Chapitre 26

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Blanche

Un mois auparavant. Paris. 

Je sens que l'on me traine. Mon corps ressent toute la fraicheur du parquet, ma peau nue s'accroche contre le matériau, me créant quelques brulures.

— Laissez la tranquille, hurle une voix que je connais par cœur.

— Il est vrai que l'on pourrait la balancer dans les escaliers, ce serait plus rapide, entonne une autre voix. Mais je pense que tu serais contre cela Lenoir, crache la voix de Callum.

— Et puis tout ceci va n'est pas en accord avec nos valeurs Cal', rétorque mon père.

Leurs voix résonnent dans mon corps, dans mon ADN. Mon père. C'est la voix qui chuchotait au-dessus de ventre de ma mère. La voix qui me berçait. Puis la voix qui a préféré ma sœur à moi.

Ma tête pèse des tonnes. La nausée s'est accrochée à ma gorge et mes membres sont engourdis. Je n'arrive pas encore à ouvrir les yeux. Mais le ton monte entre les hommes qui m'entourent. Soudain, je sens que mon corps s'enfonce dans quelque chose de moelleux. Le tissu s'affaisse également à côté de moi.

— Blanche. Blanche, tu m'entends ?

Mon bras est secoué avec douceur et je sens le souffle chaud de Roméo dans mon cou. Ses lèvres viennent se poser sur ma joue. Je papillonne des yeux mais je n'arrive qu'à distinguer de la lumière. J'essaie de parler mais ce ne sont que des grognements qui sortent de ma bouche.

— Oui c'est ça, respire. Doucement Blanche. Comment tu te sens ? me murmure Roméo.

— On n'a pas toute la journée Lenoir. Sois-tu viens avec nous, soit elle aura malencontreusement glissé dans la cage d'escalier, hurle la voix de mon père.

— Vous êtes des grands malades putain ! s'écrie Roméo tout en se levant. Comment vous pouvez dire ceci de votre propre fille. Vous n'êtes qu'un connard... Je...

— Roméo calme toi s'il te plait, intervient la voix de Louis.

Je finis par ouvrir les yeux. Mon corps me fait mal mais j'ai envie de vomir. Alors j'essaie de me redresser pour pouvoir me pencher, mais rien ne sort, mis à part de la peur et le chaos qui tiennent mes entrailles en otage.

— Tout va bien Blanche. Je suis là.

Mais je n'entends pas les mots de Roméo. Car je ne vois que mon père. Ses yeux d'un noir profond. Il me semble si grand, si sombre, si imposant. Alors que je ne suis qu'une enfant. Callum à ses côtés, me sourit avec malice. Je suis encore prise de panique mais j'essaie de la garder en moi.

— Bon maintenant que l'effet de surprise s'est dissipé, je pense qu'il est temps de reprendre les choses où nous nous sommes arrêtés, commence Callum tout en faisant les cent pas. Nous avons tous cinq ans de retard. 

Roméo plonge sa main dans mes cheveux, mais rien ne parvient à me relaxer. Je sors de je ne sais combien de temps d'inconscience et me voilà plongée dans mon pire cauchemar. Pour de vrai. 

Je crois même prier pour que l'on me tue là aussi.

— Qu'est-ce que vous faites là ?

Je ne sais pas quel miracle ma voix a réussi à se frayer un chemin entre ma nausée et ma peur. Ce n'est malheureusement qu'un murmure alors mon père me demande de répéter. Ce que je fais tout en parlant plus fort.

— C'est une très bonne question ma fille.

Ce petit surnom me donne la chair de poule, mais je fais mine de ne rien ressentir. Mon père s'approche de moi et m'attrape par les mains. Je ne résiste pas et me laisse faire. Roméo s'interpose mais je lui demande de me laisser gérer, alors il se renfrogne encore une fois dans le canapé. Une fois debout, mes jambes ne supportent pas mon poids. Je tangue luttant pour ne pas tomber à la renverse. Mon père me retient, entre ses bras que je prenais comme refuge il y a encore quelques années. Sa main droite vient se poser sur ma joue.

Les maux dits IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant