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Une semaine. Une putain de semaine depuis la dernière fois que Sidjil avait vu Maxime chez Manas. Une semaine qu'il n'avait pas répondu à son message.

Une semaine que Sidjil attendait le week-end.

En attendant il squattait chez son meilleur ami. Ils avaient presque terminé le montage de la vidéo tecktonik, qui n'avait rien d'extravagante mais qui, compte tenu des événements passés, laissait Sidjil planté devant l'écran de son ordinateur pendant plusieurs dizaines de secondes. Au fil du travail, il ressassait leur journée jusqu'à ce moment dans la cage d'escalier. La dernière fois que Maxime l'avait embrassé. La dernière fois que Sidjil avait cru que Maxime pouvait lâcher prise.

À sa droite, Nicolas dégommait un yaourt à la vanille. Le pot en verre crissait sous les chocs de sa cuillère en métal, attirant les foudres de son meilleur ami.

– Mais arrête de faire ça !

– Quoi, ça ?

Manas fit crier le verre de plus belle. Sidjil bondit de sa chaise pour lui retirer le pot des mains mais Nicolas le serra de toutes ses forces en le mettant hors d'atteinte, le narguant avec un de ses rires hystériques.

Puis il posa le pot vide sur le bureau.

Sidjil garda un sourire sur les lèvres avant de se reconcentrer sur le logiciel ouvert sur l'ordinateur. L'aperçu de la vidéo laissait entrevoir Maxime et lui en mouvement, appliqués à essayer de reproduire un pas de danse. Ils n'étaient clairement pas à leur avantage mais malgré l'arrêt sur image, Sidjil ne pouvait s'empêcher d'éprouver une certaine affection pour cette séquence. Peut-être même juste pour la vidéo entière.

L'image de Maxime lui apparaissait différente des autres jours, et Sidjil n'était pas complètement serein de constater au retour que même si Nicolas lui avait dit que tout était bon, il portait un regard soucieux. Ils étaient tous les deux sous d'autres jours que ceux que leurs communautés respectives avaient l'habitude de voir. Même les détails les plus fins, comme la manière dont il posait sa main sur l'épaule de Maxime, étaient susceptibles de passer au crible et faire naître des rumeurs dont ils n'avaient surtout pas besoin.

Il ne manquerait plus que ça, des rumeurs. Impossible d'esquisser la moindre anticipation, Sidjil savait que ni lui ni Maxime ne sauraient le vivre de la bonne façon, si tant est qu'il y en avait une. C'était déjà devenu assez exaspérant pour lui certaines fois sans même qu'il n'y ait de rumeurs, irrité en silence que son amitié avec Maxime soit réduite pour de nombreuses personnes très bruyantes aux smacks qu'ils échangeaient.

M'enfin... difficile d'être irrité maintenant que Sidjil cherchait à retrouver l'empreinte de ses lèvres sur les siennes.

Il s'affala sur sa chaise, le regard désormais creux après avoir scanné de long en large les images sur l'écran. Alerté par le bruit, Nicolas se tourna vers lui.

– Fatigué mon p'tit Sid ? Tu veux peut-être faire une pause dans mon super canapé flambant neuf ?

– Nan ça ira merci, Sidjil souffla gentiment avec un sourire au bord des lèvres. J'vais juste prendre cinq minutes comme ça, t'inquiète.

– T'as besoin de parler, Manas planta son index dans ses côtes.

– Aïe, Sid sursauta. Nan j'ai pas besoin de parler, je sais même pas quoi te dire de toute façon.

Le siège de Manas se tourna très lentement pour lui faire face. Ce dernier arborait une mine suspicieuse, ses doigts entortillés les uns sur les autres.

– Hm. Tu m'as pas parlé de ce qu'il s'est passé dimanche. Avec Maxime. Tu sais, même qu'il s'est barré au bout d'une heure complètement dépité. Et que t'as tiré la gueule tout le reste de la soirée.

point d'interrogation [maxime&djilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant