Chapitre 13

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Roméo 

Elle est dans mes bras. Je n'y crois pas vraiment. C'est presque surréaliste. Son front est posé contre mon cœur et son corps est secoué par les sanglots. Son doux parfum remonte jusqu'à mes narines et c'est comme replonger dans le passé. Les effluves de lavande que je sens me montent à la tête et me donnent le tournis. Elles me rappellent à quel point cette odeur était là, elle me suivait comme un ombre, durant toutes ces années.

Le couloir sans fin dans lequel nous nous trouvons est, à cet instant précis, un refuge qui n'appartient qu'à nous. Je ne sais pas vraiment quoi faire de mes mains. Alors je les dépose dans son dos mais je sens que Blanche se crispe, alors je les remonte et les pose sur sa nuque. Ses longs cheveux blonds se mêlent aux manches relevées de ma chemise et viennent cacher les nombreux tatouages qui ornent désormais mes avants bras.

Nous restons comme cela pendant des centaines de secondes. Elles s'égrènent avec le temps qui passe mais moi je veux les retenir. Cela fait trop longtemps que j'attends cet instant. Que je pense à elle, les larmes de regret et de haine envers moi-même caressant mes joues avec leur gout amer. Je la tiens contre moi, et durant ces secondes-là, plus rien ne peut m'atteindre. Elle est dans mes bras.

Elle.

Blanche.

L'amour de ma vie.

Ma peau priait depuis tant de temps pour la retrouver.

Mes yeux hurlaient le besoin de la voir.

Mes sentiments sautent et font exploser mon cœur.

Mais ses pleurs ne se tarissent pas. Alors j'attrape à nouveau son menton, et je plonge mon regard dans le sien bicolore. Ses yeux sont rougis par les pleurs, ses joues mouillées par les larmes. Mais elle ne m'a jamais parue aussi belle.

Puis soudain elle réalise. Son corps à un mouvement de recul. Ses pieds s'emballent en marche arrière et son regard s'affole. Elle secoue ses bras dans tous les sens, puis elle finit par les mettre entre nous, ses mains mimant une barrière. Ses yeux osent enfin s'ancrer dans les miens. Son oeil bleu est empli de larmes alors que le vert est plein d'étincelles. Je ne sais pas vraiment comment les décrire, c'est tellement... Blanche.

Elle est si belle ce soir, sa longue robe rose pastel me rappelle la couleur d'antan de ses cheveux. Ces derniers tombent en cascade dans son dos et sur ses épaules.

Elle continue de reculer et je déteste ça. Je déteste qu'elle ait peur de moi. Avant, j'étais celui qui éloignait ses cauchemars. Désormais j'en suis un.

— Blanche. On doit parler... je t'en prie.

Elle secoue la tête. Elle recule encore plus rapidement, mais elle continue de me regarder. Ses yeux se posent sur mes avants bras. Ses sourcils se froncent, seulement pendant un dixième de seconde. Cette réaction me fait sourire.

— Je ne te toucherais plus, je veux juste te parler. Si tu arrêtes de reculer peut être que je pourrais t'expliquer, je dis tout en montrant mes tatouages.

Mais elle recule encore plus vite tandis que j'avance au même rythme. Sa course est interrompue par son talon qui se prend dans le rebord d'un tapis. Elle tombe à la renverse. Un petit cri lui échappe. Je me jette presque sur elle, et ses doigts délicats se raccrochent à ma chemise. Mes bras l'entourent et comme quelques minutes plus tôt, mais à cet instant son corps se détend. La sensation de mes doigts sur elle est nouvelle mais également familière.

Son nez est contre le mien, nos souffles se mêlent et je ferme les yeux. Elle sent le champagne et le chocolat. Je ferme les yeux pour profiter de l'instant. Nous restons dans cette position un peu plus longtemps que ce qui est convenable. Mais sentir la peau délicate de son dos contre mes doigts calleux est un putain de don du ciel.

Les maux dits IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant