Chapitre 11

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Roméo

J'ajuste le traditionnel nœud papillon qui orne le col de ma chemise. Ensuite, je me retourne et attrape ma veste de costume. Je me sens un peu ridicule dans tout cet accoutrement. J'ai toujours détesté les chemises, et encore plus les vestes de costumes. Elles me renvoient à une image d'une vie étriquée et bien rangée. D'une vie pleine de course contre la montre et d'argent. D'une vie malheureuse et solitaire.

Elle me renvoie à ce qu'est devenu ma vie.

Je suis terriblement seul.

Et certainement un peu plus malheureux que je ne peux l'admettre.

Un soupir las s'évade de mes lèvres. Je jette un dernier coup d'œil dans le miroir, attrape mon téléphone, mes papiers et je sors de la pièce. Louis est assis sur le canapé. Il joue à un jeu vidéo sur l'écran plat. Je m'assieds à ses côtés.

— Me déconcentre pas Lenoir. Je suis en train de l'exploser ce petit con.

En regardant un peu plus attentivement l'écran je me rends compte qu'il joue en ligne avec Jules. Je l'imagine bien à l'autre bout de la ville, hurlant sur son canapé et faisant soupirer Charline, qui doit le presser pour partir. 

— Je ne te dis rien. Après tu pourrais plus utiliser la technique que je t'ai enseigné mais visiblement ce n'est pas ton truc de suivre les conseils des gens.

Je sais qu'il m'a entendu mais il ne me répond pas. Il termine sa partie et comme je le pressentais c'est un échec cuisant. Jules doit avoir un sourire jusqu'aux oreilles.

— Roméo si tu n'as pas envie d'aller à ce mariage, tu peux rester ici. Tu ne dois rien à cette fille.

Je réfléchis quelques secondes avant de reprendre raison.

— Je dois y aller. C'est moi qui fais le taxi. Je me suis engagé. Et puis Joséphine est une personne importante dans ma vie. Je me dois d'assister à son mariage. Sans même penser à Blanche.

Il hoche la tête, son air détaché quand je parle des personnes de mon passé me fout en rogne. Je l'ai écouté pendant des heures me parler des fantômes de son passé. De sa relation avec sa mère. De sa haine avec son père. Mais je ne me sens pas à son égal sur ce point là. Il est toujours fermé quand je parle de Blanche, de Joséphine, de mes parents. De ma vie avant cette terrible cavale. Et ça me pèse. Ça me pèse tellement de ne pas pouvoir en parler avec lui.

— A ce soir alors, me lance Louis.

— Je risque de rentrer tard. A demain mec.

Il me fait un vague signe de la main et je sors de l'appartement. Je descends au sous-sol et monte dans ma voiture. Je conduis ensuite jusqu'à l'appartement de Jules et Charline. Une fois en bas, je klaxonne un bon coup. Quelques secondes plus tard une silhouette féminine apparait. Elle monte à l'arrière.

— Salut beau gosse ! Jules arrive, il ferme juste l'appart. Il est au téléphone avec Louis.

Elle embrasse ma joue avant de s'attacher.

— Il doit surement lui parler de sa terrible défaite.

Nous sourions tous les deux, puis Charline embraye sur le mariage.

— C'est dingue quand même. Elles vont se marier !

— Je ne sais pas ce qui est le plus dingue... qu'elles se marient, ou que j'assiste à cet événement.

— Ne prends pas cet air mélancolique Roméo. Tu es revenu. C'est tout ce qui compte. Et cette journée est belle et placée sous le signe de l'amour !

Les maux dits IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant