d'indications à l'hôpital, dans les coins qu'il n'avait pas l'habitude de prendre, alors qu'il était à cinq mètres. Ce qui fait que Jamie a atterri dans la buanderie au lieu du bureau de son collègue. J'étais plié en deux quand il m'a peint la scène. Un homme et une femme étaient en train de... jouer aux échecs - ou au twister - quand il a ouvert la porte. Eh bien, il ne l'a jamais fermé aussi rapidement de sa vie.
Bref, ça lui va super bien ! Cela renforce son côté intello et geek que je trouve très attachant. Pas étonnant que mon frère craque sur lui. S'il le voit avec des lunettes, son cerveau va vriller. Pauvre petite chose... Je le connais par cœur.
— Ne lésine sur aucun détail, me commande Jamie d'une voix trahissant son excitation. Je ne veux rien louper.
Il va être servi.
***
— Je n'ai qu'un mot à dire : waouh, s'exprime-t-il après ma longue tirade.
Nous sommes toujours assis sur le canapé, nos tasses froides et vides, exceptées de marc de café. Je n'ai tout simplement pas pu m'arrêter, à peine que je fusse lancé dans mon récit. Je retenais ça en moi depuis déjà une journée. Le dire à mon meilleur ami, mon confident, me libère d'un pont immense. Je craignais de devenir fou si je ne le racontais pas. J'aurais été capable d'aller sonner chez un de mes voisins pour tout déballer. À présent, le poids s'est enlevé, tel un accusé à tort au tribunal qui se voit retirer ces allégations. La situation n'est certes pas comparable, mais le ressenti est bien là.
VOUS LISEZ
Temptation - Love's resilience
Romance[1ER JET TERMINÉ ET NON CORRIGÉ] William Allen est un père célibataire de 34 ans vivant seuls avec sa fille de 6 ans. Depuis son divorce avec la mère de sa fille, William a perdu foie en l'amour. Il préfère se concentrer sur l'éducation de sa fille...